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Aurélien - Louis Aragon

 
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Auteur Message
CeNedra
Admin


Inscrit le: 08 Mai 2003
Messages: 2621
Localisation: Entre réel et Imaginaire

MessagePosté le: Mar Mai 18, 2004 12:47 pm    Sujet du message: Aurélien - Louis Aragon Répondre en citant

Aurélien ne s'est pas remis de la guerre. Il ne vit pas réellement il se laisse porter par la vie, d'autant qu'il peut de le permettre...
Cependant il n'est pas réellment satisfait de cette situation et va réellement en prendre conscience grâce A bérénice. Au premier abord, elle ne lui plait même pas. On va alors suivre l'évolution de ces deux êtres qui vont en quelques semaines apprendre à se connaître et à s'aimer. Un amour bien étrange quand on en suit l'évolution. Louis Aragon a travers ce roman nous montre à quelle point la quête de l'absolue peut s'averer dangereuse.
Mais ce roman n'est pas qu'une histoire d'amour, autour de ces deux être gravitent une véritable galeries de personnages allant de l'ouvrier à la célèbre actrice, voir à Monet que nous croisons au détour d'un jardin.
C'est aussi le portrait d'une époque, celle de l'entre deux guerre, La France est pleine de sa victoire et ne s'attend pas au revers qu'elle subira quelques années plus tard.
La fin du roman se situe en 1940 au début de l'occupation... On oublie parfois que si il y a eu la résistance il y a eu aussi nombre de collaborateurs qui voyaient dans les allemands des sauveurs. Ce sujet ne semble être qu'évoquer et pourtant il a plus d'importance dans le roman que la place qu'il y prend. Je ne peux que remercier la personne qui me l'a prêté. En effet il y a des livres qui continuent à vous nourrir longtemps après que vous les ayez refermés. Celui-ci en fait partie.A noter que son emploi des auxiliaires est parfois destabilisant.AURELIEN chez Amazon.fr
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lily cocci
Chanteuse livresque


Inscrit le: 19 Fév 2008
Messages: 2258
Localisation: ouest

MessagePosté le: Mer Mai 26, 2010 3:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

c'est une très belle histoire en effet. je me souviens surtout d'Aurélien qui a perdu pied depuis qu'il est revenu de la guerre, de ses doutes et de sa drôle de relation avec Bérénice une petite provinciale qui va se révéler à la ville.
c'est une époque, si particulière, qui est décrite là. comme une paranthèse, à cheval entre l'ancien temps et le monde moderne.
les personnages sont beaux, ils évoluent sur une longue période, changent aux contacts des uns et des autres.
je ne me souviens pas de la fin, du thème de la collaboration dont parle Cenedra, mais c'est une lecture qui marque, c'est certain.


Dernière édition par lily cocci le Mar Sep 14, 2010 12:54 pm; édité 1 fois
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Flora



Inscrit le: 12 Sep 2010
Messages: 50

MessagePosté le: Lun Sep 13, 2010 10:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un roman que j'apprécie beaucoup, je l'ai lu en seconde pour le français. A l'époque je ne connaissais pas du tout Aragon, j'ai donc découvert le romancier avant le poète, et ce fut une belle découverte.

Je trouve l'incipit particulièrement intéressant dans la mesure où Aurélien deviendra dans la suite du roman fou amoureux de Bérénice, mais peut-être l'est-il déjà dès le début, malgré les apparences ? ... :

"La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. C'était disproportionné. Plutôt petite, pâle, je crois... Qu'elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l'irritait."

(incipit)


L'amour, la guerre, deux thèmes récurrents dans les oeuvres d'Aragon, certains peuvent se lasser, trouver cela trop triste, trop mélancolique, moi j'aime...

Le petit plus d'Aragon, c'est qu'avant d'être romancier il est aussi et surtout poète. En cela "Aurélien" est un roman empreint de poésie et je me plais à le relire, à le feuilleter de-ci de-là pour y lire quelques lignes, vraiment je crois qu'il y a du talent là-dedans.

Les phrases sont courtes comme dans beaucoup de romans du XXème siècle, mais je ne trouve pas cela gênant, c'est un genre.

Le petit moins, parce qu'il en faut bien un, c'est qu'Aragon à l'instar de Céline use et abuse des "que", des "qui", il faut aimer.


Je ne sais pas si vous avez-vu le téléfilm avec Olivier Sitruk dans le rôle d'Aurélien et Romane Bohringer dans celui de Bérénice ? Il est repassé il y a peu à la télévision, il dure longtemps, on s'ennuie peut-être un peu parfois, mais l'adaptation bien que certaines scènes soient un peu modifiées reste assez fidèle au roman.

Récemment encore, sur France inter, l'émission "Ca ne peut pas faire de mal" avait été consacrée à Aragon et nombreux extraits d'"Aurélien" ont été lus à l'antenne.

Allez, je ne résiste pas à glisser dans ce post d'autres extraits du roman :

"Peut-on dire de Bérénice qu'elle est jolie ? Il l'avait trouvé laide, d'abord. Il l'avait mal regardée. La question n'est pas qu'elle soit jolie. Elle est mieux que jolie. Elle est autre chose. Elle a un charme... Voilà ce qu'il y a... il retrouve bien les traits, mais pas le secret de leur charme... comme un mot qui échappe... on sait comment il est fait... à peu près... s'il a des "r" dedans... combien de syllabes... on lui trouve ou des rimes ou des équivalents... mais le vrai mot, le mot qui chante... [...]
Mais est-ce bien là le chant de Bérénice ? Faut-il pour l'éprouver le tenir dans ses bras, comme n'importe quelle femme, ou son charme n'est-il pas ailleurs, dans sa gaîté, dans son silence, dans ses yeux fermés, dans ses yeux ouverts? Tout à coup Aurélien retrouve l'émotion de cette main dans sa main, de cette main prisonnière, comme un oiseau qui frémit, et ce n'est pas l'oiseau qui est pris, c'est l'oiseleur.
Il frotte la paume de sa main et s'étonne. Une brûlure. Une présence. Une absence. Les deux à la fois.
Une chanson."


(p.144/145, édition Folio).



"Avez-vous déjà vu un chat entrer pour la première fois dans un appartement ?Avez-vous remarqué cette hésitation et puis cette brusque poussée féline, cette allonge du pas qui prend possession des meubles, des tapis, de l'air dans les tentures, comme d'une jungle, d'une brousse ? Avez-vous vu ses yeux d'or chercher à ne paraître qu'un reflet de lumières, son pelage se confondre aussitôt avec ce qui lui ressemble, et toujours quelque chose lui ressemble ?"

(p.297, édition Folio).


"Il y a une passion si dévorante qu'elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s'en sont pris à elle s'y sont pris. On ne peut l'essayer, et se reprendre. On frémit de la nommer : c'est le goût de l'absolu."

(p.302, édition Folio).



"Qui a le goût de l'absolu renonce par là même au bonheur. "

(p.303)



"Si Bérénice était pour Aurélien le piège auquel il devait fatalement se prendre, il était lui-même pour Bérénice l'abîme ouvert, et elle le savait, et elle aimait trop l'abîme pour n'y pas venir se pencher."

(p.307)



"Il y avait des heures où il fallait rentrer, des heures de rendez-vous, de trous dans la dentelle, des heures vides, des heures sans Bérénice"

(p.318)



Vraiment, c'est un livre que je conseille... Si vous aimez Aragon, les pavés, ou tout simplement les belles plumes. *Very Happy*
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Turb
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MessagePosté le: Ven Mar 20, 2015 10:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Initialement publié dans Le Salon Littéraire

Aurélien est probablement le roman le plus célèbre de Louis Aragon, écrit pendant la seconde guerre mondiale, et publié en 1944. Il est typique des œuvres de cette génération d’écrivains ayant maturé entre les deux guerres, et dont l’issue de la seconde annonce l’importance.

Cette époque est en effet exceptionnelle : aux anciens déjà installés (Gide, Mauriac, Céline, etc.) s’ajoute une jeune garde révolutionnaire : Cocteau, Sartre, Beauvoir, Camus. À l’entrée de la guerre, Louis Aragon, qui fait le lien entre ces deux générations, est déjà installé comme écrivain, comme poète, comme journaliste et comme militant communiste. Aurélien est littérairement typique de son époque, car il décrit une espèce disparue : le rentier. Le sujet est loin d’être nouveau : le narrateur de Proust est un rentier aisé, celui de Sartre dans La Nausée en est un autre ; les personnages de Mauriac sont de grands terriens, possédant des forêts de pins. Comme ceux-là, Aurélien (le personnage) n’a rien à faire : il tire ses revenus des bénéfices d’une possession familiale, une ferme). Au fond, il s’ennuie, et son inactivité le plonge dans la seule occupation possible : l’amour sentimental, et le désespoir de son échec.

Aragon ne le sait pas, mais le sent : comme l’a décrit Thomas Piketty, le capital sort détruit des deux guerres mondiales et de la crise de 1929, et tout ce monde de rentiers va disparaître. Pour la première fois, lorsque le roman est publié, les revenus du capital, ratiboisés, sont devenus inférieurs aux revenus du travail. Et c’est ce basculement qu’Aragon décrit dans Aurélien.

Aurélien est aussi un roman d’amour, qui évoque Albertine Disparue, le meilleur volume de Proust. Le célèbre incipit surprend le lecteur :

Citation:
La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.


Dès le début, l’auteur prévient : il n’y a pas grand chose de commun entre Aurélien et Bérénice, sauf une capacité à idéaliser. À idéaliser l’Amour, car ils n’ont que cela pour combler leur vide. Elle, débarquée de sa Province, a un coup de foudre pour lui. Lui, d’errance dans des bars louches en présence passive dans les événements artistiques, devient obsédé par cette femme. Leur relation est un long échec, qu’Aurélien ressasse, et Aragon le fait bien comprendre, parce qu’il est inactif.

Le roman est ambivalent : d’une part, Aragon décrit l’effervescence artistique de l’entre-deux-guerres : peintres, poètes, les membres du mouvement Dada, tous issus de tout ce milieu de rentiers et qui profitent comme ils peuvent des vrais riches, les grands héritiers et les affairistes. Aragon ne le sait pas, mais ce dernier monde survivra à la guerre qu’il voit se dérouler.

D’autre part, le roman est sous-tendu par une morale communiste classique : la figure du travailleur est valorisée. L’homme du peuple, d’une part, plein de vigueur, qu’Aurélien fréquente à la piscine ou aux associations d’anciens combattants, avec lesquels il se sent finalement bien. Mais aussi le petit bourgeois qui abandonne sa situation de rentier pour devenir un cadre, qui trouve son équilibre dans l’activité, l’apaisement dans la production. C’est l’essor des travailleurs des Trente glorieuses qui s’annonce ici. C’est aussi la morale finale du roman, assez sèche, et qui signifie brusquement au lecteur que cet univers rêveur et neurasthénique des rentiers est terminé. Parce que les financiers et la crise ont ébranlé les revenus, mais aussi désormais parce qu’il y a eu la guerre. Lorsqu’il écrit Aurélien, les communistes, dont Aragon fait partie, comptent bien construire la France de demain. Pour lui, les rentiers appartiennent au passé. Aurélien est la description, tendre et dégoutée, d’un monde qui n’est plus, et ne sera plus.

Plus tard, Aragon ajoutera un épilogue à son roman, sans doute influencé par cette époque d’après-guerre, où la figure du combattant, de l’intellectuel engagé, du sacrifice pour une cause, seront des thèmes classiques de la littérature. Il y oppose l’homme passif (le travailleur honnête) et le révolutionnaire, prêt à risquer sa vie et qui ressent la nécessité impérieuse de lutter ; l’amour est devenu une activité négligeable. On sent un parenté d’écriture avec le reste du roman, mais l’adjonction est un peu artificielle.

Lire ce roman est passionnant, car, avec talent, il décrit une société en plein chambardement, en pleine destruction créatrice. Il permet de mieux comprendre ce qui est sorti de cette époque, et qui est resté dans l’inconscient collectif de la France du XXIe siècle : la nostalgie d’une époque où l’on pouvait consacrer sa vie à l’art et à l’amour, et son échec certain. Le désabusement et la révolution.
_________________
En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
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