Le Tueur - Jacamon et Matz

[benny dope]

Tout le monde a les mains pleines de sang, et moi un peu plus que les autres, mais pas beaucoup plus. Moi, ça se voit, c'est tout. "
Cette citation résume à elle seule toute la série Le Tueur : l'histoire d'un jeune étudiant en quête d'argent qui va devenir tueur professionnel.
Les auteurs ont décidé de nous donner son point de vue de l'histoire : on le suit tous les jours à travers ses actes mais surtout ses pensées. Ici point de critique ni de jugement.
Le parti pris de Jacamon & Matz est de montrer la vie de tous les jours d'un type ordinaire qui va un jour se trouver pris dans une machination et, qui de traqueur va devenir traqué.
Ce qui frappe ici c'est surtout le dessin : Jacamon nous donne à voir un tueur au physique et comportement des plus banals, qui évolue dans des décors aussi poignants de réalisme que variés, et utilise sa palette de couleurs comme le font les cinéastes les plus doués, comme des filtres.
Et cette narration qui sert parfaitement le scénario de Matz finit de nous convaincre que l'on a devant soit une des plus innovantes séries de b.d. qui nous ait été donné de voir et sans doute une des plus belles !

[Mycroft]

C'est effectivement une excellente série ! 5 tomes de pur talent et si l'aspect graphique peut rebuter au premier abord, je le sais car je n'avais pas apprécié au moment de la sortie des premier tomes, il ne faut pas bien longtemps avant d'apprécier !
Pour ceux qui apprécient le polar urbain, à la manière plus française qu'américaine (je veux dire dans le style du splendide blacksad).
_________________
« Et aussi, je me rappelle,
D’un ange, les ailes. »
Caleb SHOLMES, L dans Le Traducteur Hellène.

[Maere]

Magnifique BD. J'ai dévoré les cinq tomes.
Une merveilleuse neutralité de ton dans un monde brutal. On avance dans le noir et on y découvre des choses qu'on ne pensait pas y voir.

[L]

éd Casterman; coll. Ligne Rouge

1/ Long feu
2/ L'engenage
3/ La dette
4/ Liens de sang
5/ La mort dans l'âme
______________________________________

Je ne vais pas m'opposer aux avis précédents étant donné que j'ai, aussi, trouvé cette série excellente.
J'avais acheté le T.1 dans ces têtes de gondoles promotionnelles en grande surface, 5€, plus par instinct que par connaissance.
Quelle bonne surprise après la lecture de ce bouquin de me trouver face à une BD adulte sombre, profonde, prenante, sans concessions.

Le tueur, car c'est sa seule identité, nous plonge dans les remous de son âme, dans sa vision du monde, de la société dans laquelle il évolue, ses certitudes, ses doutes et ses peurs, aussi. La solitude, teintée de mysanthropie, est sa seule compagne et ennemie.
C'est un voyage dans la tête du tueur cette série, comme dit précédemment, où l'action parait secondaire, seulement liée de prêt à ce personnage singulier que l'on accompagne. Tout comme la mort qui chemine avec lui, avec nous, et qu'il dispense, stoique, comme un boulanger ferait du pain, un maçon monterait un mur. Un métier comme un autre que nous acceptons, ou pas, lecteurs pris dans l'engrenage de ses pensées.
Je n'ai pas tellement vu de ton neutre chez le tueur, mais plutôt un point de vue rugueux, sec et tranché. Son monde n'est remplie que de gens hypocrites qui se complaisent dans la violence. Lui, accepte cette violence, il s'en fait l'acteur. Il ne veut pas faire parti du "troupeau" des gens ordinaires, il veut exister en dehors de cela. (Cependant, on se rend bien compte qu'au fil des tomes, il va faire cette "foule" qu'il repoussé tant au début, ce faisant des amis, croyant de plus en plus en l'amour, et prenant confiance. La dernière vignette est caractèristique. Il s'est fondu dans la masse, rentré dans le moule.)
Mon album favori reste sans aucun doute le premier, huis clos en tête à tête passionant. Ensuite, la série s'engage vers une trame scénaristique bien sympa, mais le premier tome est différent, un tome de présentation en quelque sorte.

Concernant le dessin, je rejoins Mycroft, où à première vue, sans le rejeter en bloc, je trouvais le dessin étrange, puis assez vite, beau et étrange Les jeux d'ombres sont magnifiques, les couleurs tout autant, reflétant souvent de bien belle façon les ambiances sombres. Jacamon signe un travail franchement joli.

EDIT: Un sixième tome est sorti au mois de septembre dernier (Quatre ans depuis le T.5 que je pensais être l'ultime)! Je suis sceptique, mais je l'achéterai, voir ce que cela donne.


6/ Modus Vivendi
_________________
Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite

[L]

Le double post discret pour vous parler du sixième tome, Modus Vivendi.
Un cycle se termine avec les cinq premiers, et à l'image de la série, le tueur reprend du service quatres années plus tard.

Le cinquième volume était clos par une vignette représentant une foule, en Amérique du Sud, noyant le tueur. Le sixième, comme un maillon qui viendrait logiquement se poser là, s'ouvre sur une vignette représentant une foule, en Amérique du sud.
Et en effet, on renoue bien avec ce qui faisait le charme de la série: Le tueur est toujours sur le devant de la scène, nous livrant plus que jamais ses pensées et nous entrainant à ses côtés dans le déroulement tumultueux de sa vie. D'ailleurs, ce volume fait une très bonne synthèse du dévellopement des pensées du tueur (Caractérisant dans une grande partie le premier volume) et de "l'aventure" en elle même.
Et c'est donc un réel plaisir de retrouver cette ambiance, ce personnage principal qui a évolué en quatres ans, et qui est devenu celui auguré par les précédents tomes.
Le ton donné par les auteurs est toujours sec et tranchant et, aux vues de ce volume, on peut penser que les sujets abordés dans les prochains tomes ne le tariront pas.
Quant au dessin, si je trouve qu'il perd en profondeur et en détail, il reste très agréable.

Ainsi, Modus Vivendi signe un retour en force de Jacamon & Matz, et c'est avec une certane impatience que j'attends la suite de cette série.
_________________
Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite