Harry Potter et compagnie : la veine anglo-saxonne
Madeleine, 11 ans, a tagué sa chambre avec les noms de ses héros : Lyra, Hagrid, Frodon, Lucy... Elle vit avec eux, dans une sorte de famille parallèle. En attendant la parution en français, le 26 octobre, de Harry Potter et les reliques de la mort, elle relit l'énorme compilation (1 024 pages) de A la croisée des mondes, de Philip Pullman, publiée chez Gallimard. Elle a essayé de lire d'autres livres, comme Peggy Sue de Serge Brussolo, mais, tranche-t-elle, "les meilleurs, c'est les Anglais".
Etonnant discernement. Car si l'on considère les plus grands succès de la littérature enfantine dans la catégorie "fantasy", tous ou presque sont britanniques : Harry Potter, de Joanne Kathleen Rowling, A la croisée des mondes, de Philip Pullman, Le Monde de Narnia, de Clive Staples Lewis et, bien sûr, Le Seigneur des anneaux, de J. R. R. Tolkien. Comment expliquer que les Anglais soient les champions de la "fantasy", terme difficilement traduisible, qui recouvre un mélange de fantastique, d'animisme magique et de merveilleux ? Un genre littéraire peut-il avoir à faire avec le génie d'un peuple ?
"Une thèse entière n'épuiserait pas la question", plaisante l'angliciste Jean Vaché, professeur à l'université Montpellier-III, qui voit dans la "fantasy" une "résurgence des littératures antiques et médiévales européennes". En Angleterre, cette veine ne s'est jamais éteinte. "Shakespeare n'a inventé ni Puck ni la reine Mab, très présents dans le folklore britannique, rappelle-t-il. Milton, dans son poème de jeunesse L'Allegro, met à nouveau en scène Puck, le lutin farceur qui vient de nuit boire la crème du lait et disparaît au chant du coq." Avant eux, l'Angleterre et l'Irlande avaient donné ce qui est, selon Jean Vaché, "le plus beau roman de "fantasy" jamais écrit", The Fairy Queen, immense poème narratif "plein de dragons, d'elfes, de sorcières, d'arbres enchantés (copiés par Tolkien), de preux chevaliers, de géants, de maléfices et de jardins enchantés". "Vous voyez, dit-il, Mrs Rowling est nettement enfoncée..."
RICHE SUBSTRAT LITTÉRAIRE
A ce riche substrat littéraire (auquel il faudrait ajouter la légende arthurienne), s'ajoute une propension toute britannique à passer de l'autre côté du miroir. "Les Anglais excellent à faire ce pas de côté, à montrer cette minuscule échancrure par où tout bascule", souligne Christine Baker, des éditions Gallimard. Basée à Londres, cette talentueuse éditrice a découvert Rowling et Pullman bien avant qu'ils ne soient connus : "Chez C. S. Lewis, c'est la traversée de l'armoire aux vieux manteaux qui vous propulse dans une forêt de pins enneigée. Chez Rowling, le mur de King's Cross dans lequel il faut foncer, les yeux fermés et les dents serrées, pour atterrir sur le quai 9 3/4", ou comme chez Lewis Carroll, le terrier du lapin blanc où Alice n'en finit pas de tomber, avant d'arriver à Wonderland. "L'ailleurs n'est pas forcément enchanteur : l'idée est qu'une autre réalité coexiste avec celle que nous voyons" et que le visible et l'invisible sont indissociables. Pourquoi les Anglais sont-ils si à l'aise dans ce parallélisme ? "Peut-être parce qu'ils n'ont aucun embarras à écrire pour la jeunesse, note Christine Baker. Voyez Stevenson ou Kipling : enfance et littérature, c'est le même univers et la capacité à entrer dans le rêve."
Pour expliquer cette dualité, Philip Pullman propose une hypothèse plus littéraire encore, évoquant "le côté double de la langue elle-même". "L'anglais est une chimère, précise-t-il. Moitié anglo-saxon moitié franco-normand, c'est un outil d'une magnifique flexibilité, capable d'exprimer dans la même phrase le coarse (trivial) et le subtil. Tout le théâtre de Shakespeare en regorge. Et de même que Claude Monet a trouvé dans le smog londonien quelques-uns de ses plus beaux effets, de même n'importe qui, écrivant en anglais, vous parlera de la puissance de suggestion, de la musique, du mystère de cette langue."
Philip Pullman, auteur des Royaumes du Nord, qui travaille actuellement à un livre intitulé The Book of Dust (le Livre de la poussière) - "un long roman où Lyra a 16 ans et où l'on retrouvera d'autres personnages de ma trilogie" -, dit avoir été influencé par Shakespeare et Milton, admirer Lewis Carroll mais ne trouver aucun intérêt à Tolkien, dont la prose est, selon lui, pudibonde et "truffée d'archaïsmes".
Des points communs relient Rowling, Pullman, Lewis et Tolkien. Le plus frappant est que tous relèvent de la school story. "Le pensionnat est le cadre idéal pour toute histoire destinée à la jeunesse", note Sara Poole, professeur de littérature à l'université de Reading. "C'est une vraie communauté d'enfants où les adultes n'ont qu'un rôle d'arrière-plan." D'où la fortune du genre depuis au moins sept décennies. "Aujourd'hui, on revisite des classiques comme The Chalet School Girls ou la série Dimsie, dit-elle. Mais le génie de Rowling - comme celui des trois autres, tous enseignants ou ex-enseignants à Oxford ou à Cambridge - est d'avoir réussi cet amalgame entre la tradition fantastique à l'échelle de l'épopée et celle de la school story. On se demande pourquoi on ne l'avait pas fait avant. Jill Murphy avait testé le genre apprenti sorcier avec The Worst Witch, mais pas avec le même talent."
Mais pourquoi ce qui est typiquement anglais s'exporte-t-il si bien ? Sans doute parce que ces oeuvres charrient des valeurs universelles : l'enfant incompris enfin révélé à lui-même et aux autres, une certaine vision du bien et du mal, un arrière-fond métaphysique présent chez tous... Une chose est sûre, en tout cas, si les Américains font des challengers honorables - notamment Christopher Paolini avec Eragon ou Lemony Snicket avec Les Orphelins Baudelaire -, les Français, eux, restent loin derrière les auteurs britanniques.
Florence Noiville
Article paru dans l'édition du 12.07.07.
Citation:
Références
100 000 exemplaires. En France, les ventes des livres d'Harry Potter en anglais ne cessent de progresser : plus de 100 000 exemplaires vendus pour chacun des deux derniers tomes, indique Hedwige Pasquet, PDG de Gallimard Jeunesse.
3 600 termes. Pour goûter pleinement le Potter dans le texte, les Editions du Temps publient un Dictionnaire Harry Potter anglais-français, de Denis Bruchon (160 p., 9,50 €). Cet ouvrage offre 3 600 termes permettant de ne plus confondre "a slug" (une limace) et "a steed" (un cheval coursier), ainsi qu'un classement thématique pour combler ses lacunes. L'idéal pour tous ceux qui n'auront pas la patience d'attendre la traduction française.
J'ai recopié l'article, je ne suis pas sûre qu'il siot éternellement dispo... -- Crazy
Qu'en pensez vous ?
Etes vous d'accord avec cette affirmation ?
Trouvez vous les arguments valables ?
Quelle est votre propre opinion sur le sujet ?
(Je donnerais mon point de vue de Tolkiendil plus tard ) _________________ Zelphalya
Co-Administratrice du Coin des Lecteurs
Inscrit le: 07 Juin 2007 Messages: 83 Localisation: entre terre et mer
Posté le: Jeu Juil 12, 2007 5:28 pm Sujet du message:
Difficile pour moi de me prononcer sur le sujet étant donné ma peu faramineuse culture de la Fantasy ( surtout en comparaison des nombreux spécialistes du forum). Néanmoins, je ferais deux remarques:
- le SDA est considéré comme une lecture pour enfants dans l'article alors qu étant donné la richese du texte plusieurs niveaux de lectures sont possibles
- les contes pour enfants sont apparentés à la Fantasy car comme elle, ils puisent leurs racines dans diverses mythologies et légendes qui ne sont pas l'apanage des anglo-saxons. _________________ Veni vidi vici
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Jeu Juil 12, 2007 6:31 pm Sujet du message:
Les arguments me semblent solides.
Maintenant, je nuancerais en disant que, suite aux différences culturelles, la fantasy (pour enfants) est peut-être plus "classique" dans les pays anglo-saxons, donc a plus de succès (y compris une foit traduite). Je n'entends pas par là qu'elle manque d'originalité, mais que les auteurs n'étant pas originaires de cette culture ont peut-être une approche moins classique, justement, donc potentiellement plus de mal à trouver leur public.
(j'avais un autre argument mais il a filé ) _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Jeu Juil 12, 2007 10:53 pm Sujet du message:
Outremer a écrit:
Et, soit dit en passant, j'aimerais bien qu'on m'explique en quoi Le Seigneur des anneaux est une "school story"...
Parce ceux qui disent ça n'y connaissent rien ?
Bébel, tu nous donneras la conclusion du débat tolkendilien ? _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Inscrit le: 08 Mai 2003 Messages: 2602 Localisation: Lille
Posté le: Ven Juil 13, 2007 8:21 am Sujet du message:
Ben en fait, y'a pas beaucoup de participants à notre débat donc au final on est tous plus ou moins d'accord : on ne sait pas ce que vient faire le Seigneur des Anneaux dans l'article
Autant les arguments se tiennent pour les autres auteurs, autant pour Tolkien c'est plutôt bancal.
Déjà on commence de manière biaisée en considérant le Seigneur des Anneaux comme de la littérature pour enfants alors que ce qui fait le succès de cette oeuvre c'est justement qu'elle est multi-niveau. L'aspect livre pour enfant est minime, ce n'est pas dans ce domaine qu'est son véritable succès, je parie que ça ne serait qu'un livre parmis d'autre si on ne considère que ce lectorat.
On parle d'inspiration de The Fairy Queen, poème anglais/irlandais (de mémoire), alors que Tolkien a surtout puisé son inspiration dans la mythologie nordique et dans Beowulf. Alors pourquoi il n'y a pas d'auteurs scandinaves connus ?
Il est évoqué le passage derrière le miroir, autant c'est vrai pour Lewis et Rowling (je sais pas pour Pullman, je ne connais), autant pour Tolkien, à moins de considérer le temps comme étant la porte vers cet autre monde (en imaginant la Terre du Milieu comme le passé de notre monde), ce concept n'existe pas.
Ensuite quand on parle de la dualité de l'anglais, je vois plutôt la dominance linguistique de cette langue devenue internationale.
Quant à l'histoire de School Story, elle n'existe pas. On pourrait à la limite rapprocher les Hobbits des enfants et la Comté au pensionnat mais cela représente une infime partie du livre. Ici les "enfants" ne vont pas dans le pensionnat pour vivre leur aventure, justement ils en sortent pour aller dans le monde des "adultes". On a donc tout le contraire. Il faudrait plutôt parler d'identification au personnage.
Enfin ceci "l'enfant incompris enfin révélé à lui-même et aux autres, une certaine vision du bien et du mal, un arrière-fond métaphysique présent chez tous..." me laisse perplexe : où est l'enfant incompris ? etc.
Bref, ça pourrait presque se tenir pour les autres auteurs mais Tolkien n'a rien à voir la dedans, à mon avis.
Sinon globalement, il y a un point qui me chiffonne, je trouve que comme le fait de considérer le Seigneur des Anneaux comme de la fantasy pour enfants, l'auteur de l'article semble avoir à l'esprit que la fantasy c'est pour les enfants, du coup, tout l'article me semble biaisé par cette vision très française (voire francophone ?). Et c'est peut-être bien ça aussi qui fait que les auteurs francophones ont moins de succès. _________________ Zelphalya
Co-Administratrice du Coin des Lecteurs
Posté le: Ven Juil 13, 2007 9:27 am Sujet du message:
Je suis globalement d'accrod avec l'auteur de l'article.
Il faut savoir que de toute façon en littérature de jeunesse (en France et même dans le monde je suppose), une très grande partie des publications sont des adaptations de titres anglo-saxons, et pas uniquement en fantasy. En effet, l'Angleterre a une très grande tradition dans ce domaine. Il est donc plus facile de trouver des oeuvres de qualité dans la masse des publications (car n'oublions pas qu'il y a aussi de très mauvais titres !)
Cependant, les auteurs français sont reconnus dans le monde entier comment étant de très bonne qualité (notamment en ce qui concerne les albums.)
Je pense que l'auteur de l'article occulte quand même certaines grandes réussites hexagonales : elles sont certes moins brillantes que les anglo-saxonnes mais elles existent. N'étant pas traduits en anglais, ces ouvrages ont donc cependant un retentissement moindre et plutôt réservé au monde francophone. Citons par exemple Pierre Bottero et sa série Ewilan (la plus connue), Serge Brussolo, évoquée dans l'article, Franck Krebs et sa série Tom Cox, Sophie Audouin-Mamikonian et sa série Tara Duncan...
Certes, les français sont moins présents, mais c'est comme dans la fantasy adulte ! (enfin, il me semble.)
Zelphalya a écrit:
Sinon globalement, il y a un point qui me chiffonne, je trouve que comme le fait de considérer le Seigneur des Anneaux comme de la fantasy pour enfants, l'auteur de l'article semble avoir à l'esprit que la fantasy c'est pour les enfants, du coup, tout l'article me semble biaisé par cette vision très française (voire francophone ?). Et c'est peut-être bien ça aussi qui fait que les auteurs francophones ont moins de succès.
D'accord avec toi.
Ce qui me paraît bizarre, c'est que l'auteur de l'rticle évoque le Seigneur des anneaux (d'accord avec vous, ce n'est absolument pas de la littérature de jeunesse) mais occulte la seule oeuvre de Tolkien qui en est : Bilbo le Hobbit. Sans doute parce qu'elle est beaucoup moins connue...
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 44 Localisation: dans le monde des Mages
Posté le: Ven Juil 13, 2007 1:21 pm Sujet du message:
Je pense que cette culture s'est effectivement développée de façon différente en Angleterre et en France : comme le souligne Aurore, c'est aussi une question de format et de lectorat visé, de sélection, de diffusion...
J'ai l'impression, très sujbective, que la tradition du conte est restée présente en France dans la littérature jeunesse, alors qu'en Angleterre, l'imaginaire s'est plus facilement prolongé dans le roman.
Mais, (pardon pour cette digression très personnelle... ) je peux juste ajouter que mon expérience en la matière est assez récente, car mon roman se classe dans la catégorie jeunesse fantasy/fantastique/conte... et la "jeune auteure française" que je suis ne s'est pas posée ce genre de questions en écrivant...
Je lis de la fantasy, mais ce n'est qu'une partie de mes lectures, et mes sources d'inspirations sont très classiques : les contes, les mythes, les légendes, les superstitions...
C'était une volonté de me réapproprier ces traditions, (comme d'autres l'avaient fait avant moi : démarche classique ). Mais j'étais contente que mes lecteurs l'aient ressentie et me situent un peu "en marge" de la fantasy sur certains aspects pour cette raison, qu'ils aient perçu un imaginaire personnelle.
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Ven Juil 13, 2007 2:21 pm Sujet du message:
Zelphalya a écrit:
Ben en fait, y'a pas beaucoup de participants à notre débat donc au final on est tous plus ou moins d'accord : on ne sait pas ce que vient faire le Seigneur des Anneaux dans l'article
Tu devrais peut-être poser la question à l'auteure de l'article
(en tant que membre de Tolkiendil)
Sinon, ça me rappelle ce sujet, que j'avait lancé y'a un moment...
(dans le sens "si c'est de la SF/F, c'est forcément pour enfants", comme le sous-entend un peu l'article). _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Inscrit le: 07 Juin 2007 Messages: 83 Localisation: entre terre et mer
Posté le: Ven Juil 13, 2007 2:33 pm Sujet du message:
Ce qui me gène chez J.K. Rowling c'est sa tendance à "pomper " sur des thémes d' histoires pour enfants souvent utilisés : le pauvre orphelin martyrisé ( Dickens ou Hugo ?) , la marque mystérieuse qui sous entend un époustouflant secret , la baguette et le balai magiques, les dragons, griffons, géants, fantômes, cerbères, phénix....
On a évoqué le mur qui permet de passer d'un monde réel à un autre imaginaire ( Lewis Caroll a été évoqué dans l'article), les voyages dans le passé et j'en passe. J'ai l'impression de retrouver une compilation de mes lectures de jeunesse et je dois reconnaître que Les Mille et Une Nuits présentaient plus d'originalité aussi bien dans l'histoire que dans l'écriture. _________________ Veni vidi vici
Posté le: Ven Juil 13, 2007 2:45 pm Sujet du message:
myriade a écrit:
Ce qui me gène chez J.K. Rowling c'est sa tendance à "pomper " sur des thémes d' histoires pour enfants souvent utilisés : le pauvre orphelin martyrisé ( Dickens ou Hugo ?)
Dickens, mais c'est un thème très présent dans la littérature de jeunesse anglo-saxonne : Roald Dahl y a souvent recours, Anthony Horowitz aussi par exemple.
Inscrit le: 07 Juin 2007 Messages: 83 Localisation: entre terre et mer
Posté le: Ven Juil 13, 2007 3:44 pm Sujet du message:
merci pour les infos Aurore il faudra que je les lise pour me faire une idée je persiste quand même sur les emprunts un peu trop fréquents que recèlent les HP. Encore un exemple : la moto volante ça me rappelle une scène culte d'un film avec une bicyclette volante
Mais à mon avis l'article du Monde n'est qu'un énième prétexte à une sortie cinématographique proche et très attendue d'où la photo et la confusion qu"avait souligné Outremer sur Tolkien et la school story _________________ Veni vidi vici
Inscrit le: 05 Juil 2007 Messages: 54 Localisation: A Lammermoor en Hamerland
Posté le: Sam Juil 14, 2007 12:15 pm Sujet du message:
Ah non, pitié ! Non ! Les Hobbits sont de petite taille, mais ils n'ont rien d'enfants ! ce sont des paysans qui sortent de leur village, pas des enfants qui rentrent au pensionnat, ni qui en sortent, d'ailleurs.
Et je trouve de plus que "School Story" ne convient qu'à Harry Potter. Ni Narnia, Ni ALCDM (même si l'histoire commence à Oxford) ne sont des School Stories.
Maintenant, je crois que oui : les anglo-saxons sont plus "doués" pour écrire de la littérature "jeunesse" sans doute parce qu'ils font moins que nous le clivage entre la littérature "jeunesse" et la littérature tout court. Comme ils acceptent plus facilement que nous la littérature de l'imaginaire comme littéraire.
Et juste une question,là : pourquoi les auteurs "pour enfants" francophones cités se sont-ils crus obligés de donner à leurs héros des noms anglo-saxons ( Peggy Sue, Tara Duncan, Tom Cox...)
EDIT :
Citation:
Enfin ceci "l'enfant incompris enfin révélé à lui-même et aux autres, une certaine vision du bien et du mal, un arrière-fond métaphysique présent chez tous..." me laisse perplexe : où est l'enfant incompris ? etc.
Chez Tolkien, c'est clair : iln'y en a pas. Chez Lewis, il n'y en a pas dans l'Armoire Magique, ni dans Le Neveu du Magicien (en enfant triste ou qui s'ennuie n'est pas incompris). Peut-être le jeune héros du "Cheval et son Cavalier". Chez Pullman, Lyra est "pseudo-orpheline" mais pas incomprise et Will est "chef de famille". Bref, le seul auteur chez qui cet archétype est franchement présent, c'est Rowling.
RE-EDIT :
Réflexion basique, mais... : l'article ne cite comme exemple d'oeuvres anglaises que des livres ayant été ou étant sur le point d'être adaptés cinématographiquement. Est-ce un hasard ? Pourquoi citer le SdA qui n'est pas de la littérature enfantine et pas Bilbo ou Gilles de Ham ? Pourquoi ne pas citer des écrivains comme Jonathant Stroud (Bartilmeus) ou Anthony Horowitz qu'on ne présente plus (L'Ile du Crâne étant, pour le coup, une vraie "school story") ? Ets-ce parce que les lecteurs de l'article ont besoin des films pour se repérer ?
Inscrit le: 13 Nov 2004 Messages: 447 Localisation: Atelier des Harpistes, Pern.
Posté le: Mer Juil 18, 2007 1:16 pm Sujet du message:
Zelphalya a écrit:
Sinon globalement, il y a un point qui me chiffonne, je trouve que comme le fait de considérer le Seigneur des Anneaux comme de la fantasy pour enfants, l'auteur de l'article semble avoir à l'esprit que la fantasy c'est pour les enfants, du coup, tout l'article me semble biaisé par cette vision très française (voire francophone ?).
Inscrit le: 08 Mai 2003 Messages: 2602 Localisation: Lille
Posté le: Jeu Juil 19, 2007 8:38 am Sujet du message:
lambertine a écrit:
Réflexion basique, mais... : l'article ne cite comme exemple d'oeuvres anglaises que des livres ayant été ou étant sur le point d'être adaptés cinématographiquement. Est-ce un hasard ? Pourquoi citer le SdA qui n'est pas de la littérature enfantine et pas Bilbo ou Gilles de Ham ? Pourquoi ne pas citer des écrivains comme Jonathant Stroud (Bartilmeus) ou Anthony Horowitz qu'on ne présente plus (L'Ile du Crâne étant, pour le coup, une vraie "school story") ? Ets-ce parce que les lecteurs de l'article ont besoin des films pour se repérer ?
C'est plutôt le tapage médiatique autour de ces films et donc de ces oeuvres originales. Finalement, n'est-ce pas tout simplement l'effet de mode qui laisse croire à cette jeune fille que les meilleurs ce sont ceux qu'on adapte à l'écran et pas les autres. Peut-être est-ce le jugement de Madeleine qui est biaisé. _________________ Zelphalya
Co-Administratrice du Coin des Lecteurs
Posté le: Jeu Juil 19, 2007 12:24 pm Sujet du message:
Aurore a écrit:
Citons par exemple Pierre Bottero et sa série Ewilan (la plus connue), Serge Brussolo, évoquée dans l'article, Franck Krebs et sa série Tom Cox, Sophie Audouin-Mamikonian et sa série Tara Duncan...
Si je peux me permettre, Tara Duncan est un des pires titres pour la jeunesse que j'ai pu lire de toute ma vie... (et avoir de la famille bien placé dans le monde de l'édition, ça aide aussi pour se faire publier)
Sinon, pour chroniquer régulièrement des titres jeunesse, que ce soit en fantasy ou autre, j'avoue que la "patte anglaise" existe bel et bien.
Passons sur le débat Seigneur des Anneaux (on sent que l'auteur de l'article joue sur la mode à mort quand même), je pense qu'il est passé à côté du truc important dans tout les romans qu'il a cité : le parcours initiatique qui fait passer le héros de l'enfant à l'adulte. Parce que finalement, ces romans ne sont que la projections des difficultés que les enfants rencontrent quand ils grandissent, un peu dans l'idée "seuls contre le monde entier". Qui n'a jamais eu cette impression en étant plus jeune ? (ou même maintenant pour les grands enfants que certains sont restés ?)
Autant la France a une tradition littéraire bien ancrée en littérature "classique", autant si on me donne le choix entre un roman anglais ou un roman français dans le genre fantasy/SF, mon choix sera toujours de prendre en premier le roman anglais.
Je pense sincérement que être français implique nécessairement de brider une partie de son imagination afin de rester dans "les normes" connues. Les anglais s'en fichent, et c'est comme ça qu'un Harry Potter débarque joyeusement dans un monde "normal". Ou même un Planète Larklight, avec son mélange de science fiction mâtiné d'époque victorienne. (moi aussi j'ai eu du mal à imaginer au début... mais le mélange se révèle savoureux).
(paragraphes disgressatoires coupés et collés dans ce sujet -- Crazy )
Donc tant que les mentalités, et les idées dans le domaines de la littérature n'évolueront pas, on aura toujours une production littéraire française en fantasy relativement sympa mais pas extraordinaire.
(et qu'on ne me cite pas un Paolini avec son Eragon dans les exemples...) _________________ On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum
Commandez vos livres sur Internet avec le Coin des Lecteurs => ici