Français et Américains : l'autre rive - Pascal Baudry

[Catheline]

"Français et Américains: L'autre rive" de Pascal Baudry: Il y a quelques semaines, j’avais lu « Sacrés Français » de Ted Stanger, et mon compte rendu mentionnait le livre de Pascal Baudry. Il est juste d’en parler plus longuement ici, pour vous inviter à le lire et découvrir un livre qui est le fruit d’une étude véritable, basée sur les témoignages de milliers de Français et d’Américains, et fondé sur une approche psychanalytique de la culture, cette essence qui caractérise un peuple. Pascal Baudry est un auteur hors du commun, en ce qu’il offre son livre à qui veut le lire, gratuitement : vous pouvez effectivement télécharger « Français et Américains » sur internet (l'adresse url est donnée plus bas). Un cadeau qui vise surtout les Français, car le livre s’adresse à eux d’abord : pour les sensibiliser aux différences culturelles qu’ils ont peut-être mal interprétées dans leurs intéractions avec les Américains, mais ce n’est pas tout . Pascal Baudry espère aussi déclencher un questionnement, et dans le meilleur des cas, une prise de conscience des forces et faiblesses des deux cultures qui mènerait à un changement positif de part et d’autre. Pari gagné, cette lecture est une véritable invitation au dialogue, on en ressort avec des questions, avec des désaccords peut-être, mais surtout avec l’envie de partager les impressions retirées, de confirmer ou infirmer les propos de Baudry. Il y a grande matière à discussion, les sujets abordés étant variés et très accessibles. La culture américaine est « explicite, » dit Baudry, là où la culture française est « implicite. » Quand un Américain parle, on peut croire que ce qu’il a dit est ce qu’il veut dire, là où un Français moins évident et préfèrera les nuances de gris au blanc et noir tant chéris aux Etats-Unis. Banal ? Là où Baudry ne l’est pas est quand il relève des différences plus subtiles qui, sous l’angle psychanalytique se revèlent fondatrices du clivage franco-américain. De la plus tendre enfance naissent les différences entre Américains et Français, et l’apprentissage de la propreté est un facteur crucial, selon Baudry, et démontre clairement une attitude qui se décline dans plusieurs domaines par la suite. C'est en observant des enfants et leurs mères, françaises et américaines, dans un « playground, » que Baudry note une différence significative dans l'échange qui a lieu. Ainsi, la mère américaine jette son enfant dans la réalité par un « Go, have fun ! » qui encourage l'enfant à aller de l'avant et tester ses capacités, quand la mère française fera à son enfant des commentaires d'un autre genre: « ne parle pas aux étrangers, fais attention de ne pas tomber, ne salis pas tes vêtements.. » et en cela lui représente la réalité comme étant dangereuse, ou du moins inquiétante. D’un côté, la mère se tient à l’écart et « expulse » son enfant, de l’autre, la mère privilégie la fusion et protège l’enfant de la réalité. Je saute plusieurs chapitres, mais voici une des choses que je retire, à peu près, de ma lecture : L’enfant américain, en quelque sorte « rejeté » par sa mère dès le plus jeune âge, grandira en se débrouillant seul très tôt, devenant individualiste, mais se demandant s’il peut être aimé, sincèrement. L’enfant français, lui, aura une soif d’indépendance, mais aussi une inquiétude constante, et comptera plus souvent sur les autres, sur le système aussi, pour l’aider. Je simplifie, par souci de concision, mais Baudry va souvent dans les détails, et est très convaincant. Le plaisir dans cette lecture est que tout y est dit avec des mots simples, là où la réflexion va dans le domaine de la psycho, et avec humour là où il en faut. Faiblesses : La notion de l’Américain « moyen, » le « WASP » m’est un peu difficile à capter. Cet Américain-là est-il vraiment l’Américain moyen ? Et s’il l’est, est-il celui que la plupart des Français rencontreront à Boston, à New-York, à San Francisco, là où l’on retrouve le plus de Français aux Etats-Unis ? Ne serait-il pas plutôt l’Américain de North Dakota, celui du Kentucky, celui qu’en tant qu’expatrié, on ne voit probablement pas si souvent que ça ? Cela n’est pas très clair. Autre faiblesse, mais qui relève de l’esthétique : le tout est un peu décousu, le texte gagnerait à être mieux ordonné, plus fluide aussi, il y a des anglicismes mal venus parfois, à revoir dans une prochaine édition. Sinon cela reste vraiment un des meilleurs (le meilleur ?) livres sur le sujet, un des plus complets, et certainement le plus actuel. Si j’ai réussi à piquer votre curiosité, vous pouvez télécharger le livre à l’adresse : http://www.pbaudry.com ou le commander sur le net.