Catheline
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Posté le: Jeu Oct 02, 2003 3:17 am Sujet du message: L'Ignorance - Milan Kundera |
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« L’Ignorance » de Milan Kundera : Irena, praguoise, cinquante ans, deux enfants et veuve, est en France depuis vingt ans. Elle y a refait sa vie, y a trouvé des amis, des habitudes, et même l’amour. Seulement voilà, le mur est tombé, le communisme s’effondre de toutes parts, et les amis français d’Irena la pressent : il faut qu’elle rentre chez elle, qu’elle retrouve la mère patrie ! Comment se fait-il qu’elle soit encore en France ? Pourquoi ce manque d’enthousiasme, de précipitation… ? Appréhensive, Irena fait le voyage. Les questions surgissent. Se sentira-t’elle vraiment, enfin chez elle ? Retrouvera- t’elle ses amis ? Comment l’accueilleront-ils ? Milan Kundera retrace ce grand voyage du retour, le choc du labeur du temps, les retrouvailles. Il mêle les histoires de deux personnes en particulier, Irena et un homme qu’elle rencontre, un Praguois rentrant au pays lui aussi. Kundera lit dans leurs esprits, nous rapportent leurs pensees, leurs questions, leurs tourments. Cette fois-ci, ce que Kundera avait à dire m’a plu, j’ai trouvé l’écriture plutôt belle, poétique. Je me suis retrouvée plusieurs fois, en tant qu’être déraciné, dans les questions, les sentiments d’Irena. Il y a pourtant le même problème dans ce livre que dans « L’insoutenable légèreté de l’être, » cette façon présomptueuse qu’a Kundera d’avancer des « vérités » qui, examinées de plus près, passé le premier charme du bon mot, de la jolie phrase, s’avèrent ne pas en être du tout, et au contraire, être vides de sens, fausses, et oserais-je le dire, sans intérêt. Exemple : Kundera rappelle plusieurs fois l’histoire d’Ulysse, son retour à Ithaque, et le compare au retour d’Iréna à Prague. C’est dans ces comparaisons que la fausseté de son analyse rejaillit le plus souvent. Dans une instance, Irena se retrouve à Prague, et personne ne lui pose de questions sur sa vie à Paris, tout le monde est pressé de la réintégrer telle qu’elle était avant sa vie en France. De ce cas, Kundera fait une généralité, et ramène Ulysse, son arrivée à Ithaque, et le peu de cas fait de son périple par ses sujets. Le fait est qu’à peine arrivé, Ulysse dut se cacher, pour mieux faire tomber les hommes qui s’affairaient autour de Pénéloppe et convoitaient le trône. Pas de temps pour bavarder. Ulysse a bon dos dans « l’Ignorance » de Kundera, pour la bonne cause comme pour les mauvaises. J’ajoute un autre extrait qui m’a déplu : « Car la notion même de patrie, dans le sens noble et sentimental de ce mot, est liée à la relative brièveté de notre viequi nous procure trop peu de temps pour que nous nous attachions à un autre pays, à d’autres pays, à d’autres langues. » Faux, faux, faux. Je pourrais continuer longtemps mais ce ne serait plus un compte rendu de lecture, ce serait une attaque en règle, ce qui n’est pas mon intention. Alors un joli passage, pour conclure : « Pendant les vingt ans de son absence, les Ithaquois gardaient beaucoup de souvenirs d’Ulysse, mais ne ressentaient pour lui aucune nostalgie. Tandis qu’Ulysse souffrait de nostalgie et ne se souvenait de presque rien. .» Verdict final ? « L’Ignorance » de Kundera est un joli petit livre, poétique et souvent très vrai, parfois moins, mais seulement par arrogance. (Broché aux éditions Gallimard, collection blanche, 181 pages).\nb: j'ai mis cette critique dans la categorie "litterature francaise" parce qu'il a ete ecrit en francais au depart. |
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