Outremer
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
|
Posté le: Lun Jan 18, 2010 8:20 pm Sujet du message: Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte - Karl Marx |
|
|
L'évènement dont il s'agit dans ce livre est en fait le coup d'Etat du 2 décembre 1851, qui permit à Louis-Napoléon Bonaparte d'enterrer la Deuxième République et de préparer le rétablissement de l'Empire. Le titre fait sarcastiquement référence au 18 Brumaire, date du coup d'Etat qui propulsa au pouvoir le futur Napoléon 1er (la comparaison que fait Marx entre l'oncle et le neveu n'est pas à l'avantage de ce dernier).
Le livre était à l'origine conçu pour être publié dans un magazine (d'où sa taille relativement réduite, environ 160 pages en poche). Marx en a rédigé la première version juste après l'évènement. L'oeuvre suit la (fort brève) histoire de la Deuxième République et montre l'évolution politique et sociale qui a aboutit au coup d'Etat.
La Deuxième République est une période mal connue de l'histoire de France. Sa grande brièveté (pas tout à fait quatre ans) ne donne pas particulièrement envie de s'y intéresser. On en retient généralement l'instauration du suffrage universel (masculin, évidemment...), l'abolition de l'esclavage et la manière dont elle s'est faite prématurément occire par celui qui allait être Napoléon III.
Le tableau que peint Marx donne un relief extrêmement intéressant à cette période instable et incertaine, où la France se trouvait au carrefour des chemins. Il montre également tous les facteurs qui ont rendu possible, probable et facile le coup d'Etat.
Ca ne surprendra personne : Marx considère essentiellement les évènements sous l'angle de la lutte des classes. Mais il ne faut pas croire que cela en fasse une oeuvre doctrinaire et pesante : le livre est avant tout une excellente analyse. Il montre de manière très fine et très complète comment le prolétariat, les républicains modérés et les sociaux-démocrates ont été successivement écartés du pouvoir par le Parti de l'Ordre (monarchiste, mais divisé entre légitimistes et orléanistes), qui est resté maître du Parlement mais s'est conduit ensuite si maladroitement qu'il a ouvert un boulevard à Louis-Napoléon Bonaparte.
Ce dernier n'est pas décrit de façon bien glorieuse : un aventurier s'appuyant sur la lie de la société, soucieux avant tout de trouver l'argent pour rembourser ses dettes, raisonnablement habile mais surtout très bien servi par la bêtise de ses adversaires, sans courage, sans vision et sans grandeur. Marx ne lui voue pas la même haine que Victor Hugo, mais il le méprise cordialement.
Bref, une lecture que j'ai trouvée extrêmement intéressante. Elle m'a révélé tout un aspect de l'histoire de France que j'ignorais à peu près totalement, et cela de manière synthétique, très claire et tout à fait captivante. |
|