clarabelle
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Posté le: Jeu Sep 01, 2005 11:23 am Sujet du message: Le carnaval des monstres - Anne Sophie Brasme |
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La particularité de Marica est d'être laide, mais vraiment laide. Elle le sait, et pourtant elle s'imagine être jolie. Surtout quand elle suscite le désir d'un homme, comme Joachim. Mais là, c'est plus compliqué. Car avant de rencontrer le photographe, Marica est littéralement obsédée par le sexe et le désir des autres, essentiellement les jeunes hommes, étudiants de la Sorbonne ou joueurs de tennis. Sa cause est perdue, elle le sait. Aussi elle répond à l'annonce insolite de devenir modèle pour des photographies à caractère atypique. Car Joachim s'intéresse au laid, au moche, aux monstruosités derrière les façades humaines. Il photographie, dessine, peint et écrit ! Joachim abhore Marica, du moins ce qu'elle représente. Et pourtant il la désire, c'est sans doute ce qui lui paraît détestable et honteux de sa part. Etre attiré par l'ignominie !
Bref, c'est un deuxième roman dérangeant et ambivalent dans son appréciation. Je dois avouer n'avoir pas été complètement emballée. Par moments j'ai peiné, trouvé louche cette relation entre le photographe et son modèle. Les deux partis sont détestables, mais j'éprouve une sympathie pour la Marica du début - cynique et faussement légère, consciente de sa difformité, mais revendiquant le même droit à l'amour que les autres ! Après tout, si Joachim couche avec elle, ça veut bien dire quelque chose ? Non ! Les rapports entre eux deux deviennent lourds, pesants et poisseux. Chacun, finalement, a honte. D'être moche, de prétendre être différent, d'aimer l'hors-norme, d'être affamé d'un amour charnel, non plus sentimental... bref ça devient une spirale angoissante et délirante ! Et même un peu malsain. Les desseins sont obscurs et inquiétants, déplacés aussi. Aussi bien l'homme ou la femme sont pris dans cette aliénation ! Pour conclure, tout ça pour dire que j'ai "péniblement aimé". Il y a de belles réflexions, de la perversité et des rouages insensés, pourtant le texte est lourd. J'en reviens au souvenir mitigé du premier livre d'Anne-Sophie Brasme, "Respire", que j'avais moyennement prisé. "Le carnaval des monstres" ne laissera pas indifférent, moi je passe la main...Extrait :
" Je rêve d'un amour si pur qu'il en soit impalpable. Plus besoin de contact; plus de peaux qui soient obligées de se toucher. Plus de plaisir non plus, car il n'engendre après que le dégoût : que nos corps soient purifiés, dépourvus de réaction. Je veux retourner à mes fantasmes d'avant, lorsque j'étais encore vierge et ignorante des choses qui se passent entre un homme et une femme. Je veux la beauté polie d'un rêve, son aspect inaccessible. Jamais plus je ne retrouverai l'innocence. Je sais maintenant que l'amour est laid. "Fayard, 224 pages
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