theyoubot
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Posté le: Lun Jan 09, 2023 2:45 pm Sujet du message: Mes jeunes années - Winston Churchill |
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Mes jeunes années
Winston Churchill
J'en ai lu 100 pages. C'est le minimum contractuel que je m'exige sur tout livre pour lequel mon expérience de lectrice déclenche plusieurs signaux d'alarme.
'Mes jeunes années' est fait de deux lignes narratives :
a - le ressenti d'un Winston Churchill enfant, adolescent, jeune homme, face à son environnement scolaire, familial, militaire
b - les valeurs de Winston Churchill à 84 ans, à travers ses commentaires sur les évènements de sa jeunesse.
a
a - est mal écrit et sans grand intérêt. Certes, ce jeune Winston Churchill est attachant. Un fils de la haute pas très intelligent ni doué pour quoi que ce soit mais aventureux, plein d'énergie et chaleureux. Hélas, le texte (les 100 premières pages) est sans le moindre intérêt.
* le récit ne sait pas exploiter le rares incidents sortant de l'ordinaire (saut du pont, presque noyade, discours du promenoir)
* le récit ne sait pas non plus magnifier le reste, les petites choses de l'ordinaire qui brillent de mille feux aux yeux d'un enfant ou d'un adolescent. Ce que, par exemple, Pagnol fait admirablement bien dans le Château de ma mère.
* le récit ne dépayse pas, ne fascine pas, le lecteur du XX° siècle par la peinture d'un monde désormais disparu. Comme le fait très bien, par exemple, Jerome K Jerome dans 'Trois hommes dans un bateau', sur l'Angleterre de cette même époque. Winston Churchill dit dans le prologue que son texte lui a fait réaliser qu'il parle d'un monde révolu. Le problème, c'est que ça ne passe pas du tout dans son texte.
Winston Churchill, n'est pas un professionnel. Il n'est pas Pagnol ni Jerome K Jerome. Cette biographie est la plus mauvaise que j'ai lue. Ce qu'on a là, c'est un amateur maladroit, que des flatteurs aux motivations non littéraires ont poussé dans un domaine où il n'avait rien à faire. En espérant que sa célébrité ferait illusion.
b
Par le prisme déformant de l'Histoire et de quelques mots célèbres, Winston Churchill m'avait laissé l'image d'un homme plein d'humour, courageux et d'un politicien brillant en matière d'affaires étrangères. Mais les commentaires de Churchill qui émaillent cette autobiographie dressent un tout autre portrait. On sent un homme vaniteux, touché dans son orgueil d'avoir été un cancre toute sa scolarité et essayant de rejeter le blâme sur le système, 60 ans aprés les faits. On découvre aussi des relents facho dans sa désapprobation de l'opportunité donnée aux couches les plus pauvres de la population d'accéder à une bonne instruction, dans sa nostalgie de la guerre à l'ancienne entre soldats professionnels bien éduqués, élevant la bataille au rang de noble art, dans ses remarques acerbes sur la démocratie, la science et la démocratisation de la science. Bref, je découvre un individu mesquin, étonnement stupide sur des questions de société et plutôt antipathique.
Je me suis arrêté à la page 100, non pas parce que a - m'ennuyait trop, mais pour éviter que b - ne dégrade encore le haute opinion que j'avais de l'homme.
PS : ça a été publié un an après sa démission finale pour raison de santé, peut être comme une opération de comm. Le coup de projecteur sur une figure historique de la nation redorant un peu le blason du parti conservateur et du successeur insipide de Churchill _________________ Tennis de Table Bordeaux |
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