Posté le: Jeu Avr 26, 2012 8:32 am Sujet du message: La Dame en noir - Susan Hill
Lorsque Alice Drablow, vieille dame de 87 ans, meurt dans son Manoir des Marais, à Crythin Gifford, une toute petite ville située dans une région un peu reculée d'Angleterre, non loin de la mer, c'est tout naturellement à Arthur Kipps, son jeune employé que M. Bentley, le notaire, confie la tâche d'assister à l'enterrement et de s'occuper de trier les papiers de la succession.
Arthur Kipps est d'abord ravi d'échapper à ses fastidieux contrats de bail et aux brouillards londoniens, même si la perspective de quitter pour quelques jours Stella sa fiancée l'attriste un peu. Pourtant si la petite ville de Crythin Gifford l'enchante d'abord, il sera très vite inquiet des réactions des habitants à son égard lorsqu'ils apprendront sa mission. Et que dire de ce Manoir des Marais qui n'est accessible que par une seule route, la Chaussée des neuf vies, inondable et impraticable de surcroît lorsque la marée la recouvre....Ajoutons à cela une mystérieuse dame en noir qui assiste à l'enterrement de la vieille Madame Drablow et qui semble s'attacher aux pas du jeune Kipps, et vous aurez tous les ingrédients d'un excellent roman fantastique.
Lorsque mon choix s'est porté sur ce petit chef-d'oeuvre, j'avais beaucoup d'appréhension, d'abord en raison de la couverture que je trouvais particulièrement laide et qui ne rend pas justice au roman, et aussi...parce que l'écrivain était une dame. Je n'ai jamais fait mystère de mes préventions contre les écrivains féminins en littérature fantastique et les exceptions étant si rares, je pensais m'attendre à un vrai fiasco. Eh bien j'avais tort et je bats ma coulpe bien volontiers.
Ce roman est un bijou.
Tout d'abord il est merveilleusement bien écrit et on découvre une écriture élégante, agréable à lire, un peu 19ème, avec quelques imparfaits du subjonctif qui m'ont ravie et qui ne doivent pas effrayer le lecteur moderne tant la lourdeur est absolument absente de ce petit roman.
Ensuite, les lieux sont divins, pittoresques, mystérieux à souhait sans tomber pour autant dans les décors convenus et grand-guignolesques des thrillers à la mode.
Les personnages sont finement décrits et très bien analysés: ni effets de manche, ni superflu. On s'attache raisonnablement à eux, même si c'est le petit chien qui a le plus touché mon coeur (ça, c'est pour toi, Carabas ).
Le récit est à la première personne et on a le point de vue de Kipps, ce qui est toujours un atout dans les romans fantastiques, je trouve.
Enfin, l'intrigue est bien menée et il est évident qu'on veut connaître le fin mot de cette histoire. On n'est pas déçu !
Si je devais le comparer à un autre auteur, sans hésitation, j'évoquerais Henry James et l'excellent roman Le Tour d'écrou. Aussi bon !
Posté le: Jeu Avr 26, 2012 1:32 pm Sujet du message:
Ne t'attends pas à des effets spéciaux à la Stephen King ou à la Lovecraft, ni de manière générale à la manière du fantastique année 2012.
En fait, c'est comme chez James, un fantastique plus insidieux qui passe par les réactions intimes de l'esprit, de la paranoïa, de l'innocence d'un personnage confronté au Mal qu'il ne connait pas. D'où son effroi, et le nôtre si l'on adhère à la vision du personnage.
Mais te connaissant, du moins, croyant connaître les romans qui te plaisent, je dirais que ce livre conviendra davantage à ton épouse. N'y vois aucun jugement, mais c'est juste que ce roman est un peu trop féminin, me semble-t-il. Ceci dit, j'adorerais que tu me fasses mentir!
Posté le: Jeu Avr 26, 2012 2:12 pm Sujet du message:
Très bien... Tu attises ma curiosité. J'avais beaucoup aimé, dans Le Tour d'écrou, le côté: "Je regarde , assis sur ma balancelle, les enfants jouer dans le jardin, et note au loin, la silhouette d'une personne qui me regarde par la fenêtre de mon château...mais qui est cette personne? "
Posté le: Jeu Avr 26, 2012 7:50 pm Sujet du message:
Camille a écrit:
Et oui, Carabas, il y a un chien, enfin une chienne, très sympa et à qui, forcément, il va aussi arriver des trucs moins sympas.
Noooon. Je suis peut-être bizarre mais les trucs qui arrivent aux animaux dans les livres peuvent parfois me toucher (le mot est tout de même fort) plus que ce qui arrive aux humains. (Souvent parce que les humains auraient eu l'occasion de fuir, eux, s'ils avaient eu de la jugeote...)
J'ai vu une adaptation cinématographique de ce roman - mais pas la dernière en date - que j'avais trouvé assez impressionnante. La maison isolée, cette femme en noir entrevue, un personnage qui se met à douter de sa santé mentale. Si cette atmosphère se retrouve dans le livre, ça donne clairement envie de le lire. _________________ bȝstt: "Miaw!"
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