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Histoire des Treize - Balzac

 
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Tybalt



Inscrit le: 19 Mar 2007
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MessagePosté le: Sam Nov 12, 2011 12:37 pm    Sujet du message: Histoire des Treize - Balzac Répondre en citant

L'Histoire des Treize n'est pas le titre d'un seul roman, mais un surtitre sous lequel Balzac a regroupé Ferragus, La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d'or.
Ces romans forment une "trilogie lâche" : trois romans courts aux intrigues autonomes, mais reliées entre elles par les apparitions ponctuelles de quelques personnages communs, dont certains des Treize. Les Treize sont un groupe d'amis (au nombre de... vous avez compris), tous membres de la bonne société, riches et influents, qui forment une alliance souterraine et se dotent ainsi les uns les autres d'un pouvoir considérable, capable de faire tomber des gouvernements. Cela pourrait donner une fresque politique grandiose, mais, dans la pratique, Balzac n'a jamais écrit d'histoire globale sur eux : on ne fait que deviner les activités du groupe et sa puissance en entrevoyant certains de ses membres, auquel les autres Treize donnent d'impressionnants "coups de main" en cas de besoin.

Dans Ferragus, un jeune homme surprend les petits secrets de Mme Jules, femme en apparence respectable sous tous rapports. Hélas, l'amour et la curiosité du jeune homme vont le mener à sa perte, car la dame a des protecteurs aussi mystérieux que terrifiants. C'est le plus feuilletonnesque des trois textes, et celui qui m'a paru le plus réussi.
Dans La Duchesse de Langeais, le roman commence lorsqu'un militaire, Montriveau, retrouve enfin la trace de la femme qu'il aime dans un couvent espagnol, où elle s'est retirée en abandonnant le monde et sa vie de duchesse. On découvre ensuite comment leur relation s'est nouée et changée peu à peu en une partie d'échecs impitoyable. L'histoire d'amour entre Montriveau et la duchesse occupe la plus grande partie du texte, mais il y a aussi un peu d'action (et quelle action...) à la fin.
Dans La Fille aux yeux d'or, le jeune, beau, riche, noble et insupportable Henri de Marsay s'éprend de la fille aux yeux d'or du titre, farouchement gardée par sa duègne. Mais De Marsay a visiblement un rival mystérieux. Les ficelles sont là aussi très feuilletonnesques, très classiques mais relativement efficaces. Si j'ajoute que la fille aux yeux d'or est espagnole, il devient évident que tout cela finit très mal *Mr. Green*

Ces trois textes sont parmi ce que j'ai lu de plus "feuilletonnesque" sous la plume de Balzac. Si on veut du bon vieux roman avec de l'amour, de l'action, des complots, des secrets, des assassinats, des yeux bandés, des fausses morts, etc. c'est ça qu'il faut lire. C'est très plaisant, très enlevé, et même les passages où le narrateur prend la parole pour vous dire tout ce qu'il pense de plein de choses sont finalement très supportables (même si ça suppose d'accepter cette conception très dix-neuviémiste du roman dans laquelle l'auteur insère librement toutes sortes de mini-essais au fil de l'intrigue).

En revanche, certaines choses rendent ces textes vieillis ou impatientants par endroits pour un lecteur d'aujourd'hui.
Comme je le disais, cela suppose de supporter les passages où le narrateur met son récit en pause pour réfléchir sur la société qu'il décrit. Par exemple, il vaut mieux savoir à l'avance que tout un bout du début de La Duchesse de Langeais est un tableau de la société de Saint-Germain-des-Prés, de même que le début de La Fille aux yeux d'or est une étude sociale sur l'aristocratie du temps de Balzac, et que l'histoire ne commence ou ne reprend vraiment qu'ensuite, sinon un lecteur d'aujourd'hui risque de crever d'impatience vingt fois et de laisser tomber, ce qui serait très dommage. Il faut savoir ça à l'avance et lire ces parties réflexives (et didactiques) comme telles : cela permet de bien en profiter, car elles sont très réussies et brossent un tableau impitoyable des milieux aristocrates de l'époque de Balzac.
L'autre élément qui a vieilli dans ces romans (encore plus, à mon sens), c'est la représentation des femmes. Balzac, hélas pour nous, aime parler des femmes et surtout il est persuadé d'y avoir tout compris. Pour une lectrice et même un lecteur du XXIe s., le résultat oscille entre une misogynie consternante et une enfilade de clichés romantiques qui deviennent vite horripilants.
La description du couple de M. et Mme Jules dans Ferragus reste supportable, car c'est un joli couple qui s'aime beaucoup et cela reste émouvant, même si on risque de soupirer un peu devant le portrait de Mme Jules, qu'un esprit sévère peut juger mièvre. Dans La Duchesse de Langeais, on a droit à des considérations sur l'amour et la séduction terriblement datés et parfois involontairement drôles ; le portrait de Montriveau, sorte de supermâle en acier trempé, est assez kitsch aussi. Dans La Fille aux yeux d'or, les histoires de séduction passent un peu mieux, car le personnage de la Fille est de toute façon une sorte d'archétype de feuilleton (voire de comédie : la jeune fille enfermée que l'amoureux essaie d'atteindre) et aussi parce que le narrateur prend davantage de distance envers De Marsay qu'envers Montriveau : De Marsay est si terriblement snob et sûr de lui qu'il est normal de le voir débiter avec aplomb des propos misogynes pontifiants, ça lui correspond bien. Là où c'est vraiment agaçant, c'est lorsque le narrateur prend la parole et enchaîne avec des propos du même ordre qu'il présente comme des vérités générales... mais il le fait moins là que dans la Duchesse.

Du Balzac en bonne forme, donc, assez vite lu (les trois textes n'occupent qu'un volume d'épaisseur moyenne en poche) et bien enlevé, mais un peu inégal par rapport aux "grands" romans du même.
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Outremer



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MessagePosté le: Sam Nov 12, 2011 2:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il me semble avoir lu quelque part que Balzac avait un faible pour les sociétés secrètes et autres choses de ce genre.

Ta description m'a donné envie de découvrir au moins l'une de ces trois histoires. Est-ce qu'il y a un ordre dans lequel il est préférable de les découvrir ?

En ce qui concerne les personnages féminins, les livres que j'ai lu de Balzac jusqu'à présent m'ont fait une impression assez inégale. J'avais trouvé La peau de chagrin assez misogyne, par exemple. A l'opposé, Eugénie Grandet est un personnage fort et marquant.
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Tybalt



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MessagePosté le: Sam Nov 12, 2011 4:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Outremer a écrit:
Ta description m'a donné envie de découvrir au moins l'une de ces trois histoires. Est-ce qu'il y a un ordre dans lequel il est préférable de les découvrir ?


Le volume dans lequel je les ai lus présente les trois textes dans l'ordre que j'ai repris ici, et qui correspond à l'ordre de leur publication. Mais je ne crois pas qu'il y ait d'ordre préférentiel particulier : les liens entre les trois histoires sont vraiment très légers... en dehors d'une ou deux apparitions d'un même personnage, aucun événement ne les relie entre elles en dehors du concept même de la "bande des Treize". D'ailleurs, j'avais déjà lu La Fille aux yeux d'or il y a longtemps, et, après avoir lu les deux autres, je n'ai pas l'impression que j'y avais manqué quelque chose à l'époque. Mais ce n'est pas mal d'en lire deux (ou les trois) à la suite, juste pour retrouver le concept des Treize.

Accessoirement, La Fille aux yeux d'or est le plus court des trois. Ferragus et la Duchesse sont des romans courts, tandis que La Fille aux yeux d'or est parfois considérée comme une nouvelle.

J'ai bien envie de me relire La Peau de chagrin (ma lecture commence à dater un peu), mais je vais d'abord passer un peu à un autre auteur histoire de ne pas faire d'indigestion...
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Outremer



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MessagePosté le: Mar Juil 29, 2014 8:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de lire La duchesse de Langeais et La fille aux yeux d'or.

Le premier ne m'a pas terriblement emballé, pour être honnête. Le portrait qu'y dessine Balzac de l'aristocratie de la Restauration n'est pas particulièrement fascinant. Quant à l'histoire, je ne lui ai pas trouvé un vif intérêt :

Spoiler:

Phase 1/ La duchesse de Langeais joue avec les sentiments du général de Montrivau, qui est amoureux d'elle.

Phase 2/ Le général de Montrivau retourne brutalement la situation et joue avec les sentiments de la duchesse de Langeais, qui est devenue amoureuse de lui.

Phase 3/ La duchesse se désespère assez facilement. Elle pourrait aller passer 6 mois à Venise histoire d'y oublier ce dépit amoureux, mais non ! elle préfère aller se cloîtrer dans un couvent pour le restant de ses jours, c'est une bien meilleure idée.

Phase 4/ Le général la recherche pendant 5 ans, il finit par la retrouver, il veut l'enlever hors de ce couvent, mais pas de bol, juste à ce moment-là, elle meurt. Paf. Balzac ne se fatigue même pas à fournir une explication bidon du genre "C'est la renaissance de ses passions qui l'a tuée". L'histoire avait besoin d'une fin tragique et c'est le genre de choses qui font mourir les femmes subitement et sans raison apparente à la fin d'un roman.



A noter que le roman contient effectivement un nombre invraisemblable de réflexions caricaturales sur les femmes


La fille aux yeux d'or m'a davantage plu. Tout le début, où Balzac décrit le peuple de Paris, n'a à vrai dire pas grand-chose à voir avec l'histoire, mais je l'ai trouvé très agréable à lire.

L'histoire elle-même est à vrai dire peu originale, mais sa grande brièveté l'empêche d'être lassante et le dénouement est marquant.

Spoiler:

Ce n'est pas la première fois que je rencontre des références à l'homosexualité chez Balzac, mais je ne m'y attendais pas cette fois-ci, surtout de façon aussi ouverte.



Le principal problème que j'ai eu avec l'histoire, c'est son héros. De Marsay est un de ces nombreux personnages qui apparaissent de façon récurrente à l'arrière-plan de la Comédie Humaine. Jusqu'à cette histoire, je ne savais au fond rien de précis à son sujet. C'est maintenant réparé, mais le fait est que l'individu ne gagne pas vraiment à être connu.

Henri de Marsay m'est apparu singulièrement dénué de la grandeur que son auteur voulait lui insuffler. Il a de la fierté, de la volonté, de l'esprit, de l'intelligence et diverses autres qualités, mais il est assez quelconque par rapport aux autres jeunes gens intelligents que met en scène Balzac et ne brille que de la façon la plus superficielle. Il n'a de remarquable que son orgueil même, qui l'amène seulement à être beaucoup plus immoral que les héros habituels de Balzac.

N'ayant pas lu Ferragus, je n'ai sans doute pas une idée complète des "Treize" (qui apparaissent dans ces deux histoires, mais sans être désignés par ce nom). Comme de Marsay, ils ne m'ont pas fait forte impression. Ils sont certes très forts lorsqu'il s'agit d'organiser un enlèvement ou un meurtre pour satisfaire les caprices de l'un d'entre eux, mais si on met de côté les motifs, cela ne les rend pas bien différent d'une banale bande de criminels.
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