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Posté le: Mar Jan 08, 2008 2:12 pm Sujet du message: La Princesse de Clèves - Madame de La Fayette
Classique au sens fort du terme, puisque ce roman célébrissime date de la fin du XVIIe siècle. Tout le monde connaît l'histoire (fût-ce pour avoir vu le film avec Jean Marais et Marina Vlady, entre autres), mais je la résume quand même, au cas où :
La future Princesse de Clèves est, à 16 ans, d'une beauté remarquable, et sa mère, qui guide ses premiers pas à la cour tapageuse des derniers temps de Henri II (eh oui, c'est un roman historique... à double tiroir, pour nous), lui recommande de se bien conduire, et de longtemps réfléchir avant d'autoriser quelque homme que ce soit à lui faire la cour, ce qui ne peut bien sûr finir que par un mariage. C'est le Prince de Clèves qui obtiendra sa main. Malheureusement, le choix s'est fait en l'absence de M. de Nemours, l'un des ornements masculins de la cour, et bien sûr, dès son retour, les deux jeunes gens vont s'éprendre violemment l'un de l'autre. La jeune femme mettra beaucoup de temps à s'en apercevoir et, pénétrée des conseils de bonne conduite de sa mère, finira par avouer cet amour à son mari (sans lui dire de qui elle s'est éprise) pour lui demander son aide et sa protection.
C'est écrit dans une langue admirable, où l'imparfait du subjonctif semble totalement naturel , mais qui peut pour de jeunes lecteurs d'aujourd'hui faire écran à la poignante beauté des personnages et de l'intrigue. Personnellement, j'avoue que ce roman fait partie de mon Top Ten depuis 30 ans, et que je le relis régulièrement : il contient certaines des plus belles, et cliniques à la fois, descriptions de l'amour que j'aie jamais lues. Pour ceux qui ne l'ont pas lu, essayez, quitte à passer rapidement sur les descriptions des intrigues de cour si ça vous embête ! _________________ Même le soleil se couche.
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Posté le: Mar Jan 08, 2008 3:36 pm Sujet du message:
Je l'ai lu quand je devais avoir 13-14 ans et il faudrait me tourner vers les poèmes du Spleen de Baudelaire pour décrire l'ennui invincible dont ce livre m'a empli.
Depuis, il m'est arrivé de penser que j'avais tout simplement lu cette oeuvre trop jeune, mais je n'ai pas encore osé la réessayer.
Posté le: Mar Jan 08, 2008 4:12 pm Sujet du message:
>Outremer : c'est bien possible Je l'avais lu une première fois vers la fin du collège et avais trouvé ce texte plat et ennuyeux à mourir ; je l'ai repris alors que j'étais en hypokhâgne, et là, grosse claque, au point que je me demandais s'il s'agissait du même livre !
Cette relecture m'a permis de découvrir une oeuvre élégante, sensible et raffinée, et superbement rédigée. Même si elle ne figure pas dans mon best-of personnel, je la relis toujours avec plaisir.
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Posté le: Mar Jan 08, 2008 11:06 pm Sujet du message:
Je l'ai beaucoup aimé, et d'habitude je n'aime pas les histoires d'amour, mais là c'est particulier ! _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
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Posté le: Mer Jan 09, 2008 3:32 pm Sujet du message:
Outremer, je suis d'accord avec Psyché, je pense également que 13-14 ans c'est trop jeune pour l'apprécier. _________________ Même le soleil se couche.
Posté le: Ven Déc 30, 2011 12:14 pm Sujet du message:
J'ai ce roman au programme de littérature française de mon second semestre de L3 de lettres modernes. Je l'ai lu et c'était très agréable à lire. La peinture de l'amour est remarquable, le raffinement est une des qualités de cette oeuvre effectivement. J'ai bien aimé aussi les parenthèses historiques, l'aspect d'intrigues de Cour. Les personnages sont plutôt touchants même si Nemours est parfois agaçant.
Posté le: Sam Jan 21, 2012 6:22 pm Sujet du message:
La Princesse de Clève est une oeuvre intéressante mais il y a trop de passages passifs, c'est ce qui m'a déplu dans ce livre.Les rares actions sont trop courtes, ça m'a enlevé l'envie de lire à certains moments.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3317 Localisation: Great North
Posté le: Mer Mai 02, 2012 11:45 pm Sujet du message:
Je me souviens de m'être (très fort) fâché avec ma prof. de français en 2nde sur ladite princesse que j'avais qualifiée à l'époque de "lâche" parce qu'elle refusait "...les maux qu'on souffre pour aimer..." (1) , cela me valut une heure de colle qui ne m'a toujours pas fait changer d'avis .
(1) "Et la mer et l'amour..." de Pierre de Marbeuf , un chef d'oeuvre de rimes internes et de jeux de mots . _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6314 Localisation: Sud
Posté le: Jeu Mai 03, 2012 5:21 am Sujet du message:
"...Ont l'amer pour partage...", j'ai toujours énormément aimé ce poème, moi aussi :-).
Et personnellement, je la traite de sotte, cette Princesse de Clèves : le problème n'est pas sa "lâcheté", c'est qu'elle souffre de toute façon les maux en question, avec ou sans Nemours. Mais il est vrai qu'elle est si jeune au moment de l'histoire qu'elle a bien des excuses :-). _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3280 Localisation: Dans la lune
Posté le: Dim Juin 24, 2012 12:04 pm Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
"...Ont l'amer pour partage...", j'ai toujours énormément aimé ce poème, moi aussi :-).
Et personnellement, je la traite de sotte, cette Princesse de Clèves : le problème n'est pas sa "lâcheté", c'est qu'elle souffre de toute façon les maux en question, avec ou sans Nemours. Mais il est vrai qu'elle est si jeune au moment de l'histoire qu'elle a bien des excuses :-).
Et elle est surtout le produit de l'éducation de sa mère. Elle n'a, en tant que femme, en tant que fille, aucune volonté propre.
On est aussi à une époque où l'on montre les passions comme dévastatrices. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
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Posté le: Jeu Nov 07, 2013 11:39 am Sujet du message:
J'ai voté : un peu.
cana a écrit:
Je ne l'ai pas lu pour l'action, mais je n'aime pas trop les romans trop descriptifs
Plaît-il ? Nous n'avons visiblement pas la même perception de " La Princesse de Clèves ".
J'ai justement un goût de trop peu à la fin de ma lecture. L'histoire méritait davantage de description et des personnages plus attachants (on ne cesse de nous parler d'attachement dans cette histoire sans nous en faire pour autant éprouver vis-à-vis de l'héroïne).
De plus, j'ai trouvé de la longueur à l'histoire (j'en suis le premier désolé, vu la taille du livre). Notamment à cause des histoires d'amours secondaires. _________________ Livres dévorés en 2016 : 18
Livres dévorés en 2015 : 31
Posté le: Jeu Nov 07, 2013 1:45 pm Sujet du message:
Hoël a écrit:
Je me souviens de m'être (très fort) fâché avec ma prof. de français en 2nde sur ladite princesse que j'avais qualifiée à l'époque de "lâche" parce qu'elle refusait "...les maux qu'on souffre pour aimer..." (1) , cela me valut une heure de colle qui ne m'a toujours pas fait changer d'avis .
(1) "Et la mer et l'amour..." de Pierre de Marbeuf , un chef d'oeuvre de rimes internes et de jeux de mots .
Enfin quelqu'un qui partage mon dégoût pour ce personnage féminin qui, non seulement n'ose pas aimer, comme tu le dis,
Spoiler:
mais qui pousse la cruauté jusqu'à raconter à son mari qu'elle est amoureuse d'un autre homme. Du coup, ma sympathie est toujours allée au pauvre vieux mari, que j'ai quand même trouvé un tantinet stupide de se laisser mourir pour la belle....Et que dire de Nemours, qui finalement se console bien vite de l'entrée au couvent de son aimée.
Bien fait, tiens!
Il faut dire que ma sympathie va aussi à Charles Bovary et non à son idiote de femme.
Et après, je devrais mentir an classe et adopter le discours officiel ? Bah non, je donne les deux!
Vous l'aurez compris, ce n'est pas mon style de littérature.....
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3280 Localisation: Dans la lune
Posté le: Sam Nov 09, 2013 7:22 pm Sujet du message:
Camille a écrit:
Hoël a écrit:
Je me souviens de m'être (très fort) fâché avec ma prof. de français en 2nde sur ladite princesse que j'avais qualifiée à l'époque de "lâche" parce qu'elle refusait "...les maux qu'on souffre pour aimer..." (1) , cela me valut une heure de colle qui ne m'a toujours pas fait changer d'avis .
(1) "Et la mer et l'amour..." de Pierre de Marbeuf , un chef d'oeuvre de rimes internes et de jeux de mots .
Enfin quelqu'un qui partage mon dégoût pour ce personnage féminin qui, non seulement n'ose pas aimer, comme tu le dis,
Spoiler:
mais qui pousse la cruauté jusqu'à raconter à son mari qu'elle est amoureuse d'un autre homme. Du coup, ma sympathie est toujours allée au pauvre vieux mari, que j'ai quand même trouvé un tantinet stupide de se laisser mourir pour la belle....Et que dire de Nemours, qui finalement se console bien vite de l'entrée au couvent de son aimée.
Bien fait, tiens!
Il faut dire que ma sympathie va aussi à Charles Bovary et non à son idiote de femme.
Et après, je devrais mentir an classe et adopter le discours officiel ? Bah non, je donne les deux!
Vous l'aurez compris, ce n'est pas mon style de littérature.....
On se doute.
Maintenant, il y a aussi une histoire de contexte. En plus, Mme de la Fayette s'inscrit dans la querelle du quiétisme. En même temps, dans ce roman, je trouve qu'elle défend assez mal le quiétisme, puisqu'elle montre l'échec de cette fuite des passions, de cette quête de calme...
Pour Mme Bovary, je l'aime bien. Je trouve que, même si elle se trompe (et si on fait attention au début du roman, on constate que la faute en revient à son éducation, caractéristique de l'éducation dispensée aux jeunes filles), au moins, elle essaie de s'affranchir des conventions sociales pour vivre un peu en accord avec ses idées. J'adore quand elle envoie promener sa belle-mère. Et c'est elle qui prend les initiatives, et du coup fait scandale, au milieu des médiocres masculins.
Oui, elle se trompe. Mais au moins elle a du caractère, contrairement aux autres. C'est la moins médiocre du lot, même si elle échoue aussi.
Mais je sais qu'on n'est pas d'accord. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
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Posté le: Mer Nov 13, 2013 7:28 am Sujet du message:
Oui, la Princesse est un peu agaçante, mais j'aime bien, de la part de l'auteur, qu'elle montre comme très séduisants les deux hommes : ce n'est pas que Nemours est "mieux" que le Prince, c'est juste que c'est de lui que la Princesse tombe raide dingue, et ça je trouve que c'est bien vu. Et j'aime beaucoup justement les histoires d'amour secondaires, avec l'imbrication politique qui va avec. _________________ Même le soleil se couche.
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Posté le: Mer Nov 13, 2013 12:38 pm Sujet du message:
Ca m'a prodigieusement agacé pour ma part.
Cependant, j'ai bien aimé " l'éclairage " de Madame de la Fayette sur la reine Catherine qui m'apparaît différente par rapport à " La Reine Margot " et " La Dame de Monsoreau " d'Alexandre Dumas. Sans doute parce qu'elle est plus jeune dans " La Princesse de Clèves ".
J'avoue avoir un faible pour les têtes couronnées. _________________ Livres dévorés en 2016 : 18
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Posté le: Mer Nov 13, 2013 6:34 pm Sujet du message:
Vraiment, Sire ?!!! Quelle surprise :-p. La différence d'éclairage peut aussi venir de la différence d'époque de création des romans : le regard du XVIIe et du XIXe siècle sur le XVIe et ses personnages historiques n'est pas forcément le même. Chaque société ré-interprète son passé de la façon qui lui est la plus compréhensible. _________________ Même le soleil se couche.
Posté le: Dim Mar 16, 2014 6:14 pm Sujet du message:
D'un point de vue personnel ça ne m'a pas vraiment plu... - j'ai même cliqué rageusement sur pas du tout en ayant à l'esprit le sentiment de désespoir profond que j'ai ressenti en attaquant le livre même... - En terme de passion amoureuse et de question de vertu, puisque c’en est la peinture la plus précise et la plus fidèle, j'ai d'autres préférences dans mes références, comme les tragédies de la même époque... Plus vivantes et moins... assommantes à mon goût.
Par assommant je renvoie à la mise en place du récit qui se fait par d'interminables passages descriptifs sur les personnages, leurs relations dans la cour et les faits. Et quand enfin certains passages s'illustrent par une pointe de discours direct, c'est pour débiter de longues tirades... *soupir* Non je ne me suis pas amusée... dans les deux premières parties du récit qui font à peu près la moitié du roman.
Quand les choses sérieuses commencent et que la passion entre M.Nemours et Mme de Clèves commence à jouer avec la vertu et la dissimulation, le rythme du récit devient supportable. Il y a malgré tout des longueurs intermédiaires qui ralentissent considérablement ce que je considère comme étant le plus important. Je pense notamment aux récits entre amis, d'untel qui raconte à truc en dix pages pourquoi il faut absolument que sa lettre ne soit pas vue par l'une des reines... ou passages de ce genre qui peut se faire en dix lignes... ou au moins dans un échange rhétorique plus vivant que 'je vais te raconter une histoire'.
Après je ne nie pas m'être intéressée à l'évolution psychologique et aux enjeux de la passion entre les deux protagonistes principaux. Il y a des passages qui m'ont plu malgré tout et que garderai en mémoire : le vol du tableau, les aveux de Mme de Clèves à son mari qui sont sublimes, les tentatives de M. de Nemours pour l'approcher de nuit, et la scène qu'il surprend avec le tableau. Sans compter la mort du mari et l'ultime échange entre Némours et elle.
Mais ce ne sont que des îlots noyés dans une trame qui ne m'a pas transportée... Car sous d'autres formes les intrigues et les jeux de cour m'inspirent nettement.
Je ne pense pas non plus que ce soit la langue qui me fasse obstacle, puisque le XVIIe siècle ne m'est pas étranger... Non c'est vraiment un problème de rythme, d'étirement sans limites, de narration pour des passages qui auraient pu être dynamiques et beau dans la longue présentation.
Ce n'est que mon humble avis, j'ai conscience d'être en face d'un monument littéraire. C'est pourquoi je vais en venir à l'autre versant de la lectrice que je suis : mon moi littéraire bouille de contentement en ayant enfin lu le roman psychologique classique par excellence, et a même trouvé des axes et des faits littéraires hautement intéressant : les personnages, la peinture de la passion amoureuse, le déroulement psychologique, l'idéal courtisan et mondain du XVIIe siècle qui font échos à d'autres références et qui s'inscrivent dans un univers qui me parle assurément.
C'est juste qu'il arrive que mon moi personnel et mon moi classique se disputent et ne se confondent pas... - Non je ne suis pas schizophrène, rassurez-vous ! C'est juste que c'est... comme ça ! ^^
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Posté le: Mar Mar 18, 2014 9:56 pm Sujet du message:
Franchement, j'ai pas kiffé. Après c'est un classique, je dirais donc qu'il faut le lire. _________________ Livres dévorés en 2016 : 18
Livres dévorés en 2015 : 31
Posté le: Mer Mar 19, 2014 6:46 pm Sujet du message:
Citation:
qui rappelle avec bonheur un temps où l'imparfait du subjonctif avait droit de cité, et avec des histoires suffisamment diverses pour en donner une image à la fois précise et variée.
Oh que oui... Je ne peux qu'être d'accord là-dessus malgré les reproches que j'ai fait au rythme de l'oeuvre... Grammaticalement c'est un bonheur !
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Posté le: Jeu Avr 02, 2015 2:35 pm Sujet du message:
Mais que mon avis ne t'empêche pas de lire " La Princesse de Montpensier ", Akarja. _________________ Livres dévorés en 2016 : 18
Livres dévorés en 2015 : 31
Posté le: Jeu Mai 14, 2015 12:20 pm Sujet du message:
J'ai adoré ce livre. J'aime la retenue du 17ème siècle. Je ne sais plus qui a dit que ce siècle était "tout entier tourné vers la litote", mais c'est cela que j'ai ressenti dans le style en lisant La Princesse de Clèves. Tout est dit à demi-mot, même les sentiments les plus intenses.
C'est bête, mais ce que j'aime bien aussi dans le livre, c'est la propension des personnages à se compliquer la vie :-D
(Cela me le fait aussi quand je lis Corneille ou Racine).
La bienséance, l'honneur, la vertu, cela me fait bien rigoler pendant ma lecture, mais en parallèle je trouve splendide la façon dont c'est dit dans l'oeuvre.
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Posté le: Jeu Mai 28, 2015 9:09 pm Sujet du message:
J'ai (enfin !) relu le livre et j'admets que mon jugement d'adolescent n'était pas totalement juste. La description des sentiments a une justesse et une profondeur qui m'avaient échappé la première fois ; l'histoire d'amour elle-même est nettement moins fade qu'il ne m'avait semblé.
Ca reste cependant loin de se ranger parmi mes classiques favoris : le style n'est guère à mon goût, l'atmosphère est mince et le scénario n'est pas franchement palpitant.
Posté le: Mar Aoû 17, 2021 3:33 pm Sujet du message:
Coucou
Pour ma part je l'ai écouté (je pense que ça passe mieux, même si pour le coup ma lectrice avait un peu trop la diction surannée d'antan mais bon c'est sa voix alors je ne critique pas), le lire je pense que je n'aurais pas réussi et honnêtement je plains les élèves qui ont dû le lire en lecture obligée
Pour ma part c'est le genre de livre qui a eu le mérite d'exister en son temps mais qui sent franchement l'ancien. Bon après voilà il témoigne certainement de beaucoup de choses : une époque, l'intemporalité des sentiments, etc mais bon je m'y suis profondément ennuyé et le range à côté de "Le Rêve" de Zola
La mise en contexte est effroyablement longue avec toute cette ribambelle de personnages historiques en revanche j'ai bien aimé le passage où
Spoiler:
un amant apprend lors du décès de son aimée que celle-ci lui a été infidèle, Sancerre à propos de Madame de Tournon, et il lui en veut car étant morte il n'est pas en mesure de lui en adresser des reproches.
On retrouve ça chez Proust dans Albertine disparue lorsque le narrateur découvre après le décès de son amoureuse les infidélités de celle-ci et va jusqu'à tenter l'expérience des tables tournantes pour tenter de lui en faire le reproche
Je m'en suis pris notes de quelques savantes tournures que je partage ici avec vous
La Princesse de Clèves (Madame de Lafayette) 1678 [...] elle avait une si profonde dissimulation qu’il était difficile de juger de ses sentiments, [...]
Ce prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n’était pas amoureux : [...]
[...] cette incomparable beauté qui lui a été si funeste.
[...] ; il était brave et magnifique, et il avait une prudence qui ne se trouve guère avec la jeunesse.
[...] quoiqu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté, elle le gouvernait avec un empire [...] absolu [...]
[...] les malheurs domestiques où plongent les engagements ; [...]
L’ambition et la galanterie étaient l’âme de cette cour et occupaient les hommes et les femmes.
Personne n’était tranquille ni indifférent ; on songeait à s’élever, à plaire, à servir ou à nuire ; [...]
[...] il y avait une sorte d’agitation sans désordre dans cette cour qui la rendait très agréable, mais aussi très dangereuse pour une jeune personne.
Je ne me trompe pas à votre rougeur, [...] ; c’est un sentiment de modestie et non pas un mouvement de votre cœur, [...]
[...] il y fut si peu maître de sa tristesse, qu’il était aisé de la remarquer.
Mme de Clèves, qui était dans cet âge où l’on ne croit pas qu’une femme puisse être aimée quand elle a passé vingt-cinq ans, [...]
Vous aviez une opinion bien opposée à la vérité, [...]
[...] ce qui paraît n’est presque jamais la vérité.
[...], faisaient entre eux une sorte d’émulation qui allait jusqu’à la haine.
Mme d’Étampes fut chassée, et reçut tous les mauvais traitements qu’elle pouvait attendre d’une ennemie toute-puissante : [...]
[...] son visage ne répondait pas à son habillement.
[...] elle n’avait encore osé se l’avouer à elle-même.
[...] ; elle reçut ce que les médecins lui dirent du péril où elle était avec un courage digne de sa vertu et de sa piété.
[...] ; c’est toujours une chose digne de pitié qu’une femme jeune et belle comme celle-là soit morte en deux jours ; [...]
[...] les femmes sont incompréhensibles, [...]
Son embarras me donna du soupçon ; [...]
[...], je commençai à croire qu’il n’avait pas tort d’avoir de l’inquiétude ; [...]
Je n’ai jamais vu une douleur si profonde et si tendre [...]
[...] tant que son affliction avait eu des bornes, je l’avais approuvée, [...] mais [...] je ne le plaindrais plus s’il s’abandonnait au désespoir, et s’il perdait la raison.
Ainsi, ajouta-t-il, j’éprouve à la fois la douleur de la mort et celle de l’infidélité : ce sont deux maux que l’on a souvent comparés, mais qui n’ont jamais été sentis en même temps par la même personne.
[...] nous employâmes une partie de la nuit à tâcher de le rendre capable de raison.
Quel poison pour Mme de Clèves que le discours de Mme la dauphine !
Si Mme la dauphine l’eût regardée avec attention, elle aurait aisément remarqué que les choses qu’elle venait de dire ne lui étaient pas indifférentes ; [...]
[...] la prudence ne voulait pas qu’il l’exposât plus longtemps à la vue d’un homme qu’elle aimait.
[...] elle n’avait pas une grande curiosité pour la suite de cette aventure.
Quand elle fut en liberté de rêver, elle connut bien qu’elle s’était trompée lorsqu’elle avait cru n’avoir plus que de l’indifférence pour M. de Nemours.
C’était une entreprise difficile, dont elle connaissait déjà les peines ; [...]
[...], on ne pouvait douter qu’il n’y eût quelque certitude dans cette science.
Enfin nous sortîmes tous très mécontents de l’astrologue.
S’il eût eu moins de présence d’esprit, il eût été surpris de cette demande ; [...]
Un homme moins pénétrant que lui ne s’en fût peut-être pas aperçu ; mais il avait déjà été aimé tant de fois, qu’il était difficile qu’il ne connût pas quand on l’aimait.
[...] le même sentiment qui lui donnait de la curiosité l’obligeait à la cacher, [...]
[...] ; elle avait les manières de France qui plaisent à toutes les nations ; [...]
Il sentait tout ce que la passion peut faire sentir de plus agréable ; [...]
[...] il voyait dans toutes ses actions cette sorte de trouble et d’embarras que cause l’amour dans l’innocence de la première jeunesse.
[...] un autre qu’un amant ne se serait pas contenté de la peinture sans la boîte.
Cette pensée l’occupa longtemps ; ensuite elle fut étonnée de l’avoir eue, [...]
Le chevalier de Guise ne la laissa pas longtemps dans l’espérance que personne ne s’en serait aperçu, [...]
[...] pour quitter cette entreprise qui lui avait paru si difficile et si glorieuse, il en fallait quelque autre dont la grandeur pût l’occuper.
[...] ; elle trouva qu’elle n’était plus maîtresse de ses paroles et de son visage ; [...]
Je ne voulus pas qu’elle eût le plaisir d’apprendre que je savais qu’elle triomphait de moi, ni augmenter son triomphe par mon désespoir et par mes reproches.
J’ai joui de tout le plaisir que peut donner la vengeance ; [...]
[...] votre retour et votre discrétion n’ont pu réparer votre légèreté.
[...] la jalousie avec toutes les horreurs dont elle peut être accompagnée.
[...] elle était bien éloignée de la tranquillité qui conduit au sommeil.
[...] ; je sais le contraire de ce que vous me dites.
Je voyais les suites et les conséquences du parti que j’allais prendre ; [...]
Le détail de mes malheurs vous ferait pitié ; [...]
[...] songez, je vous en conjure, à me tirer de l’abîme où je suis.
[...], le mieux qu’il pût faire était de lui témoigner un profond respect par son affliction et par son silence, [...]
[...] on persuade aisément une vérité agréable, [...]
[...] il n’y a que vous de femme au monde qui fasse confidence à son mari de toutes les choses qu’elle sait.
[...] songez à réparer ma faute, et non pas à l’examiner.
[...] ; elle en avait une joie pure et sans mélange qu’elle n’avait jamais sentie : cette joie lui donnait une liberté et un enjouement dans l’esprit [...]
Veux-je m’engager dans une galanterie ?
Le repos, répliqua-t-il n’est guère propre pour une personne de votre âge.
[...], je vais vous faire un aveu que l’on n’a jamais fait à son mari [...]
[...] si j’ai des sentiments qui vous déplaisent ; du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions.
La confiance et la sincérité que vous avez pour moi sont d’un prix infini [...]
[...] il faut plus de courage pour avouer cette vérité que pour entreprendre de la cacher.
[...] ; refusez-moi toutes les fois que je vous demanderai de pareilles choses : mais ne vous offensez pourtant pas si je vous les demande.
La singularité d’un pareil aveu, dont elle ne trouvait point d’exemple, lui en faisait voir tout le péril.
[...] il tomba dans une imprudence assez ordinaire, qui est de parler en termes généraux de ses sentiments particuliers, [...]
[...] trop amoureux pour avouer son amour ; [...]
[...] ; épargnez-moi, je vous en conjure, de si cruelles conversations ; [...]
[...], vous me cachez un nom qui me donne une curiosité avec laquelle je ne saurais vivre.
Ce chagrin m’apprend ce que j’aurais appris d’une autre femme, par la joie qu’elle en aurait eue.
Il sortit après ces paroles, ne voulant pas augmenter par sa présence l’extrême embarras où il voyait sa femme.
Ils demeurèrent quelque temps sans se rien dire, et se séparèrent sans avoir la force de se parler.
[...] la disposition naturelle que l’on a de conter tout ce que l’on sait à ce que l’on aime, [...]
[...] voudrait-on éclaircir ses soupçons au prix d’apprendre à quelqu’un ce que l’on souhaiterait de se cacher à soi-même ?
[...] le malheur de voir une femme qu’il adorait touchée de passion pour un autre. [...]
Il ne savait plus que penser de sa femme ; [...]
Il a été discret, disait-elle, tant qu’il a cru être malheureux ; mais une pensée d’un bonheur, même incertain, a fini sa discrétion.
[...] elle aimait le jaune, et qu’elle était fâchée d’être blonde, parce qu’elle n’en pouvait mettre.
[...] il fut aisé de voir qu’il y avait plus d’aigreur que de bienséance dans ce compliment.
[...] elle prit la résolution d’éviter la chose du monde qu’elle souhaitait peut-être le plus.
Il n’eut pas de peine à consentir à une chose qu’il avait déjà résolue [...]
[...] il me semble que la bienséance ne permet pas que j’en fasse davantage.
[...] ; il n’avait plus rien à espérer du hasard [...]
[...] la jalousie s’alluma dans son cœur avec plus de violence qu’elle n’avait encore fait.
[...], et, quoiqu’il n’en doutât point, il cherchait à en douter ; [...]
[...], vous avez attendu de moi des choses aussi impossibles que celles que j’attendais de vous.
Je n’ai que des sentiments violents et incertains dont je ne suis pas le maître.
[...] il n’y a plus en moi ni de calme ni de raison.
[...], quoiqu’elles ne s’en fissent point confidence, elles trouvaient un grand plaisir à se parler.
[...] avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner.
[...] la raison et la prudence l’emportèrent sur tous ses autres sentiments, et elle trouva qu’il valait mieux demeurer dans le doute où elle était que de prendre le hasard de s’en éclaircir.
[... ]mais ces larmes n’étaient pas de celles que la douleur seule fait répandre, elles étaient mêlées de douceur et de ce charme qui ne se trouve que dans l’amour.
Si je n’étais aimé, je songerais à plaire ; [...]
Vous m’aimez, vous me le cachez inutilement ; [...]
[...] cette certitude lui donna quelque mouvement de colère, [...]
Sitôt qu’il le vit, il jugea par son visage et par son silence qu’il n’avait que des choses fâcheuses à lui apprendre.
[...] il lui fit juger par ses regards qu’il n’avait d’autre mal que son désespoir.
[...] ; écoutez-moi, pour l’amour de vous-même [...]
[...] la vérité se persuade si aisément, lors même qu’elle n’est pas vraisemblable, [...]
[...], je me sens si proche de la mort que je ne veux rien voir de ce qui pourrait me faire regretter la vie.
Il languit néanmoins encore quelques jours, et mourut enfin avec une constance admirable.
La douleur de cette princesse passait les bornes de la raison.
C’est l’homme du monde le mieux fait, ajouta-t-il : il n’a guère la mine d’être réduit à gagner sa vie.
[...] un trouble confus dont elle ne savait pas même la cause.
[...], ne pouvant demeurer avec elle-même, elle sortit et alla prendre l’air dans un jardin hors des faubourgs, où elle pensait être seule. [...]
S’il eût su ce qu’il évitait, avec quelle ardeur serait-il retourné sur ses pas !
Elle s’abandonna à ces réflexions si contraires à son bonheur ; [...]
[...] des extravagances où m’emporterait infailliblement une passion dont je ne suis plus le maître.
[...], quel fantôme de devoir opposez-vous à mon bonheur ?
[...] les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m’aveugler [...]
Il est impossible, [...], de passer par-dessus des raisons si fortes [...]
Il est plus difficile que vous ne pensez, madame, de résister à ce qui nous plaît et à ce qui nous aime.
[...], vous seule vous imposez une loi que la vertu et la raison ne vous sauraient imposer.
[...] ayez cependant le plaisir de vous être fait aimer d’une personne qui n’aurait rien aimé si elle ne vous avait jamais vu ; [...]
[...] ce lui était une chose si nouvelle d’être sortie de cette contrainte qu’elle s’était imposée, d’avoir souffert pour la première fois de sa vie qu’on lui dît qu’on était amoureux d’elle, et d’avoir dit elle-même qu’elle aimait, qu’elle ne se connaissait plus.
Elle fut étonnée de ce qu’elle avait fait ; elle s’en repentit ; elle en eut de la joie : tous ses sentiments étaient pleins de trouble et de passion.
Elle eût bien voulu se pouvoir dire qu’elle était mal fondée et dans ses scrupules du passé et dans ses craintes de l’avenir.
[...] c’était une résolution bien violente à établir dans un cœur aussi touché que le sien, [...]
[...], elle pensa qu’il n’était point encore nécessaire qu’elle se fît la violence de prendre des résolutions [...]
Cette vue si longue et si prochaine de la mort fit paraître à Mme de Clèves les choses de cette vie de cet œil si différent dont on les voit dans la santé.
La nécessité de mourir, dont elle se voyait si proche, l’accoutuma à se détacher de toutes choses, et la longueur de sa maladie lui en fit une habitude. (La Princesse de Clèves)
Posté le: Sam Aoû 21, 2021 10:12 am Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
Je ne serais pas franchement étonnée que Proust ait pensé à La Princesse en écrivant...
C’est possible
D’après le témoignage de sa femme de chambre, que j’avais écouté en plusieurs épisodes en podcast sur France Culture, Proust lisait très vite les livres. Pour tout dire il l’ouvrait en deux-trois endroits, parcourait quelques lignes et il en avait ce qu’il voulait.
Ça avait l’air de l’épater la dame, bon c’est une façon de faire.
Et d’ailleurs je pense qu’avec ses bouquins à lui ça marcherait effectivement particulièrement bien
En tout cas j’aime bien le concept de la frustration de reproches impossibles
Heureusement, sauf si l’on est branché réincarnation ou fantastique, la mort permet effectivement le cas échéant de fuir certaines contrariétés
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