carabas Austen addict
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Posté le: Jeu Juin 01, 2017 7:50 pm Sujet du message: Le Roi des Aulnes - Michel Tournier |
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Présentation éditeur :
Une enfance frustrée de tendresse, une adolescence humiliée, un métier qu'il juge au-dessous de lui-même ont contribué à faire d'Abel Tiffauges l'ennemi de la société et des hommes qui l'incarnent. Mais un épisode de sa vie d'écolier lui a donné la conviction qu'il existe une secrète complicité entre le cours des choses et son destin personnel : parce qu'il devait ce matin-là comparaître devant le conseil de discipline, il a fait des vœux pour que le collège soit détruit par un incendie. Or, tandis que dans les cas ordinaires ce genre de prière demeure sans effet, cette fois l'incendie libérateur a lieu...Deux passions éclairent et réchauffent sa solitude : la détection des symboles dont il devine la présence autour de lui, et le goût de la chair fraîche. Il hante les étals des bouchers, puis il rôde autour des écoles communales. Il y a en lui du mage et de l'ogre, le premier guidant et secourant le second. C'est ainsi qu'une affaire de viol menaçant de l'envoyer au bagne, la mobilisation de 1939 lui vaut un non-lieu : l'école a encore brûlé !Fait prisonnier en 1940, il est acheminé vers la Prusse-Orientale. Mais alors que ses compagnons sont accablés par cette plaine infinie et désolée, Tiffauges y voit la terre magique qu'il attendait, et il trouve une étrange libération dans sa captivité. Pays des emblèmes héraldiques et paradis de la chasse, la Prusse-Orientale est exaltée de surcroît par la mythologie nazie et par son culte des symboles et du sang. Deux Ogres majeurs règnent déjà sur ses forêts et sur ses marécages : Göring, l'Ogre de Rominten, grand tueur de cerfs et mangeur de venaison, et Hitler, l'Ogre de Rastenburg, qui pétrit sa chair à canon avec les enfants allemands. Tiffauges devine l'Ogre de Kaltenbor, une ancienne forteresse teutonique où sont sélectionnés et dressés les jeunes garçons appelés à devenir la fine fleur du IIIe Reich.
Mon avis :
Abel Tiffauges est bien une figure de anti-héros comme on en connaît pas mal au XXe siècle. C'es tun personnage atypique, ayant du mal à nouer des relations humaines. Adolescent, il est souffre-douleur, adulte, du fait de son physique imposant, on le laisse tranquille, sans vraiment chercher à le connaître. Les seules relations fortes qu'il noue sont avec le personnage de Nestor à l'adolescence, et avec les enfants. Et encore, car il s'agit de moments extrêmement courts. Le lecteur lui-même peine à s'identifier à ce Français qui, prisonnier allemand, n'éprouve aucun scrupule à travailler pour le camp ennemi. C'est là qu'il me rappelle un peu Meursault, anti-héros de l'Etranger. Pour lui, rien n'a d'importance, ou du moins, ce qui compte pour les autres ne compte pas pour lui. Là s'arrête la comparaison, car pour lui, la vie, ou plutôt sa vie, a bien un sens. Ce personnage profondément solitaire se cherche une destinée, essaie de lire son destin à travers des signes, des symboles dont le déchiffrage est une des obsessions qui traversent le roman. Mots, images, situation, tout est symbole dont il cherche la clé. Il assimile les personnages qui l'entourent et lui-même à des figures de conte, dont la plus importante est celle de l'Ogre, figure maléfique qui s'en prend aux enfants. Toutefois, Tiffauges n'est pas que ça.
C'est un roman qui dérange, notamment par la relation ambiguë aux enfants, et par la personnalité troublée de Tiffauges. Toutefois, les plus monstrueux ne sont pas tant Tiffauges que les figures du nazisme.
Bref, j'ai bien aimé parce que c'est un roman riche et original. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix". |
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