clarabelle
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Posté le: Jeu Mar 25, 2004 2:33 pm Sujet du message: Tous mes amis - Marie Ndiaye |
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= Un peu, beaucoup ... étrangeAh la la ! j'ai ouvert ce recueil de Marie Ndiaye avec bonheur ! J'apprécie l'écriture de l'auteur, j'apprécie cette poésie légère, ce ton grave et solennel, cet esprit primesautier et cette ambiance presque paranormale (à certaines heures...).
La première nouvelle est caustique, mordante. Elle s'ouvre sur l'ahurissement d'un professeur qui ne comprend pas pourquoi sa bonne, Séverine, refuse de le reconnaître. Il était son professeur quinze ans auparavant, il se souvient d'elle comme une jeune fille insolente et effrontée. Aujourd'hui elle le fascine toujours autant. Est-elle mariée, aime-t-elle son mari, pourquoi s'est-t-elle marié avec lui ... Autant de questions qui font face à un mur de silence obstiné. Pourtant Séverine revient tous les jours faire son ménage chez cet homme qui, lui, ne la "ménage" pas. Intervient aussi un ancien étudiant, Werner, qui fut l'ancien petit copain de Séverine et qui serait revenu dans cette petite ville pour elle, justement... Etrange, envoûtant... l'histoire est plaisante.
"La mort de Claude François" est à la fois plus drôle et aussi grave. Deux anciennes amies se retrouvent, elles se souviennent de ce jour où l'annonce de la mort du chanteur a ébranlé la petite communauté de leur cité et les deux amies s'étaient faites une promesse... mais les années ont passé, la promesse n'a pas été tenue par l'une tandis que l'autre est restée fidèle à son adolescence, à son pacte, à son premier amour... Invraisemblable, comique et ahurissant.
Les trois histoires qui suivent enfoncent la lecture à un niveau de noirceur plus prononcé. "Les garçons" est une histoire triste et effrayante. "Une journée de Brulard" rend très perplexe : entre songe et réalité, le doute est omniprésent. Puis dans la très courte "Révélation" on continue de ne pas comprendre et d'être presque dégoutée."Tous mes amis" est un recueil de cinq nouvelles. L'ambiance générale est celle de ratés : les personnes en elles-mêmes, et les actes loupés ou commis de travers. Lentement un sentiment de misère nous gagne. Ballades fantomatiques, portraits de la misère humaine, constat d'échec ... Marie Ndiaye nous mène dans sa barque. La traversée est tranquille au démarrage, puis les remous nous gagnent lentement pour finalement nous conduire presque aux bords de la barque, la nausée au coeur... Lecture dérangeante, mais sauvée par la magnifique plume de l'auteur.Edition de Minuit, 176 pages, 13 euro. |
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