Le Tunnel - André Lacaze

[Marcil]

Le Tunnel_____________________________________________________________4ème de couv' :
"Vous qui entrez ici, laissez toute espérance".
Ce vers de Dante, trois cents déportés du camp d'extermination de Mauthausen, où la durée moyenne de vie était de quatre mois, l'ont fait mentir. Ils sont sortis vivants un matin de printemps 1943 parce qu'ils étaient les plus costauds d'un convoi de 2 500 français et qu'il y avait à la frontière yougoslave un tunnel stratégique à construire. A Loibl-Pass, leur petit camp perché sur les monts Karawanken, on savait mourrir mais aussi rire, chanter, saboter et rendre les coups, sur un vrai ring.Le Tunnel est le récit du calvaire et de la résurrection de ces français que rien ne prédisposait à s'unir. Ils avaient en effet tous les âges, du grand-père à l'écolier, ils venaient de tous les milieux, de l'ouvrier agricole au P.D.G. et de tous les horizons politiques. Sans parler des truands, assez fortement représentés, dont le comportement face à la férocité SS est riche d'enseignements. L'un d'eux pourtant s'est racheté au bagne même. Et comme en dépit de sa dégradante tonsure et de sa tenue de forçat, il était resté séduisant, une jolie fille, agent de liaison des partisans, l'a remarqué et aidé à s'évader.
____________________________________________________________Mon avis :
Riche d'enseignements, ce roman historique en regorge comme un mode d'emploi sur la vie, les gens et sur ce qu'il ne faut pas faire en matière de sociologie : un mode d'emploi pour continuer à vivre en bonne intelligence, tout simplement.
Paulo, ce robuste truand de 23 ans, devra l'apprendre à ses dépends, dans un milieu où tout est à l'envers, "un hôpital psychiatrique où les gardiens sont animés d'une folie meurtrière". Il ne devra compter que sur son vice de truand pour survivre à Loibl-Pass et observer, avec un recul résigné, l'avilissement involontaire et nécessaire de "la condition d'homme" de ses compatriotes : involontaire à cause d'une disciple de fer des SS et de leur volonté d'en faire des bêtes de sommes, nécessaire pour se réfugier en eux-même et réduire ainsi leur champ de percéption, évitant le contre-coup quotidien des exécutions sommaires, des insultes et des coups portés sans raison particulière, des expériences médicales menées par un médecin inculte avide de sang et dont le brassart à la croix rouge est sensé indiquer que son travail est de soigner...
Tout un pan de la société est donc soummis à ce même régime de terreur, dans ce "kommando" dédié au perçage du mont Karawenken, là où le sang coulent plus souvent que les larmes...
Un des rares livres qui me laisse à chaque relecture un sentiment mêlé d'exaltation (pour le courage poignant de ces héros involontaires) et de dégoût (matérialisé ici par la chiourme SS et dans tout ce que l'homme a de plus mauvais en lui).

[theyoubot]

Content de l'avancée des travaux, le directeur du camp s'étonne de l'ingéniosité technique de prisonniers pourtant novices en terrassement, ainsi que de leur résistance physique. L'explication est pourtant simple : les quelques milliers d'hommes qui avaient survécu plus de 1 ou 2 mois à Mauthausen étaient déjà beaucoup plus robustes et malins que la moyenne. Ne retenir parmi eux que les 300 les plus costauds et les plus vifs, c'était sélectionner une élite remarquable. Mais les dons multiples des prisonniers ne sont pas toujours au goût des géoliers. Le tunnel de Loibl-Pass existe toujours. Tout ce que raconte le roman est exact, l'auteur fut un des détenus. Seul le héros est fictif. Les tactiques de survie dans le camp et les plans d'évasion permettent de lire Le tunnel comme un roman distrayant et bien rythmé. De plus, la description du traitement des prisonniers en fait un document unique sur la folie des hommes.
Mon avis : excellent.
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[CeNedra]

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