Littérature pour enfants vs Littérature de l'Imaginaire

[Crazy]

C'est vrai qu'aujourd'hui, on a de plus en plus d'auteurs de SF/Fantasy/Fantastique à destination d'un public adulte. Néanmoins, j'ai quand même l'impression qu'il s'agit là d'un microcosme, d'un domaine considéré comme de la sous-littérature.

Mais d'autre part, on (au sens "le grand public") s'extasie devant des livres pour enfants ouvertement dans cette mouvance ("Harry Potter", par exemple).

Est-ce que ça veut dire que la SF/F/F n'est "acceptable" que quand elle s'adresse aux enfants ? Qu'aimer ce(s) genre(s) à l'âge adulte est une preuve d'immaturité ?

J'aimerais vos avis (argumentés ) là-dessus.
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Crazy
Modératrice et Dictatrice Adjointe
Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman

[Sanhucla]

Je crois que ça a aussi à voir avec la "sanctification" de la littérature et de la lecture en général, de la "culture".L'impression que j'ai, c'est qu'il est de bon ton de dire que les enfants ne lisent pas assez, donc dès que quelque chose leur plait et les fait lire, c'est forcément bien, ça les détourne des jeux vidéos et des dessins animés qui les abrutissent en les scotchant à la télé, n'est-ce pas ? L'important c'est qu'ils retrouvent le goût de la lecture, ensuite on les orientera vers des vrais livres.Alors que les adultes n'ont pas le temps de lire, hein, ils ont tellement de choses importantes à penser dans la vie. Si en plus le peu de temps qu'ils arrivent à voler pour lire, ils le consacrent à des inepties même pas réalistes, c'est vraiment du n'importe quoi ! La lecture doit servir à se cultiver ! Sinon c'est du gâchis.Pfff...
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Five exclamations marks, the sure sign of an insane mind.

[Aurore]

Si les gens "s’extasient" sur les ouvrages de Science-fiction/Fantasy/Fantastique écrits pour la jeunesse, c’est certainement parce qu’il y a une renouvellement du genre depuis quelques années (avec l’arrivée de Harry Potter et de la trilogie de Philip Pullman A la croisée des Mondes notamment, et cette évolution s'est précipitée depuis les début des années 2000 avec l'appartition des séries et des trilogies pour la jeunesse). Pour les adultes, ces genres sont connus et développés depuis longtemps, on a donc moins tendance à y prêter attention. D’autant que certaines séries ou auteurs sont devenus des « classiques », et les jeunes auteurs y sont sans cesse comparés, chose que l'on a moins tendance à faire en littérature de jeunesse, puisqu'il n'y a peut-être pas encore assez de recul. Ca ne veut pas dire à mon avis que la SF/F/F qui s'adresse aux adultes souffre d'une mauvaise image. Ou du moins plus autant qu'auparavant puisque certains auteurs de SF/F/F sont reconnus comme étant de "bons" auteurs.

[philbo]

Comment faire la différence entre un livre pour adulte ou pour enfant ? Les sujets aborder ? Les scènes décrites, mais même si les enfants ne peuvent pas lire tous les livres (en raison de leur complexité), je pense que un adulte peut tout lire tant que sa lui fait plaisir. C'est la première visé d'un bon livre : dépayser, amuser et accrocher le lecteur. J'ai lu "A la croisée des mondes" et le fait que se soit dit "pour enfant", sa veut juste dire que un enfant pourrait le lire sans problême, mais sa veut pas dire que c'est UNIQUEMENT pour les enfants. Moi j'ai adorer et je vois pas en quoi c'est plus puérile ou pour enfant au niveau du scenario qu'une autre histoire comme l'assassin royal par exemple .. C'est une histoire point ... pas besoin d'essayer de tout mettre dans des cases selon moi.
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"vois la TORTUE comme elle est ronde, sur son dos repose le monde. Son esprit, quoique lent, est toujours gentil. Il tient chacun de nous dans ses nombreux replis." Stephen King

[Maere]

Les littératures de l'imaginaire sont associées à l'idée de rêve, de conte, de fuite de la réalité. Ces "escapades" sont permises aux enfants qui sont censés être de petites créatures innocentes ne s'occupant pas de choses sérieuses. Un adulte au contraire doit avoir les pieds sur terre.Mais ce n'est en fait qu'une question de mode, les contes à la base n'existaient pas pour les enfants mais pour les adultes. Tout ceci change avec le temps. La plupart des gens ignorent même le sens du mot Fantasy. Cela sonne un peu comme fantaisie, conte de fée quoi!D'autre part, beaucoup de gens apprécient et estiment des littératures de genre qu'ils lisent sans les identifier comme telles, parce que publiées dans une collection de littérature générale.Tout est une question d'idées reçues plus ou moins conscientes... J'ai longtemps évité la SF/ Fantasy à cause des couvertures tape à l'oeil qui brillent au soleil. J'ai passé mon chemin devant la couverture style "BD" des Trois Lunes de Tanjor, persuadée que ça devait être un peu gamin, avant de le découvrir en poche et de le dévorer d'un bout à l'autre...

[Crazy]

J'aurais aimé plus de réactions
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Crazy
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[CeNedra]

J'aurais aimé répondre mais je préfererais prendre mon temps (et du temps j'en mquand cruellement)
Mais promis je ne t'oublie pas.
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[Soleil*]

Historiquement, j'ai l'impression qu'amalgamer SF et Fantasy/Fantastique ne se tient pas. Quand j'étais petite (disons, il y a une vingtaine d'années), on trouvait beaucoup de SF, surtout pour adultes, et quasiment pas de Fantasy hormis l'incontournable Seigneur des Anneaux. Dire "J'aime la SF" faisait ouvrir de gros yeux à l'interlocuteur, mais "J'aime la Fantasy", le terme n'existait même pas ou alors confidentiellement, la Fantasy était un sous-genre de la SF (Pour le fantastique, il y en avait bien un peu aussi, mais comme c'est un genre que je n'ai jamais trop apprécié, je ne saurais en commenter l'évolution).

Actuellement, la production de SF me semble rester relativement constante, un flot peu important par rapport à la littérature générale mais stable. Par contre, il est vrai que depuis quelques années la littérature Fantasy fleurit pour tous publics : Il y a de plus en plus de livres pour enfants mais aussi de plus en plus de livres pour adultes. C'est "à la mode".
Pour les enfants, ça peut effectivement s'expliquer par le fait qu'on essaie de les encourager en leur faisant lire ce qu'ils aiment, hors les enfants n'ont aucun complexe à aimer les histoires de dragons et autres magiciens. Pour les adultes, c'est plus délicat : Ca se vend certainement, sinon les éditeurs n'en proposeraient pas, mais ça ne s'avoue guère. Quand on me demande ce que je lis, je n'ai aucun complexe à dire "principalement de la SF et de la Fantasy", mais c'est une réponse que je n'entends jamais (hormis sur des forums littéraires bien sûr ). J'ai même souvent des réponses dégoûtées type "Comment peut-on lire ce genre de sous-littérature qui n'apporte rien ?" (de la part des gens qui n'en ont jamais lu bien sûr, ou alors qui ne l'ont jamais identifié comme tel)... La SF/F/F a mauvaise réputation en général, mais c'est tolérable pour les enfants tant qu'ils ne sont pas trop grands : Pfff, moi j'ai renoncé à comprendre, je me contente de profiter du regain de nouveaux auteurs...

Pour ce qui est de la distinction littérature adultes/jeunesse, ma règle générale est la suivante : Si le(s) héros est un enfant, auquel le jeune lecteur peut donc s'identifier, c'est de la littérature pour enfant. Sinon, c'est de la littérature pour adultes. Grosso modo, ça marche...
La littérature jeunesse peut être écrite avec une écriture plus simple, être moins violente, etc. mais ce n'est pas obligatoire et je n'en tiens pas compte pour classifier.
Perso, public adultes ou enfants, je m'en fiche, je lis indifféremment, du moment que l'histoire me convient en tout cas... (Bon, peut-être pas non plus les histoires pour très jeune public, parce que à je reste sur ma faim, ça finit trop vite ).

[Aikan]

Je pense qu'il existe une différence littérature jeunesse/ littérature pour adulte dans le sens qu'un auteur, quant il écrit quelque chose, vise un certain publique, plus ou moins large (ou du moins, c'est ce dont on me rabâche les oreilles depuis la 6ème). Si l'on peut parler des mêmes sujets sans distinction d'âge, la manière de le faire peut en effet différer.
Un enfant de 10 ans pourra avoir plus de mal à lire un livre de 600 pages qu'un adulte. De même, complexité du scénario et vocabulaire,...
Alors en effet il y a de très bons romans "jeunesse" qu'un adulte peut prendre plaisir à lire, mais l'inverse est sans doute plus délicat (encore qu'à mon sens ça dépend beaucoup des enfants).

Ceci dit, j'approuve totalement ce que certains d'entre vous ont dit sur le rôle que notre société attribue en fonction de l'âge : un adulte se doit d'être sérieux, donc des histoires fantaisistes pleines de mages, de nains et de gros mecs musclés à la hache, ce n'ait pas pour eux. Tandis que le domaine des enfants, c'est l'imaginaire, le rêve donc ils peuvent très bien lire cela.

Je me demande aussi si il n'existerait pas une "prime à l'ancienneté".
Verne, Orwell, Voltaire, Balzac, Maupassant ont tous plus ou moins écrit dans les domaine de l'anticipation, du merveilleux, du fantastique et de l'horreur et sont loin d'être relégué à un rang de "sous-littérature".
Et il ne me viendrait pas un instant à l'esprit de faire lire le Horla à mon petit frere, le pauvre, il dort déjà assez mal comme cela...

[Crazy]

Je déterre, je viens de trouver cet article (via G+ "Lire pour le plaisir")

http://livre-monde.com/reflexion-les-litteratures-de-limaginaire-cest-pour-les-gamins/
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Crazy
Modératrice et Dictatrice Adjointe
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[Jaipadepseudo]

Article intéressant. Merci Crazy.
Je trouve que ce n'est pas l'opposition littérature jeunesse vs adulte de fantasy qui prédomine, c'est bien la littérature de l'imaginaire et le reste qui peut être opposé, et l'article met bien avant tous les préjugés du lectorat sur les genres SF.F.F. L'auteur de l'article parle de littérature blanche, et l'expression me fait penser aux collections folio aux couvertures blanches bien séparées des couvertures violettes Folio SF. Je pense que les choix éditoriaux de bien différencier la littérature de l'imaginaire de toute autre littérature influent grandement sur des réflexes d'acheteurs et de lecteurs.
Je trouve cependant que la littérature de l'imaginaire profite pleinement de l'explosion de la littérature de jeunesse. Tout comme je considère que le genre SF.F.F se démocratise beaucoup ( que ce soit en littérature et au cinéma) et que, là encore, la vision un peu condescendante des non amateurs de SF à plutôt tendance à ne pas se développer. Et on peut espérer qu'une jeunesse bercée à la littérature de l'imaginaire ne perdra pas son goût pour le genre. Car, sans parler de qualité ( à la dimension bien trop subjective), je constate que la quantité est dorénavant au rendez-vous, le catalogue des genres s'est plus qu'étoffé et diversifié et les différents supports ( jeux, ciné, séries, BDs, etc...) "normalisent" la SF.
Il serait intéressant de ressortir ce fil dans 10 ans.

[lily cocci]

j'adhère totalement, forcément.

à la médiathèque, j’œuvre toute l'année pour expliquer aux adultes-parents que :
- il n'y a pas de sous-genre en littérature
- il n'y a pas que du bon en littérature jeunesse, tout ne se vaut pas et ce n'est pas de la condescendance de ma part. (y'a du Marc-Levy aussi en jeunesse. aïe, je l'ai dit, pas taper.)
- ils peuvent (doivent ?) lire les mêmes livres que leurs enfants afin de partager, discuter.
- ils peuvent (doivent ?) lire les mêmes livres que leurs enfants afin de partager, discuter et qu'à moins je ne sois qu'une "adulte attardée", pour reprendre l'expression de l'article de Crazy, ils pourraient bien y prendre du PLAISIR !

je suis également un groupe d'adultes en plus ou moins grande difficulté de "lecture-écriture". à chaque atelier que je leur propose, je m'appuie sur la littérature jeunesse. à chaque fois je flippe à mort. j'ai peur qu'ils ne le prennent mal, du genre "pour qui tu nous prends pour nous lire des trucs de gosses ?".
pour l'instant, je m'en suis toujours sortie avec des félicitations.
(la dernière fois, j'avais tellement peur de leur proposer un dessin animé (de grande qualité et que j'adore) que j'utilisais le mot "film d'animation", pour faire adulte et intello. la séance fut une grande réussite. ^^)

[Jaipadepseudo]

[lily cocci]

ah, je me doutais que ça t'intéresserais ! monsieur le fan du roi et l'oiseau ^^

un poème de Jacques Prévert (et oui !) mis en images : "pour faire le portrait d'un oiseau". tu le trouveras facilement sur You-T.

ce film fait partie d'une série "le soleil est une girafe jaune". un film-un poème pour mettre en scène un enfant qui rencontre un problème et qui va se faire aider par la girafe jaune.

si tu veux en savoir plus, JP, tu sais où me trouver...

[Mika]

Cette façon d'envisager l'imaginaire comme une "sous culture" ne se retrouve pas que dans la littérature.

Au cinéma, la plupart des productions SF ou fantasy viennent d'Hollywood. (combien de production de ce genre dans le paysage français, voir même européen ?)

Difficile, dans ce contexte, de savoir si le rejet provient d'un réflexe identitaire ("ça ne vient pas de chez nous donc ce n'est pas sérieux" donc on en produira pas) ou si c'est l'à priori sur le genre qui freine la production locale.

On retrouve le même problème pour le dessin animé (film d'animation). Est ce parce qu'il est peu produit en Europe qu'il est peu pris au sérieux ou l'inverse ?
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N'est déçu que celui qui croit trop. N'est heureux que celui qui croit assez.

[carabas]

C'est aussi qu'en France on est un peu rigides. Il y a les trucs pour les enfants, les trucs pour les adultes, et on ne mélange pas, ça ne fait pas sérieux. Peut-être notre éducation cartésienne, je ne sais pas.

Mais la BD a longtemps souffert du même préjugé, le manga aujourd'hui de même. Beaucoup ne savent même pas qu'il y a des mangas pour adultes.

Je ne pense pas que ce soit identitaire, mais en tout cas, c'est culturel.

En tout cas, cet article et ce topic sont très intéressants.
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Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix".