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Beaune La Rolande - Cécile Wajsbrot

 
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yansored



Inscrit le: 19 Aoû 2004
Messages: 209

MessagePosté le: Ven Fév 06, 2004 4:03 pm    Sujet du message: Beaune La Rolande - Cécile Wajsbrot Répondre en citant

Mon avis : Une petite ville banale, perdue dans les champs du Loiret, et dont le nom, pour la plupart, ne signifie rien. Pour d’autres, au contraire, ce nom possède à jamais une résonance douloureuse. C’est ici, dès 1941, que des milliers d’hommes, femmes et enfants juifs ont été internés avant d’être déportés pour Auschwitz. Une anti-chambre de la mort à cent kilomètres de Paris.
Se souvenir. C’est ce que fait l’auteur de ce court récit, dont le grand-père est parti de Beaune la Rolande, pour ne pas revenir.
D’une plume sobre, maîtrisée, sans pathos, Cécile Wajsbrot égrène ces cérémonies de commémoration, où les survivants sont chaque année de plus en plus rares, ou cette longue liste de noms lus devant une plaque noire reste toujours aussi insupportable. Avec pudeur et finesse, elle raconte la blessure jamais refermée, la lutte contre le passage du temps et l’indifférence.
A lire, pour ne pas oublier.
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yansored



Inscrit le: 19 Aoû 2004
Messages: 209

MessagePosté le: Lun Fév 09, 2004 12:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Extrait de Beaune la RolandeÉditions Zulma 2004
ÉCRIREParis, le 24 juin 1990C’est que, quel que soit l’effort de la génération de l’histoire pour survivre et traverser, quel que soit l’effort de la génération du récit pour rassembler les pièces à conviction, on en revient à ce paradoxe. C’est-à-dire l’événement a eu lieu. Quelque chose, la déportation, l’exil, la guerre, la catastrophe. Et quelqu’un l’a vécu et survécu... À l’étage en dessous, on travaille à le reconstituer. Les enfants qui n’ont jamais entendu parler de cette catastrophe par ses témoins directs, mais qui savent, parce qu’il en est vaguement question dans les livres d’histoire, les émissions de télévision ou dans les journaux, les enfants qui en ont toujours entendu parler et qui savent aussi. De toute façon, leur savoir est d’un autre ordre que celui d’en haut. Le savoir d’en bas est différé, théorique et non empirique. C’est un récit troué, les pièces éparses d’un puzzle incomplet qu’ils tentent de reconstituer en important d’autres pièces venues d’autre puzzles, au hasard de recherches dans les livres, dans les conversations, pour construire l’image, qu’elle apparaisse enfin et qu’on en reconnaisse les contours. Mais le vêtement qu’ils porteront risque d’être un patchwork, un costume d’Arlequin de toutes les couleurs qui, certes a la même fonction que n’importe quel autre vêtement, comme leur histoire ressemble à une histoire, mais une histoire faite de paragraphes juxtaposés sans que rien, dans le récit, ne suive de ligne directrice. Ils peuvent toujours le porter, ce vêtement, s’ils n’ont rien d’autre à se mettre, mais il ne leur va pas très bien – trop large, trop flou, sans forme, ils flottent dedans.
Octobre 2001Au chapitre 55 du Quart Livre de Rabelais, Pantagruel est en haute mer avec ses compagnons à la recherche de l’oracle de la Dive Bouteille, et il entend des voix. Autour de lui, c’est la mer – l’étendue vide – personne. Panurge a peur, il voudrait fuir, mais le pilote du bateau le rassure.
« Seigneur, de rien ne vous effrayez. Icy est le confin de la mer glaciale sus laquelle feut, au commencement de l’hyver dernier passé, grosse et félonne bataille (…). Lors gelerent en l’air les paroles et crys des hommes et femmes (…). A ceste heure la rigueur de l’hyver passée, advenente la serenité et temperie du bon temps, elles fondent et sont ouyes. »
Ainsi le froid – aux confins de la mer glaciale – a-t-il gelé les paroles d’une guerre au moment où elles furent prononcées, les figeant dans l’espace et le temps – et ce n’est que plus tard, à l’occasion du dégel, qu’on les entend. Mais ceux qui les entendent sont-ils ceux à qui ils étaient destinés ? Quand la guerre avait lieu, il n’y avait personne pour percevoir les plaintes et les cris des combattants, de ceux qui, malgré eux, se trouvaient pris dans la tourmente, et à présent que certains parcourent l’étendue des eaux, s’aventurent enfin aux limites des glaces, ils entendent ces paroles gelées mais la guerre est fini – elle n’est plus de saison.
De l’hiver au printemps, des glaces au dégel, c’est le temps du récit qui se tient, le temps de la littérature. Un événement n’est jamais raconté à l’instant où il se passe – ou c’est le direct des actualités -, on ne peut habiter les deux côtés du miroir à la fois, il faut franchir le seuil et passer la frontière – même dans le brouillard – et savoir, surtout, de quel côté on est.
C’est la littérature qui nous fait passer du gel au dégel et changer de saison, c’est la littérature qui nous fait entendre les paroles des combattants, celles qu’ils croyaient perdues et qui, demeurées en suspens, sont entendues et restituées plus tard, bien plus tard, par les navigateurs du large que sont aussi les écrivains.
5 septembre 2001Au fond, que dit Sebald, dans son essai sur la guerre aérienne et la littérature ? que la littérature allemande n’a jamais recensé l’ampleur des destructions physiques et morales dues aux bombardements aériens. Certes, il y a quelques traces mais ce n’est rien par rapport à l’événement et à ses conséquences. Pourtant, il ne fait que dresser un état des lieux, établir une constatation, sans en analyser les causes, par exemple, la mauvaise conscience, et les effets du passage de la maîtrise du monde à la défaite.
Lisant ce livre, je repensais – comme au moment des réfugiés du Kosovo – qu’en France, on ne parle jamais de l’exode, comme si ces journées, ces semaines, ces longues files sur les routes, ne faisaient pas partie de la mémoire collective. On finit d’ailleurs par se demander s’il existe une mémoire collective, dans ce pays.Tous droits réservés © Editions Zulma
Éditions ZulmaÀ Beaune-la-Rolande, dans cette petite ville paisible du Loiret, des milliers de déportés ont été internés avant d’être envoyés dans les camps d’extermination. Parmi eux, le grand-père de l’auteur, qui y a été détenu un an, et qui est mort deux mois après son arrivée à Auschwitz. Chaque année, une cérémonie a lieu, à laquelle se rendent les survivants, qui se font de plus en plus rares, et leurs familles. Chaque année, des discours, une commémoration, rappellent l’événement. Des dizaines d’années plus tard, la blessure demeure. Voici un texte court, profond et dense sur la nécessité du souvenir. Cécile Wajsbrot continue au fil de ses écrits son travail discret, intense et nécessaire contre l’oubli. Elle tente ici d’évaluer la distance - qui semble s’élargir de jour en jour - entre une histoire collective et individuelle. Les aléas sont presque inévitables, on en vient à reconstituer des morceaux de puzzle, faute de mieux. Chacun essaie de se créer une image sur son origine, si douloureuse soit-elle, préférable au vide. Alors, l’histoire collective se teinte doucement mais sûrement en un patchwork d’histoires individuelles et chacun porte son fardeau, comme il peut.
Un récit fouillé autant dans son mode d’écriture alternant un journal, des notes de voyage, des rêves, des cauchemars que dans ses réflexions intimes et littéraires. Un texte personnel écrit à la première personne, qui, grâce à l’écriture, devient universel en touchant à notre histoire.
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