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Posté le: Lun Aoû 06, 2018 11:17 am Sujet du message: Sous le Lierre - Léa Silhol
Résumé éditeur :
Par-delà un simple mur écroulé, au fond du parc d’un manoir anglais, s’étendent des bois immenses, ceinturés de légendes et d’étranges interdits. L’héritière de cette antique demeure, Ivy Winthorpe, ne se définit que par le regard sarcastique qu’elle jette sur toutes choses, les livres qu’elle lit en cachette, sa nature de centaure et, par-dessus tout, les bois vers lesquels elle ne cesse de s’évader, contre toute opposition et obstacle.
C’est la plume de celle qui se définit elle-même comme “un petit système ensauvagé” qu’endosse l’auteure, le temps d’un hymne barbare, à la charnière entre les jardins d’une aristocratie moribonde et les étendues de la millénaire forêt de Savernake, noyée de mystère et de vivants secrets.
Un voyage passionnel et féroce dans le grand vert de l’implacable nature, filigrané par la figure énigmatique du Green-Man, le pas des cavaliers, et hanté par l’ombre obsédante du Heathcliff d’Emily Brontë.
Mon avis : Je le dis tout de suite, je suis un peu déçue. Les points positifs : j'aime cette ambiance début XXe siècle, dans une Angleterre mystérieuse, la belle société, élégante et superficielle qui rappelle Jane Austen (désolée, Brindargent), les références à Emily Brontë, à Yeats ou à Wordsworth, les allusions aux mythes celtes, aux rituels liés à la forêt mystéreuse. Mais je suis un peu restée sur ma faim en ce qui concerne la forêt. J'ai l'impression qu'on ne fait que l'effleurer. Or, c'est ce qui m'attirait dans ce roman. Tout tourne surtout autour de la romance entre la narratrice, passablement odieuse, cela dit (ok, ça change des héroïnes godiches, mais elle, elle est particulièrement désagréable) et Fern, son beau Feeeeeeeeeeeeeeeeeeeeern, un bâtard (donc leur histoire est bien sûr impossible puisqu'elle est une riche héritière) beau, grand, fort, intelligent, cultivé, bref...! Ça fait un peu trop romance young adult pour moi. Alors, c'est bien écrit, une écriture moins précieuse que dans la Sève et le Givre, bien mieux écrit que n'importe quelle romance, mais je suis déçue. Je pensais que la forêt serait la véritable héroïne du roman, et en fait, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas mauvais, mais ce roman n'était pas pour moi. Donc j'ai bien aimé, sans plus.
Petite précision : en fait de fantasy, il s'agit surtout de réalisme magique, ce qui dans l'absolu ne me gêne pas. Mais je préfère le préciser pour les éventuels lecteurs. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
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Posté le: Mar Aoû 07, 2018 4:16 pm Sujet du message:
Ah oui, je comprends que tu sois déçue :-(. Et le beau bâtard, il est seulement humain ? Avec un nom pareil, j'aurais espéré quelque chose de + mystérieux. _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3286 Localisation: Dans la lune
Posté le: Mar Aoû 07, 2018 4:45 pm Sujet du message:
Oui. Mais bon, ça aurait été un loup-garou, le livre n'aurait pas plus trouvé grâce à mes yeux. Je n'aime pas vraiment la bit-lit. _________________ Garde tes songes ;
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Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6317 Localisation: Sud
Posté le: Mer Aoû 08, 2018 6:26 pm Sujet du message:
Moi non plus, et je n'imaginais pas un loup-garou, mais quelque chose de plus... sylvestre : quelqu'un qui ait de la sève dans les veines, un petit-fils de dryade, ce genre de chose... _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3286 Localisation: Dans la lune
Posté le: Jeu Aoû 09, 2018 9:06 am Sujet du message:
C'est vrai que ça aurait pu être sympa!
Pour le loup-garou, c'était un clin d’œil au Protectorat de l'ombrelle. _________________ Garde tes songes ;
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Posté le: Mar Jan 07, 2020 10:19 am Sujet du message:
Alors... carabas et moi n'avons pas dû lire le même roman, car Fern (et pas que lui) relève bien d'une connexion sacrée avec les bois, et de très anciens pactes / rituels. :-)
Cela a un lien, d'ailleurs, avec Vertigen -- avec un personnage que l'on aperçoit pour la première fois dans La Sève et le Givre, et, quelque part, avec les conséquences indirectes d'un acte d'Angharad.
Pour ma part, j'ai adoré ce roman. Comme je ne l'ai pas relu récemment, je remets ici l'avis de lecture posté à l'époque :
Le récit d’Ivy Winthorpe parle de vibrante manière à la part la plus sauvage et asociale, qui brûle en moi. A ces élans qui m’envoient chercher l’unité avec l’univers en courant en forêt aux côtés de ma chienne. A l’ado que j’étais, qui quêtait dans le nœud des écorces le visage du gardien mythique de ses forêts lorraines, que j’imaginais résilient et marqué, comme ses bois, des cicatrices des guerres du XXe siècle. Chez moi, les panneaux militaires interdisant l’accès à la forêt (bardés de sinistres « danger de mort ») sont rouillés, abattus à terre, supports de jeunes pousses tendres qui témoignent de la résilience des lieux ; pour l’héroïne de Sous le Lierre, dans le Wiltshire, les interdits sont bien réels, martelés à coup d’ordres parentaux et de bienséance sociale, et matérialisés par le mur qui enserre la forêt de Savernake.
Face à ces lancinants interdits, au centre des tensions entre schémas sociaux sclérosés et industrialisation, la voix d’Ivy s’élève, haute, claire, puissante comme une force de la nature — et c’est exactement ce qu’elle est, cette jeune lady au cœur féroce, à l’esprit lucide, à la langue irrésistiblement épineuse, splendide d’hybris et d’assurance, à l’instar et à l’égal de son frère équin Aljabbar : une force de la nature, une énergie pulsant, poussant dans un corps qui se veut non humain mais animal. Et une volonté comme une avalanche, capable de tout emporter sur son passage (à commencer par le cœur du lecteur, conquis et complice).
La beauté enivrante de l’hybris, les lecteurs de Léa Silhol la connaissent bien, et ne s’en lassent pas. Avec Ivy, voilà que l’on rencontre, dans l’extase, le focus, et l’élan, l’incarnation d’un Moi qui se perçoit centaure, s’envole en Pégase… et se tend entièrement vers la part de Soi découverte dans le cœur (et le corps) d’un Autre.
Nous sommes ici de l’autre côté du miroir, du côté humain, trop humain du Vertigen. C’est un miroir aux alouettes, en quelque sorte, où démêler le vrai du folklore du faux des superstitions corsetées et traditions dénaturantes demande de solides talents d’enquêteur (et un sens de l’humour sacrément acéré, pour résister au sordide des secrets et au minable des pressions sociales dans le marasme desquels il s’agit de naviguer) — mais le vertige et l’ivresse sont là, manifestées en courses folles dans les bois, en cavalcades de changeling ou de centaure, en poèmes comme des affirmations primales de soi et de l’osmose avec la forêt.
Le vertige est là, dans les cœurs sauvages. Je ne dirais pas ‘amen’ à cela, mais… oh YES !!!!!!!!!!!!
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3286 Localisation: Dans la lune
Posté le: Sam Jan 11, 2020 6:25 pm Sujet du message:
Marrant, comme un même livre peut être perçu différemment. J'avais lu et aimé la Sève et le Givre. Mais Sous le lierre m'a déçue. Bah, tant pis! Tant mieux s'il trouve un public. _________________ Garde tes songes ;
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