Posté le: Mar Juin 25, 2013 10:25 am Sujet du message: état de l'édition de poésie en France
Depuis ma prépa littéraire, je lis davantage de poésie qu'avant. Je crée notamment ce topic pour présenter une maison d'édition qui a plus de soixante ans d'existence au sein de laquelle j'ai effectué un stage. Elle est également librairie et galerie.
Les Editions Caractères, situées rue de l'Arbalète dans le Ve arrondissement à Paris ont été fondées en 1950 par le poète Bruno Durocher, exilé de Pologne et qui a connu l'horreur des camps de concentration. Il a été reconnu par tous les grands poètes de l'époque. La maison depuis ses débuts a notamment pour vocation de publier les grands poètes, tant français que du monde entier. Elle a notamment publié Jean Cocteau, Max Jacob, Tristan Tzara, Benjamin Fondane, Fernando Pessoa, Pablo Neruda, Juan Gelman. Des romanciers, dramaturges et écrivains de prose (Bruno Durocher a lui-même touché à tous les genres) ont été édités. On peut citer notamment Mo Yan et Carlos Suares. La collaboration avec les artistes, pas uniquement par l'organisation d'expositions a toujours été très importante et fructueuse. Les collections "Littérature et Art" ainsi que "Arts en résonnance" illustrent cet aspect. Parmi les artistes qui ont accompagné la publication des textes, on peut citer Robert Couturier, Fernand Léger, Abram Krol, Jean Miotte, Georges Visconti.
Depuis la disparition de Bruno Durocher en 1996, Nicole Gdalia, qui est poète, artiste et qui a été professeur de lettres notamment en université a repris la maison d'édition.
Ce que fait cette femme en poursuivant l'oeuvre de son époux est digne d'admiration et j'ai été honoré de travailler au sein de cette maison d'édition qui fonctionne en autodiffusion et autodistribution. J'ai participé notamment au Marché de la poésie ce mois-ci, au début du mois avec la maison d'édition.
Le site de la maison d'édition n'est pas régulièrement mis à jour, ce qui est dommage mais permet déjà de se faire une bonne idée de la production de la maison d'édition.
http://www.editions-caracteres.fr/
Les éditions bilingue sont intéressantes et cette maison d'édition en fait régulièrement (même trilingue récemment).
La plupart des livres de poésie que je possède sont dans la collection Poésie/Gallimard. J'ai les trois volumes de poésie de Reverdy publiés dans cette collection et pour les besoins de mon mémoire, j'ai fait l'acquisition des deux volumes des oeuvres complètes publiés chez Flammarion. Je possède sinon dans la collection Bouquins, des poèmes de Victor Hugo. J'ai également deux autres de ses recueils, Les Contemplations et Les Châtiments dans la collection GF Flammarion. J'ai également un recueil d'Aragon publié par Seghers, maison d'édition dont la production semble arrêtée. Je connais très mal les maisons d'éditions plus spécialisées, en dehors des Éditions Caractères. Parmi les éditeurs qui publient de la poésie, il y a les éditions POL, les éditions Verdier, Seuil et bien d'autres. Le marché se partage entre les grandes maisons et les maisons indépendantes, plus petites donc.
Et vous, lisez vous régulièrement de la poésie. Quels éditeurs et collections privilégiez vous?
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Mar Juin 25, 2013 10:39 am Sujet du message:
Ce n'est pas un genre que j'aime, sauf si c'est en chanson _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Posté le: Mar Juin 25, 2013 10:58 am Sujet du message:
Aragon mis en musique par Ferrat, c'est magnifique effectivement. La poésie mise en musique par des compositeurs français : Hahn, Fauré, Debussy, Ravel, c'est également magnifique.
La partie "poésie" du forum est effectivement peu développée mais j'ai l'intention de l'étoffer.
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 3029 Localisation: Loire
Posté le: Mar Juin 25, 2013 12:16 pm Sujet du message:
Désolée, Aurèle, je n'aime pas du tout la poésie. Je ne sais pas pourquoi.
En règle générale, quand il y a un poème dans un roman, je lis les premiers vers, et si ça ne me plait pas, je saute direct à la suite.
Et pourtant j'aime une écriture poétique, musicale, mais en prose... _________________ On ne sait jamais ce que notre malchance nous a évité de pire. Cormac McCarthy
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3324 Localisation: Great North
Posté le: Mer Juin 26, 2013 10:00 pm Sujet du message:
Si , il y en a , mais tu sembles oublier que la poésie n'est pas tant affaire de publication que de lectures en salons , de bouche-à-oreilles , bref que ce ne fut jamais un phénomène d'édition , sauf lorsque cela donna lieu à des chansons à succès . _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Inscrit le: 07 Juin 2013 Messages: 190 Localisation: volonne
Posté le: Ven Juin 28, 2013 6:33 am Sujet du message:
oui tu as raison Aurele il y a des poésie majeures françaises et etrangères mais à vrai dire je n'aime pas pour autan la poésie car en la lisant je m'ennuie c'est sans doute du à ce côté répétitif des rimes ...Mais le fait que tu nous en parles nous fera peut être aimés les poèmes !!! _________________ la lecture est mon oxygène
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3324 Localisation: Great North
Posté le: Ven Juin 28, 2013 11:48 am Sujet du message:
Pour les rimes , ce n'est pas une obligation , c'est oublier les poèmes en prose ou les vers libres .
Allez , de Max Jacob :
Déjà, à l'âge de trois ans, l'auteur de ces lignes était
remarquable : il avait fait le portrait de sa concierge en
passe-boule, couleur terre-cuite, au moment où celle-ci,
les yeux pleins de larmes, plumait un poulet. Le poulet
projetait un cou platonique. Or, ce n'était ce passe-boule,
qu'un passe-temps. En somme, il est remarquable qu'il
n'eut pas été remarqué: remarquable, mais non regret-
table, car s'il avait été remarqué, il ne serait pas devenu
remarquable; il aurait été arrêté dans sa carrière, ce qui
eût été regrettable. Il est remarquable qu'il eût été
regretté et regrettable qu'il eût été remarqué. Le poulet
du passe-boule était une oie.
de Saint-John Perse :
J’honore les vivants, j’ai grâce parmi vous.
Dites aux femmes qu’elles nourrissent,
Qu’elles nourrissent sur la terre ce filet mince de fumée…
Et l’homme marche dans les songes et s’achemine vers la mer
Et la fumée s’élève au bout des promontoires.
J’honore les vivants, j’ai hâte parmi vous.
Chiens, ho ! mes chiens, nous vous sifflons…
Et la maison chargée d’honneurs et l’années jaune entre les feuilles
Sont peu de chose au cœur de l’homme s’il y songe :
Tous les chemins du monde nous mangent dans la main !
De Jacques Prévert :
La grasse matinée
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par des boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines...
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !...
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assasin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro francs soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim.
et de Charles Baudelaire , un des inventeurs du genre :
"- Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville." Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche.
"- Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies." _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
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