clarabelle
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Posté le: Lun Juin 28, 2004 7:45 pm Sujet du message: La tentation d'Edouard - Elisa Brune |
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Prendre le train en marche ou rester sur le quaiTelle est l'alternative essentielle qui se joue entre Geneviève et Edouard, son admirateur. Parce qu'un jour il a été séduit par le travail de la photographe, il décide de lui écrire et, malgré des lettres restées sans réponse, il n'abandonne pas de lui clamer son admiration sans bornes et son dessein de lui plaire et d'être plu par ladite mystérieuse jeune femme. Geneviève, circonspecte, s'amuse de cette joûte verbale, rougit presque à la lecture de ces lettres puis finit par y répondre. Pas pour entrer dans le jeu de la séduction, mais pour freiner l'hardi et impétueux Edouard. Pour brider sa fougue de jeune étalon, pour calmer ses ardeurs de conquérant sans peur et sans reproche. Elle est mariée, heureuse et comblée de cette relation stable. Ce coup de tête qu'elle attribue à son correspondant n'est qu'illusoire et donc Geneviève n'aura de cesse de temporer cette ardeur. Briser les rêves d'amour, démonter les démonstrations dudit monsieur persuadé que la rencontre entre G. & E. ne peut qu'être explosive et complémentaire. Ces deux-là échangent des lettres enflammées, ponctuées de discours philosophiques, scientifiques, poétiques, gardant sans cesse en arrière plan l'Art en maître absolu.Pas seulement roman épistolaire, "La tentation d'Edouard" est aussi un roman à suspense : la quête d'Edouard atteindra-t-elle son but ? Geneviève cèdera-t-elle ou pas ? Entre deux, trois lettres, un récit s'immisce comme pour commenter l'échange verbal des deux protagonistes. Quelques électrons libres se glissent dans le roman mais les feux de la rampe reviennent sans équivoque à Geneviève et son admirateur conquérant. Hélas influencée par une ancienne lecture, j'avais cru retrouver toute la magie du roman d'Iselin Hermann ("L'admiratrice") où une jeune femme échangeait des lettres passionnées et passionnelles avec un sculpteur. Le travail d'Elisa Brune n'a aucun point commun. Pas que ce soit moins bon, c'est un style différent, un travail plus dense -quelques longueurs à noter- et une tonalité un peu doctorale à certains passages. L'auteur est une éminente spécialiste du domaine scientifique et cela transparaît par moments. Toutefois cette "Tentation d'Edouard" n'en demeure pas moins croustillante et palpitante, principalement en fin de partie -merci les chapitres licencieux, rares mais non négligeables ;-) - et on se laisse prendre au jeu de cette séduction épistolaire, charmer par les personnages au caractère bien trempé. "La tentation d'Edouard" est un roman envoûtant qui étonne son lecteur au tournant des pages. A tenter.Belfond, 380 pages, 19 euro.Clarabelle, |
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