Posté le: Ven Juin 03, 2005 10:48 pm Sujet du message: Re: Comment créer un personnage de roman qui tienne la route
Toonnette a écrit:
pourquoi les personnages de certaines séries américaines (important le "américaines") étaient aussi réel, ou plutôt réalistes dans leur comportements et leurs actions voire même simplement leur langage, et ce tout au long de la série, quelque soit sa longueur dans le temps ?
De même si certains regardent les séries françaises, n'avez vous pas l'impression que beaucoup sont stéréotypés, un peu décalé parfois, bref, on sent que c'est de la télé (terme péjoratif pour beaucoup) ? Toujours pas ?
Il n'y a pas que les personnages qui sont plus réussis côté productions US que côté productions françaises. Il y a aussi les scènes d'actions, les gags, les descriptions d'environnements professionnels, les modalités d'enquêtes policières et de découvertes de coupable etc. Pas de mystère : avoir une longueur d'avance sur des clichés, ça a un prix. Derrière cette différence de qualité, il y a un plus grande nombre d'idées originales permis par des budgets d'écriture plus importants. Avec des budgets dix à cent fois inférieurs, la France en est réduite à tourner du copié collé de clichés, avec les résultats que l'on sait. _________________ Tennis de Table Bordeaux
Posté le: Sam Juin 04, 2005 7:33 am Sujet du message: Re: Comment créer un personnage de roman qui tienne la route
darkangel a écrit:
Pas de mystère : avoir une longueur d'avance sur des clichés, ça a un prix. Derrière cette différence de qualité, il y a un plus grande nombre d'idées originales permis par des budgets d'écriture plus importants. Avec des budgets dix à cent fois inférieurs, la France en est réduite à tourner du copié collé de clichés, avec les résultats que l'on sait.
La différence de budget est énorme c'est juste, mais c'est aussi en grande partie à cause de la politique des boîtes de production française qui est complétement différente de celle des américains.En France, on a les moyens de faire la même chose qu'aux Etats Unis, faut pas croire, peut être pas à leur échelle en sortant 20 nouvelle séries par an, mais on a les moyens d'en faire.Quelles sont alors les principales différences entre la France et les US ?Au Etats Unis, on hésite pas, pour une nouvelle série à tourner plusieurs pilotes, de 2h chacun, et d'enchaîner sur la série elle même, et ce avant même qu'elle ne soit vendue à une chaîne. (on tourne les nouvelles séries avec les bénéfices des précédentes... On on anticipe le succés)Par ex pour Urgences (j'en reviens encore à Urgences mais bon...) il y a eu au moins 3 pilotes de tournés (je crois que c'est 5 en tout mais flemme de chercher de si bon matin sur le net).
Ensuite vient le visionnage des pilotes (qui permettent en outre la mise en place plus rapide des personnages et la correction des éventuelles erreurs de casting ou d'écriture), par les chaîne intéressées et enfin la présentation au publis DU pilote choisis. Avec un grand renfort de publicité et tout et tout. Parce que sur 5 pilotes de tournés, il n'y en aura toujours qu'un seul qui passera sur une chaîne. (Les autres se retrouvent parfois en bonus sur les DVD ou sont diffusés lors de soirées spéciales)Ensuite la série démarre normalement et vis sa petite vie de série télé : d'abord aux US, ensuite au Canada, et après un peu partout dans le monde. La série rapportera de l'argent à partir de sa seconde diffusion aux Etats Unis (ce qui peut inclure la vente à une autre chaine de télévision américaine).En France le scénario est complétement différent. Quelqu'un écrit un script et l'envoi à une boîte de prod. La boîte de prod va mettre quelque temps à réagir, lire le scénar et se dire "tiens ça c'est pas mal". Quelques négociations plus tard, on tourne 1 seul pilote, et parfois quelques épisodes.
(faut il rappeler qu'aux US le format des séries est entre 30 et 60 min max ? alors qu'en France on fait des trucs à la Navarro et Julie Lescaut d'un format d' 1h 30/40 ? Ca pèse aussi dans la balance ça)On vend donc le pilote et les quelques épisodes à une chaîne de télé. Celle çi ne veut pas perdre d'argent, elle blinde donc les plages de pub pour rentrer dans ses sous. Si le pilote fait une bonne audience, les épisodes suivant sont diffusés. (notons que que les autres épisodes ne sont pas encore tournés).Retour des spectateurs etc etc, critiques, audience, et paf si le score est "moyen" on investi plus d'argent là dedans parce que pas rentable à la 1ere diffusion.Si le score est bon, on achète en général 5 ou 10 autres épisodes. Et tant que ça marche et que l'audience suit, on garde. Par contre il ne faut pas dépasser les coûts de tournage initiaux parce que la chose ne serait plus rentable. Donc à charge aux scénaristes de ne pas utiliser d'effets spéciaux, de ne pas imaginer des voyages au bout du monde pour les héros, bref de ne pas dépasser le budget pour garder le truc rentable à la 1ere diffusion.... Je ne suis pas pro des séries, je dois l'avouer, mais je crois que nos séries ne s'exportent pas trop, sauf le truc "sous le soleil" qui s'appelle partout ailleurs St Tropez je crois. (les spécialistes des séries je veux bien un coup de main là :p )Donc la grosse différence est tout simplement là (et ce n'est pas de moi ce truc, j'ai lu ça dans mon journal télé il y a quelques mois). En France on veut des sous tout de suite, et aux US on joue surtout sur le long terme en produisant des série somme toute de bonne qualité. Et surtout qui s'exporte. _________________ On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.
Inscrit le: 23 Mai 2004 Messages: 858 Localisation: Aix en Provence
Posté le: Sam Juin 04, 2005 9:34 am Sujet du message:
Pour permettre une discussion distincte autour des deux sujets, je les ai divisés.En tout cas, Toonette, ton message attire des discussions fascinantes _________________ http://aphrael.over-blog.com/
Posté le: Sam Juin 04, 2005 10:47 pm Sujet du message:
Merci :d _________________ On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.
En France on veut des sous tout de suite, et aux US on joue surtout sur le long terme
Exact. Les structures françaises de production n'ont pas l'assise financière nécessaire.
Pour rester dans le sujet, j'ai lu ça récemment. Ca rappelle les B A BA de l'écriture d'un scénario et, à ma grande surprise, certaines règles valables aussi pour l'écriture d'un roman.
Malgré sa culture cinématographique un peu datée et son penchant pour les drames psychologiques, l’auteur ne dit rien de faux. Mais le livre est fait à 90% de conseils basiques et d’exemples encore plus basiques. Plus quelques généralités faciles. Je ne vois pas à qui ce livre peut être utile. Ceci dit, compte tenu de la carrière de McKee en tant que scénariste, c’était à prévoir. Si on voulait être méchant, on dirait que le seul bouquin que McKee est taillé pour écrire, c’est Comment devenir un conférencier à succès sur un sujet dont on ne sait pas grand chose.
Contenu
1° partie (25 pages)
Présentation de l’activité d’écriture et de quelques erreurs de débutant.
Se cantonner à des stéréotypes, vouloir reproduire une ‘formule’, manquer de concision, croire que c’est facile, ne pas savoir juger son histoire, confondre histoire vécue et histoire émouvante, écrire des scènes spectaculaires sans lien avec l’intrigue émotionnelle etc.
2° partie (70 pages)
Structure
Les ingrédients d’un film grand public (une fin fermée, un temps linéaire, une réalité cohérente, un conflit externe, un personnage central, actif)
La structure d’un film grand public (l’auteur explique qu’un film grand public est fait de 40 à 60 scènes. Chaque scène contient un ou plusieurs temps forts. Une séquence est constituée de 2 à 5 scènes. Elle doit s’achever sur son évènement le plus marquant. Les séquences sont habituellement regroupées en 3 ou 4 actes. Un acte dure entre 20 et 40 minutes. Il se termine par un climax. Le film s’achève sur le climax du dernier acte. La courbe dramatique d’un film doit progresser vers des renversements de situation d’importance croissante, jusqu’au climax final)
Les films visant une audience plus restreinte : sans intrigue ou avec une intrigue minimaliste.
Quelques conseils pour chercher des idées : mettre un peu de son expérience personnelle dans le récit, essayer d’imaginer des pans non présentés de la vie du personnage, intégrer un peu de la réalité factuelle de notre société. Examiner une vingtaine de possibilités valables puis choisir celle qui se détache.
Les 24 genres principaux. Les mélanger, détourner leurs conventions narratives, identifier le sujet / genre qui vous correspond le mieux en tant qu’auteur.
L’évolution du personnage principal sous une pression dramatique croissante.
Les idées de fond d’un film : la notion ‘d’émotion esthétique’, lorsque la compréhension d’un fait ou d’une idée est chargée d’émotion. Un scénariste ne doit pas argumenter autour de ses idées (dialogues, mise en scène didactique), il doit les habiller d’émotions. Quelques idées relatives à la quête personnelle du bonheur, à la société.
3° partie (150 pages)
Scènes
Le protagoniste : sa volonté, ses objectifs conscients et/ou inconscients, sa connexion émotionnelle avec le spectateur. Le protagoniste pluriel (duo, trio). La dernière action du film doit mettre un terme définitif à sa quête (succès, échec, abandon)
Le ‘fossé dramatique’ : le personnage réalise qu’une de ses actions n’a pas obtenu le résultat désiré et qu’un obstacle majeur se dresse devant lui. Ecrire d’abord et avant tout les émotions du personnage. Analyse d’une scène de Chinatown. Ecrire en endossant les émotions du personnage.
L’incident déclencheur : le définir et le positionner. Le super-objectif ou colonne vertébrale du film.
Les conflits, moteur de l’histoire. Divers types de conflits. Les risques croissants pris par le personnage pour atteindre son objectif.
Les actes : l’acte 1 (20 à 30 minutes). Longueur des actes. Utiliser des intrigues secondaires. Alterner les types de scènes et d’émotions pour ne pas lasser le spectateur. Les 2 scènes les plus puissantes doivent être les climax des 2 derniers actes.
Scène : objectif de scène, reflet du super-objectif. Au minimum, une scène doit être le théâtre d’un renversement modéré et conduire à un mini climax de séquence (2 à 5 scènes).
Amorces et chute : le spectateur ne doit pas pouvoir anticiper un rebondissement. Mais il peut relier a posteriori le rebondissement à des amorces. Ni trop subtiles ni trop évidentes, ces amorces ont une autre signification en première vision.
Importance du sous-texte émotionnel
Ecrire une scène en 5 étapes : conflit de départ, tonalité émotionnelle de départ, temps forts, tonalité émotionnelle de fin, localiser le pivot central (temps fort majeur). Exemples : Casablanca, A travers le miroir.
Rythme (alternance de scènes de tension et de scènes paisibles) et tempo (interne à une scène) s’accélèrent à l’approche d’un climax.
Progression du personnage principal. Divers types de progression.
Crise, climax et résolution
4° partie (90 pages)
Le scénariste au travail
Placer le protagoniste face à des forces antagonistes
Montrez, ne racontez pas
Morcelez l’exposition tout au long de l’histoire
Les flash-back
Le suspense
Evitez les Deus Ex Machina
La comédie
Gérer les différents points de vue
Les failles logiques
Concevoir un personnage
Dialogues.
Les systèmes d’images : un certain type d’images (élément de décor, motif sonore etc.) répété tout au long du fil, se charge peu à peu d’une connotation émotionnelle ou symbolique.
L’auteur
Etudiant en Arts, avec une spécialisation en théâtre. Metteur en scène de pièces de théâtre à Détroit, Londres, puis pendant 7 ans à Broadway.
A 38 ans, il devient scénariste. Il écrit et vend quelques épisodes de séries TV, un téléfilm, un documentaire. (Imdb). Il écrit aussi une poignée de longs métrages non tournés. Selon wikipedia, certains furent optionnés par des studios.
Au bout de 4 ans (1983), il donne une série de conférences sur l’art d’écrire un scénario. Cela devient son activité principale pendant le reste de sa vie.
Le livre a été récompensé par un 1999 International Moving Image Book Award. Il a été régulièrement réimprimé. _________________ Tennis de Table Bordeaux
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