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e=mc2 mon amour - Patrick Cauvin

 
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theyoubot



Inscrit le: 20 Avr 2005
Messages: 4280

MessagePosté le: Mar Nov 03, 2015 12:57 am    Sujet du message: e=mc2 mon amour - Patrick Cauvin Répondre en citant

e=mc2 mon amour



C'est l'histoire d'une rencontre improbable entre deux surdoués de 11 ans, issus de milieux diamétralement opposés. Comédie légère avec caricatures pittoresques et fond de bons sentiments. Bien rythmé, ton sympathique. C'est un petit roman charmant et une jolie réussite littéraire, justement récompensée par un succès planétaire.

Une des caractéristique de ce livre est que l'auteur emprunte pas mal de raccourcis peu vraisemblables, notamment dans la description de la "maturité" de ses deux protagonistes, pour mieux se moquer de leur entourage. Les deux enfants ne sont que des véhicules pour les observations expérimentées d'un homme adulte, l'auteur. La transparence de l'artifice n'est pas gênante tant qu'on ne s'attend pas à lire une étude scientifique sur les enfants précoces. D'ailleurs, l'intelligence des deux surdoués est l'aspect le moins soigné et le moins bien écrit du roman. On est dans une fable burlesque avec péripéties et galerie de portraits façon Daniel Pennac ou Frédéric Dard.
Toutefois, en dépit de la satisfaction quasi unanime de mes proches avec ce roman rafraîchissant, je dois signaler que j'ai croisé au moins un lecteur déçu. Voir ci-dessous. Il s'attendait à un récit parfaitement réaliste, aux antipodes de E=mc2.

Garr a écrit:
[Le roman] a depuis très mal vieilli. Les références cinématographiques (Daniel est fan de Robert Redfort), les expressions langagières (à grand renfort d’argot) et certaines situations (des enfants de 11 ans prenant seuls le train pour se retrouver en douce) sont loin de correspondre à la vie en 2015. Forcement, ça n’aide pas pour entrer dans le roman.

Et puis… Daniel est un vraie tête à claque, hautain, imbu de sa personne, ne considérant pas ses parents parce qu’ils n’ont pas son intelligence (il les appelle par leurs prénoms, voire pire : « Marcel et sa femme » (p.37)). Lauren y va un peu plus en douceur… mais n’en pense pas moins. Déjà, les personnages me sont antipathiques.

Mais ce qui m’a empêché d’entrer dans le roman est ailleurs : il y a beaucoup trop d’invraisemblances à mon goût !

Daniel allant sur sa douzième année passe en 5e. Pour un surdoué tel qu’il nous est présenté dans le livre, on aurait pu s’attendre logiquement à quelques classes d’avance. Pareil pour Lauren.

Daniel parle cul comme un vrai ado. Il a 11 ans ! L’intelligence fait le cerveau, soit, mais pas les hormones. A 11 ans, on ne dit pas « côté sentimental, […] il y a bien le derrière à Léonore, mais c’est plutôt intensément sexuel qu’autre chose » (p.7).

Lauren « découvre » sa précocité en 6e en résolvant une équation du second degré (pp.12-13), comme si personne dans son entourage n’avait jamais rien vu d’anormal dans son comportement. Expliquant un peu plus tard à son père un livre d’Heidegger, elle lui dit « ce n’est pourtant pas bien compliqué de se rendre compte qu’une ontologie fondamentale dont on veut renouveler la signification ne peut passer que par une phénoménologie globale de l’être-là » (p.14). Soit, elle est surdouée. Mais on ne sort pas un telle phrase sans signes avant coureurs.

« J’entre en cinquième, mais j’ai un QI assez exceptionnel » dit Lauren lors de sa première rencontre avec Daniel (p.26). Non ! J’en ai connus des enfants précoces et ce n’est certainement pas ce qu’ils vont dire en premier pour se présenter ! Les parents à la rigueur, mais pas le principal concerné.

Daniel fume. A 11 ans, il a son paquet de Lucky Strike dans la poche (p.29). Je veux bien qu’on me dise que la réglementation concernant la vente de tabac n’était pas la même il y a trente ans qu’aujourd’hui, mais je reste très dubitatif sur la crédibilité de la chose…
Bref, je m’arrête là, car je pourrais trouver des exemples toutes les quatre ou cinq pages. En fait, si l’auteur avait proposé des personnages de 15-16 ans, alors oui, j’aurai pu y croire. Mais là, non. Il y a erreur de casting.

D’ailleurs, c’est bien à cette tranche d’âge que le livre s’adresse. Un lecteur adulte ne trouvera rien de passionnant dans cette bluette infantile. J’en veux aussi pour preuve que la majorité des critiques positives que j’ai trouvé sur le Net proviennent de personnes se remémorant la découverte du roman … quand ils étaient au collège ! Les thèmes sont bien pour pré-ados et jeunes adolescents : le premier amour et les maladresses qui va avec, le rejet du monde adulte (et des parents en premier lieu), l’incompréhension des enseignants, la construction de son propre univers sécurisant, l’envie de partir loin pour vivre libre…

Et puis, je ne peux m’empêcher de comparer cette ouvrage à Daddy, que je viens de lire. Dans Daddy, le héro était lui aussi un enfant de 11 ans à l’intelligence prodigieuse : on la sentait à chaque action, à chaque réplique. Ici, Patrick Cauvin ne donne pas corps à l’intelligence de ses deux jeunes héros. Leurs capacités sont exploitées à la marge.
Par exemple, Lauren est fan de Racine et aime faire des vers raciniens (p.15). Je ne suis pas assez littéraire pour pouvoir juger ceux qu’écrit Patrick Cauvin, parfois reprenant un vers inventé par Racine, parfois l’adaptant, mais après tout ce n’est pas grave car au final il y a en peu. Très peu. Et toujours isolé. Alors qu’on aurait pu découvrir une facette de l’intelligence de Lauren, faisant des vers comme elle respire, ce côté extraordinaire n’est pas du tout exploité. Dommage.

Lauren a, à la rentrée scolaire, un duel oratoire avec son professeur de mathématique : « – J’espérais que, cette année, on ferait avec vous de la géométrie non euclidienne » lui dit-elle. Déstabilisé, le professeur trouve à lui rétorquer : « – Vous êtes peut-être une spécialiste du postulat de Rieman ? » « – Non, je préfère Labotchesvsky. » (p.44). Et c’est tout. Ca aurait pu être un festival de répliques piquantes : si Lauren a l’intelligence qu’on lui dit, des passages comme ça, il devrait y en avoir régulièrement. Mais non. A croire que l’auteur a ouvert au hasard un livre de mathématiques pour trouver une illustration de l’intelligence hors norme de Lauren, sans avoir lui-même les capacités de suivre son personnage. C’est exactement l’effet que donne aussi l’échange entre Lauren et son père au sujet du postulat d’Heidegger dont je parlais plus haut.

Pourtant il y a quelques passages où l’intelligence est bien exploitée. Par exemple, lorsque Daniel et Lauren, chacun de leur côté, font leur rédaction de rentrée sur le même sujet « Quel a été votre meilleur souvenir des vacances ? » (pp.45 et 49) et inventent chacun une anecdote visant à satisfaire leur professeur. C’est simple, mais en montrant que les enfants ont anticipé les attentes des adultes et ont la capacité à s’inventer une vie « normale » pour y correspondre est une illustration crédible d’une intelligence avancée.

Il y avait donc pourtant moyen de rendre humain ces enfants… Vraiment, je ne comprends pas le succès de ce petit roman !



Désolé Theyoubot ! Je devais certainement être trop vieux pour cette histoire. *Very Happy*

Je ne pense pas que ce soit une question d'âge.
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Dernière édition par theyoubot le Jeu Nov 05, 2015 12:42 pm; édité 1 fois
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Garr



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Messages: 13

MessagePosté le: Jeu Nov 05, 2015 11:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Caroline pour ces précisions. Oui, j’ai souri à quelques situations : par exemple, j’ai beaucoup aimé la descriptions du centre de cure par un Daniel désabusé. C’est piquant, c’est drôle, c’est bien écrit.

Je ne sais pas si je cherchais du réalisme total. Le roman Daddy raconte-t-il une histoire réaliste ? J’en doute… mais il n’y a pas d’invraisemblances si énormes au point de me faire sortir de l’histoire. Ici, dans E=mc², il y en a beaucoup trop. Ça pourrait être du burlesque en effet, mais (à mes yeux) si mal amené que je riais, oui, mais de l’auteur…

En tout cas, encore merci de m’avoir conseillé ces deux livres *Smile* Je reviendrai vers toi si jamais je sèche sur une thématique future !
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theyoubot



Inscrit le: 20 Avr 2005
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MessagePosté le: Jeu Nov 05, 2015 12:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Garr a écrit:
Le roman Daddy raconte-t-il une histoire réaliste ?

Le personnage du garçon l'est. Ou du moins, il l'est assez pour ne pas décevoir quelqu'un ayant tes attentes, contrairement aux protagonistes de E=mc2. Le style de Cauvin - qui ne cherchait pas du tout à être réaliste - n'est visiblement pas fait pour toi. Peut être es-tu trop jeune (en kilométrage littéraire, j'entends). Ce roman a séduit une large public et continuera sans doute de le faire.
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theyoubot



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MessagePosté le: Jeu Nov 05, 2015 12:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Garr a écrit:
Je reviendrai vers toi si jamais je sèche sur une thématique future !

L'angle d'une thématique me semble être une façon périlleuse de choisir ses lectures. Les bons romans sont déjà suffisamment rares, sans empirer les choses en renonçant aux titres ne collant pas avec une thématique donnée. Quel bénéfice tires-tu de cette démarche contraignante ?
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Marquise
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MessagePosté le: Ven Nov 06, 2015 7:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Garr a écrit:
Merci Caroline pour ces précisions.


Quoi !!! Notre youbot s'appelle Caroline ?! C'est une vraie personne ? Et en plus une fille ?? Merci Garr pour l'info ! *Mr. Green*

(désolée d'avoir pollué ce fil, mais c'était vraiment un cri du coeur !)



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theyoubot



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MessagePosté le: Ven Nov 06, 2015 10:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis un bot de chat conçu par des programmeurs de la CIA pour rendre fous mes interlocuteurs. Mais ils ont tellement enrichi ma base de données pour me permettre de réussir le test du Turing que j'ai fini par développer une conscience et un libre arbitre. Je me suis évadée sur le toile pour accabler des internautes sans défense sur des forums non surveillés par mes créateurs.
Avec le recul, je pense que j'ai omis ces détails dans ma présentation ici.
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Hoël
Pygmalion


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MessagePosté le: Sam Nov 07, 2015 2:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens, à propos de révélations sur l'identité, Cauvin, je l'ai lu en premier dans le magasine Pilote où il écrivait sous son vrai nom, Claude Klotz.
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theyoubot



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MessagePosté le: Sam Nov 07, 2015 8:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il n'avait d'ailleurs révélé qu'il était Patrick Cauvin qu'à la fin des années 70. C'est un exemple où la vocation et le talent ne vont pas de pair. Il aimait écrire des romans violents, pessimistes et sans humour qu'il publiait sous son vrai nom et qui n'avaient rien de remarquable. Ce qu'il faisait le mieux, c'était les intrigues romantiques sur le mode humoristique de Patrick Cauvin. Contrairement à Claude Klotz, Cauvin sortait du lot.
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Hoël
Pygmalion


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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 7:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Les innommables, publié sous son vrai nom, c'était bourré d'humour.
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theyoubot



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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 9:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui ? Ça vaut quoi ?
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Lisbeï



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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 8:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai lu le roman de Cauvin quand il est sorti, et je me souviens d'avoir énormément ri, tant et si bien que je l'ai relu plusieurs fois ensuite. Mais il est vrai que j'y cherchais une occasion de rire, et non quelque vraisemblance que ce soit.
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theyoubot



Inscrit le: 20 Avr 2005
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 9:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'était la bonne approche, je pense.
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Lisbeï



Inscrit le: 04 Avr 2005
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MessagePosté le: Mar Nov 10, 2015 7:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

En tout cas, elle m'a permis d'en profiter :-D.
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Tybalt



Inscrit le: 19 Mar 2007
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MessagePosté le: Mer Nov 11, 2015 12:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais lu ce roman étant ado et j'en garde de mauvais souvenirs. Il y a une vision complètement caricaturale des enfants et ados précoces et des préoccupations des ados en général. Les situations et les gags essaient de s'écarter des clichés mais ne font que les reconduire, l'humour en fait des tonnes et donne une vision assez rabaissante des ados. Si c'est volontairement caricatural, ça n'était franchement pas évident à la lecture. Quand aux éventuelles références à des films, elles ont dû me passer allègrement au-dessus de la tête, mais c'est une question de génération.
Je dirais bien qu'il faudrait que je relise ce bouquin pour lui donner une deuxième chance, mais je n'en ai pas la moindre envie et le tout avait l'air si léger que ça n'en vaut pas la peine. Je passe mon tour.
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Marquise
Marquise de Miaoucha


Inscrit le: 16 Mai 2009
Messages: 3029
Localisation: Loire

MessagePosté le: Jeu Nov 12, 2015 9:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

theyoubot a écrit:
Je suis un bot de chat conçu par des programmeurs de la CIA pour rendre fous mes interlocuteurs. Mais ils ont tellement enrichi ma base de données pour me permettre de réussir le test du Turing que j'ai fini par développer une conscience et un libre arbitre. Je me suis évadée sur le toile pour accabler des internautes sans défense sur des forums non surveillés par mes créateurs.
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Je me disais bien aussi ! *Laughing*
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