Dans ces bras-là - camille Laurens

[Aurelie]

C'est l'histoire d'une femme qui aime les hommes. Tous les hommes. Alors elle décide de coucher les hommes de sa vie sur papier et de leur dédier son livre.
Ce serait un livre sur tous les hommes d'une femme, du premier au dernier - père, grand-père, fils, frère, ami, amant, mari, patron, collègue... - dans l'ordre ou le désordre de leur apparition dans sa vie, dans ce mouvement mystérieux de présence et d'oubli qui les fait changer à ses yeux, s'en aller, revenir, demeurer, devenir.

Pour séduire celui qu'elle a croisé par hasard en bas d'un immeuble et dont elle pressent qu'il va entrer dans sa vie, elle entame une analyse. Elle dit au psychanalyste les hommes de sa vie, se raconte, joue sur les mots, avec les mots et leur pouvoir de séduction, et donne du sens à ses rencontres, à son mariage qui se délite, à la cruelle absence du fils perdu. Entretenant savamment l'ambiguïté entre la narratrice - prénommée Camille - et elle-même, alternant régulièrement entre le "je" et le "elle" lorsqu'elle fait parler son personnage, Camille Laurens livre, après L'Avenir et Quelques-uns, un texte lumineux et maîtrisé, sans aucun doute son roman le plus personnel et le plus touchant. --Laurence Demurger --Ce texte fait référence à l'édition Broché.

Mon avis: Quel drôle de livre que cet ouvrage de Camille Laurens! Elle nous le dit sans détours: elle a écrit un livre sur les hommes et pour les hommes même si elle est presque certaine d'être davantage lue par des femmes (dommage, hein?). Elle nous raconte ici une foule d'épisodes de son existence, toujours touchée, heurtée même par des personnes de la gente masculine. Elle se dévoile à son séduisant psychanalyste sans tabous et avec toute la franchise dont elle est capable. Le début s'avère très accrocheur, et c'est avec une réelle surprise que je me suis rendue compte que la forme même de cette oeuvre s'avérait finalement quelque peu déroutante. Des chapitres intercalaires, très courts, qui se lisent tous avec une extrême facilité tant la plume de Camille Laurens virevolte avec grâce. Car Camille Laurens a le don de raconter des histoires, ici plus précisément son histoire. Elle sait toujours trouver les mots qui sonneront justes à l'oreille de son lecteur, à tel point que le récit - que certains pourraient peut-être trouver plat- trouve un côté enchanteur. Camille Laurens démontre ici qu'elle a un style fort et puissant.
Néanmoins, comme je l'ai dit plus haut, cet ouvrage peut s'avérer ennuyant, car peut-être un peu trop personnel (c'est une histoire de sensiblité comme toujours). Il faut sans doute pouvoir adhérer à la personnalité de la narratrice, à sa désinvolture assumée. Peut-être l'auteure risque-t-elle de perdre certains lecteurs dans les méandres de son existence et les profondeurs voluptueuses mais néanmoins un peu insaisissables de son vécu et de ses rapports avec les hommes.
"Dans ces bras-là" reste tout de même un moment de lecture plein de douceur, grâce avant tout au talent stylistique de son auteur.
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[Myrielle Marc]

Merci, Aurélie, ton post m'a éclairée ! J'étais un peu dans l'expectative devant ce livre, j'avais aimé, oui mais... je ne regrettais pas de l'avoir lu, mais... peut-être même que je le relirai, mais... et je ne trouvais pas de raisons à mes réticences. C'était bien écrit, sincère, intéressant, parfois touchant (jai beaucoup aimé l'homme-fils dont elle parle si bien), et pourtant...
Voilà. Tu l'as très bien dit, pourquoi : c'est un peu trop personnel, ça donne presque l'impression de regarder par un trou de serrure, et ça ne parle pas de tout le monde comme le font souvent les écrits intimes, tout le monde et personne, non, ça parle vraiment d'elle. Si on ne réagit pas comme elle on est un peu perdu.