[Trilogie] Witch song - Amber Argyle

[Soleil*]

Tome 1 : Witch Song
(VO : 2011 / VF : 2014)

Brusenna vit en recluse dans la forêt, avec sa mère Sacra. Ses rares expéditions dans le village voisin l’angoissent, car les habitants la haïssent et ne demandent qu’à s’en prendre à elle. Tout ça, parce que la jeune fille et sa mère sont des sorcières !
Mais voilà un jour qu’une ancienne condisciple de Sacra vient remettre en question leur petite vie discrète. Espen, la Sorcière Noire qui a trahi les siens, a acquis de plus en plus de puissance. Modifiant le climat, elle tue peu à peu les terres et océans. Or pour la contrer, il ne reste plus qu’une poignée de Gardiennes : il n’est plus temps de se cacher, mais d’affronter l’ennemi. Sa mère partie, Brusenna se retrouve livrée à elle-même.

La somptueuse couverture de ce nouveau titre des éditons Lumen m’avait donné très envie de découvrir ce roman. Je ressors de cette lecture un peu déçue, car ce n’est pas à la hauteur de mes attentes (très fortes, reconnaissons-le).
Les personnages sont très classiques : une jeune héroïne belle et douée, courageuse, mais inexpérimentée et manquant de confiance en elle, accompagnée d’un beau jeune homme qui – évidemment – tombe éperdument amoureux au premier regard et est prêt à la servir jusqu'à la mort. Hélas, Senna passe son temps à se plaindre et se rabaisser, j’ai eu du mal à m’attacher à elle, j’avais plutôt envie de la secouer. Ceux qui la côtoient la trouvent charismatique, tandis que je la juge fade ! Quant à ses actions, elles sont peu crédibles. Sa manière de se lancer bille en tête à l'assaut de la méchante sorcière est limite ridicule : elle n’a pas de formation, ignore tout de ses pouvoirs et des sorcières en général, mais croit dur comme fer pouvoir affronter celle contre laquelle toutes les autres sorcières se sont cassées les dents. Quant à Joshen, il ne fait finalement guère que de la figuration, apportant son soutien moral plus qu’une aide réelle dans les situations difficiles.
Le schéma de l’histoire est également très prévisible, avec une série de fuites devant des adversaires impitoyables, une phase (trop rapide) d’apprentissage et un affrontement final contre un adversaire surpuissant. Les rebondissements trop attendus ne sont pas vraiment prenants ; seule la fin du roman m’a vraiment emballée, l’action devenant plus intéressante… pour me laisser sur ma faim à la dernière page, tant il reste de questions en suspens. Peut-être aurait-il été adéquat d’indiquer clairement sur la couverture qu’il s’agit d’une trilogie, car la fin est très insatisfaisante à mon goût, ne résolvant que les problèmes immédiats. Et pourquoi ne pas avoir traduit le titre ?

Par contre, j’ai été séduite par l’univers médiéval dans lequel évolue Brusenna, avec un système de magie très intéressant. C’est par le chant que les Sorcières vont influer sur les éléments, il leur faut savoir chanter et avoir l’oreille musicale. La fatigue vocale ou un simple bâillon vont donc être des obstacles de taille pour les Sorcières !
De plus, les Sorcières affectionnent l’utilisation de graines qu’elles lancent dans le vent, qui peuvent se développer à toute vitesse et répondre à leurs besoins. En quelques secondes, un arbre peut être assez grand pour empoigner des adversaires avec ses branches et les envoyer voler à plusieurs pas de là… La ceinture pleine de graines, les Sorcières sont prêtes à se battre en duel ! Cela titille l’imagination.

Si les lecteurs adultes risquent donc de s’ennuyer un peu face à une intrigue et une romance sans grande surprise, je pense que l’univers original imaginé par Amber Argyle saura plaire à un public plus jeune, qui se laissera emporter par les nombreux rebondissements autour des jeunes héros.

(Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire)
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Soleil*]

Tome 2 : Witch Born
(VO : 2012 / VF : 2015)

Depuis que la Sorcière Noire a été vaincue, la vie a repris son cours au Refuge, l'île qui abrite les Sorcières. Brusenna y a repris sa formation, ce qui lui convient parfaitement. Hélas, c'est bien la seule chose qui aille bien : elle n'arrive pas à convaincre les Maîtresses de lever la terrible malédiction lancée sur la Tartennie, condamnant le pays à une mort certaine ; ses actions et ses pouvoirs lui valent la jalousie des autres Sorcières ; les Maîtresses, et sa mère également, lui cachent des choses "pour son bien" ; et même ses relations avec Joshen sont vacillantes, tant le jeune homme se montre ultra-protecteur.

Alors, la jeune fille se rebelle. Les Maîtresses refusent de l'écouter et ne voient pas le danger si imminent que Senna ressent dans toutes les fibres de son corps ? Tant pis : Senna va se passer d'elles pour comprendre ce qui se passe et se débarrasser de la menace, à n'importe quel prix.

Si le premier tome, trop prévisible et convenu, ne m'avait pas entièrement convaincu, ce n'est pas le cas de celui-ci. Il commence certes avec un schéma qui m'a fait lever les yeux au ciel (oh, la pauvre jeune fille que personne ne croit, à qui personne ne veut rien expliquer alors qu'elle est la seule à pouvoir sauver le monde !) mais l'histoire devient vite plus prenante. Quelques enchaînements de situation semblent vraiment peu naturels, mais dans l'ensemble l'intrigue se lit avec plaisir.

Ce qui fait vraiment la différence avec le tome précédent, ce sont les personnages. Senna a mûri, elle a pris confiance en elle et n'hésite pas à agir pour ce en quoi elle croit, faisant preuve de courage et de ténacité. D'autres personnages prennent une nouvelle dimension (notamment Reden, très à son aise en meneur des Protecteurs) tandis que de nouveaux apparaissent, étoffant ainsi l'histoire.

L'univers devient également plus sombre : ce n'est plus une méchante Sorcière qui anéantit toutes les gentilles Sorcières, mais une flopée de Sorcières finalement très humaines qui font / ont fait pas mal de mauvais choix... On a ainsi des pistes de réflexion sur l'utilisation de pouvoirs exceptionnels et la manière dont ils sont considérés par ceux qui en sont dépourvus.

C'est donc une bonne surprise que ce deuxième tome de la série Witch song, et on ne peut qu'espérer que le prochain soit aussi agréable à lire !

(Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire)
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Soleil*]

Tome 3 : Witch Fall
(VO : 2014 / VF : 2015)

Petite fille, Lilette a vu ses parents périr à cause d'une trahison. Échouée sur une petite île, elle a été recueillie par un pêcheur qui l'a élevée comme sa fille. Elle rêve de retrouver sa sœur Sash, la seule famille qui lui reste, mais a bien plus peur encore d'attirer l'attention de ses ennemis, aussi en huit ans n'a-t-elle jamais chanté, bien qu'elle soit née sorcière.

Pourtant, pour sauver son père adoptif, Lilette désespérée a chanté pour que le vent ramène plus vite sa barque sur la plage. Le chant magique a attiré l'attention des Veilleuses, les sorcières à l'écoute de ce genre de choses. Hélas, le prince Chen, Héritier de l'Empire de Harshen, est arrivé le premier. Il a massacré les habitants de l'île et emmené la jeune fille pour en faire de force sa concubine...

Ce troisième tome de la trilogie Witch Song se passe en fait plusieurs siècles avant les événements relatés dans Witch Song et Witch Born. Il peut d'ailleurs se lire indépendamment. On y découvre l'histoire de Lilette, cette sorcière rebelle qui s'est opposée à ses consœurs et dont le nom a été effacé des livres.

A l'époque de Lilette, plusieurs siècle avant celle de Brusenna, les sorcières représentent l'une des plus grandes puissances au monde. N'hésitant pas à utiliser les éléments pour contraindre leurs ennemis, elles sont craintes autant qu'admirées. Pourtant, elles sont sur le point de chuter : "Tous les livres qui aient jamais existé relatent la même histoire : à l'apogée d'une civilisation, les puissants finissent par s'autodétruire". Rongées par la fierté et l'ambition, les plus puissantes sorcières ont décidé de dominer le monde sans tolérer la moindre bribe d'opposition...

J'avoue avoir trouvé Lilette bien plus vivante et intéressante que Brusenna. C'est donc avec plaisir que j'ai suivi ses aventures. Elle a oublié tout ce qu'elle connaissait enfant, mais va bien vite le réapprendre au contact des sorcières. Elle va également bien vite comprendre que la communauté des sorcières ne représente pas la panacée : luttes de pouvoir au sommet, mépris et injustices envers celles qui ne chantent pas assez bien... En plus, élevée parmi les Harsheniens, elle se sent l'une des leurs et est donc personnellement touchée devant la cruauté des Gardiennes, capables de ravager un pays entier pour appuyer leur position.

Pour autant, ma lecture a un peu souffert d'un sentiment de déjà-lu, car Lilette se heurtant aux méchantes Maîtresses qui l'utilisent rappelle inévitablement Brusenna dans le même rôle. Les personnages secondaires sont sympathiques mais manquent de profondeur, même Jolin qui, en tête de chaque chapitre, raconte comment elle a vécu les événements, et ce - comme on le voit vite - sans vraiment comprendre Brusenna à aucun moment.

Cette lecture ne m'en a pas moins fait passer un bon moment, et devrait plaire sans souci à tous les jeunes amateurs de sorcières, de pouvoirs et de beaux sentiments.

Pour ceux qui hésiteraient à se lancer dans l'aventure, vous pouvez découvrir l'univers des sorcières dans une nouvelle gratuite, préquelle de Witch Fall, disponible ici sur le site de l'éditeur Lumen.

(Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire)
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Soleil*]

Et mon avis sur "Witch Rising", la préquelle de "Witch Fall" :

Bof. C'est sympa, mais un peu inutile : ce serait plutôt un prologue qu'une nouvelle à part entière. On n'apprend quasi rien de plus que ce qui est déjà presque dit dans Witch Fall, mais qui manquait parfois de détails (notamment sur le personnage de Salfe), et en plus ça finit vraiment trop en queue de poisson si on n'enchaîne pas sur la suite.
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.