yansored
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Posté le: Jeu Déc 02, 2004 10:55 am Sujet du message: Fille de France - Françoise Hamel |
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Le dixième roman de Françoise Hamel met en scène la Princesse palatine, deuxième épouse de Monsieur, frère de Louis XIV. Voici l’histoire de celle qu’on surnommait « la grosse allemande», brillante épistolière pleine de joie de vivre, que Françoise Hamel ressuscite avec talent.
Françoise Hamel avoue un penchant gourmand pour le XVII° siècle, son contraste entre les fastes du théâtre à l’italienne et les turpitudes de la Cour, ses coutumes, ses mystères. Et surtout, ses femmes. Des femmes de caractère, des femmes originales, marginales, qui ont marqué leur époque à jamais. Après s’être inspirée des riches vies de Ninon de Lenclos, la marquise de Sévigné, puis de Catherine Monvoisin, l’empoisonneuse du Grand Siècle, Françoise Hamel nous présente dans ce dernier roman une aristocrate de l’ombre, Madame Palatine, Elisabeth-Charlotte de Bavière, belle-sœur du Roi Soleil. Alternant son récit de la première à la troisième personne, Françoise Hamel nous entraîne dans l’intimité d’un mariage étrange et dans les coulisses de la Cour, en passant par Paris, Versailles et Saint-Cloud. La voilà dans la peau d’une femme au destin forcé : « Tout ce que j’aime ! » avoue la romancière. La princesse en effet a dû se convertir au catholicisme pour épouser de force un prince qu’elle n’avait jamais vu, et quitter son Allemagne natale, véritable déchirement pour elle. Son mariage devient rapidement bancal. « Liselotte » se retrouve l’épouse d’un homme trop parfumé, dominé par son roi de frère et qui de surcroît préfère la compagnie masculine à celle de sa femme. Madame se rapprochera de son beau-frère royal, « le Grand Homme » d’un mètre 62, avec qui elle tissera un temps une belle complicité. Ingrate, trop grosse, la princesse brille pourtant par son esprit et son intelligence. Ses lettres le prouvent et la plume truculente de Françoise Hamel le souligne. Pour chaque roman, l’auteur se documente avec ardeur et lit sans relâche les ouvrages de l’époque : Molière, Mesdames de Sévigné, de Lafayette, l’abbé de Choisy. Madame Palatine a laissé près de 60 000 lettres, dont 1000 seulement subsistent, et Françoise Hamel s’y est longuement plongée pour s’inspirer du ton et de la personnalité de son héroïne, à la fois intellectuelle et cocasse. « Je n’écris pas des romans historiques, même si j’ai beaucoup de respect pour ce genre, précise-t-elle. J’aime dire que j’écris des « romans d’histoire », toute la nuance est là ! Mon maître absolu, celui auquel je n’arrive pas à la cheville, c’est Stefan Zweig avec ses extraordinaires biographies. Il possède son ton, son style, mais il reste très rigoureux par rapport à la vérité historique. » « Fille de France » possède une grande qualité littéraire, car Françoise Hamel a su s’imprégner de la langue de Molière, des tournures de l’époque, de tout un vocabulaire chatoyant, à la fois vieillot et détonnant, qui captive et parfois surprend le lecteur. Il ne s’agit pas ici d’une biographie traditionnelle, mais d’un roman intimiste qui dévoile les secrets d’une princesse méconnue qui n’a cessé tout au long de sa vie d’entretenir un regard lucide, impertinent, imprégné de drôlerie envers son entourage, mais surtout envers elle-même. Comme son illustre maître, Françoise Hamel n’a pris aucune liberté avec les dates, les lieux, les faits. Un demi-siècle à la Cour défile dans ces pages hautes en couleur, avec à la clef, le portrait émouvant et drôle d’une fille de France pas comme les autres, injustement boudée des historiens. |
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