shopgirl
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Posté le: Lun Juil 18, 2005 11:14 am Sujet du message: Manhattan transfer - John Dos Passos |
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Difficile de faire un résumé de ce livre, tant il est indescriptible. Recopier la 4ème de couverture n’est pas très intéressant car elle n’a pas beaucoup de sens. Disons qu’il s’agit d’un roman qui met en scène New York dans les premières décennies du XXème siècle, sous forme de chronique sociale. Le texte date de 1925 et la forme en est particulièrement intéressante et innovante. Ce livre m’inspire deux sentiments : d’une part, il y a mon appréciation, en termes de goût, d’autre part, il y a la force de l’œuvre en elle-même. Autant le préciser de suite : j’ai beaucoup aimé ce livre même si ce n’est pas un coup de cœur. Cela ne m’empêche pas de comprendre sa puissance et de l’admirer froidement, en termes de prouesse littéraire.
Dès les premières pages, le style fait mouche. Dos Passos réussit la gageure de décrire New York, ses évolutions sur quelques décennies, ses habitants, de nous montrer la vie qui l’habite : c’est absolument saisissant de virtuosité. Pourtant, deux points m’ont gênée : l’absence de marqueurs chronologiques clairs et les trop nombreux personnages. Nous ne savons pas en quelle année la fresque commence, ni quand elle finit, et les changements d’époque (par sauts de quelques années) ne sont absolument pas signalés : c’est au lecteur de deviner, soit parce que l’on se rend compte qu’un personnage a vieilli, soit parce qu’un événement d’ampleur mondiale est signalé et que le lecteur peut le dater. Quant aux personnages, leur grand nombre est inhérent au roman puisque ce dernier décrit une ville. Ce qui est perturbant, c’est que l’auteur nous présente aussi bien des personnages que nous suivrons tout le roman que d’autres qui ne seront que des figurants, avec encore différents niveaux d’importance à l’intérieur de cette catégorie (bien entendu le lecteur ne sait pas par avance qui perdurera et qui disparaîtra). Parfois, un personnage refait surface 100 pages plus loin de sa précédente apparition : on ne sait plus qui il est, ni quelle est son histoire ; quand on ne le confond pas avec un autre… La vie qui émane de l’œuvre est à ce prix-là et la lecture en devient parfois pénible. Mais, en ce qui me concerne, la fascination a largement pris le dessus. Les personnages en eux-mêmes sont extrêmement bien étudiés, en particulier celui, central, d’Ellen/Elaine – le seul personnage féminin d’ampleur, d’une rare densité, autant agaçant qu’attachant. C’est une rencontre littéraire qui vaut la peine d’être vécue et qui élève le niveau d’exigence d’un lecteur vis-à-vis de ses choix de lectures. Profitez des vacances pour lui consacrer le temps qu’il mérite !Folio / 507 pages _________________ http://www.thetoietlis.com |
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