Posté le: Mar Déc 06, 2016 12:28 pm Sujet du message: Classement PISA 2016 - OCDE
PISA (Programme international pour le suivi et les acquis des élèves) est l'étude triennale phare de l'OCDE en matière éducative. Elle ne vise pas tant à mesurer les savoirs que leur utilisation pour résoudre des problèmes.
Elle s'adresse aux élèves de 72 pays et est aujourd'hui considérée comme l'étude la plus fiable de nos systèmes éducatifs.
Cette étude de 2016 (pour laquelle les élèves ont été testés en 2015) est centrée sur les sciences.
Je vous laisse voir les résultats et je vous ferai une synthèse quand j'aurai un moment dans la journée (ou soirée).
Vous me direz, "mais on en parle déjà dans tous les journaux et à la télé..." C'est vrai mais ici au moins, on va pouvoir échanger et pas seulement être spectateurs des commentaires d'autrui.
ps: si vous avez des problèmes de lecture des tableaux (je travaille sur très grand écran), dites-le, je mettrai des miniatures avec lien direct à la place.
Spoiler:
Dernière édition par Merwyn le Mar Déc 06, 2016 3:57 pm; édité 3 fois
Posté le: Mar Déc 06, 2016 1:02 pm Sujet du message:
Juste un petit commentaire au sujet de l'importance du Portugal.
On parle souvent de tropisme latin, à savoir que les pays latins au sens d'européens avec soleil et plages seraient moins studieux et moins travailleurs.
Il est vrai que la France du sud affiche un taux d’absentéisme dans le privé plus élevé que celle du Nord (jusqu'à 2X, source Alma ConsultingGroup) et que, dans le secteur public, les heures travaillées sont moins importantes.
Il y avait alors qu'un pas à franchir pour expliquer les mauvais scores de la Grèce, de l'Italie et de l'Espagne... mais heureusement il y a le Portugal qui vient tempérer un peu tout cela.
Dernière édition par Merwyn le Mar Déc 06, 2016 3:59 pm; édité 2 fois
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3315 Localisation: Great North
Posté le: Mar Déc 06, 2016 1:03 pm Sujet du message:
Ca ne vaut que si l'on souscrit à leurs critères d'évaluation. Un critère intéressant, le taux de suicide des jeunes, qui est nettement plus élevé au Japon ou en Finlande... ben ça ne fait pas partie des critères évalués par PISA... _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Posté le: Mar Déc 06, 2016 1:14 pm Sujet du message:
Exact Hoël, je me demande même si la triste palme ne revient pas à la Corée du Sud où les élèves du secondaire ont plus de 50h de présentiel par semaine (avec les études du soir) et près de 70h de cours pour ceux qui ont, en plus, des cours particuliers.
Toutefois, pour la Corée du Sud, il y a aussi le dogme de la beauté physique des jeunes filles qui est érigé à un tel degré qu'il a un lourd poids de responsabilité.
Ce que je trouve intéressant dans PISA se situe pas tant dans le classement que dans les études des inégalités, j'y reviendrai plus tard.
Soit, j'y viens :
1. La France reste dans la moyenne de l'OCDE, pas vraiment de progression ni de régression. De même, elle est 14e dans l'UE (en comptant le R-U), donc encore une fois dans la moyenne.
Par contre, la France, 6e ou 9e puissance économique mondiale (selon le critère retenu) est dépassée par 17 pays au rang économique inférieur au sien.
2. La France est le 4e pays où les différences socio-économiques jouent le plus grand rôle dans les résultats, avec 20% de variation.
La France est 1re (dans le mauvais sens du terme) en ce qui concerne la différence de résultats entre deux catégories socio-professionnelle qui se suivent.
3. Environ 1/4 des petits français venant d'une catégorie socio-professionnelle dite "défavorisée" (terme qui m'énervera toujours car on peut être bien mieux dans son métier en étant ouvrier que haut cadre ... et plus compétent aussi ... et l'important n'est pas d'avoir un haut salaire mais de se plaire dans son métier) réussissent mieux que la moyenne des catégories supérieures.
Pour caricaturer, 26.6% des enfants d'ouvriers ou d'agriculteurs finiront médecin, ingénieur ou professeur d'université. Pour ma part, j'en connais un qui a terminé médecin et une seconde professeure d'université... donc soit je caricature mais tout de même ...
A comparer aux près de 50% voire 75% de certains pays asiatiques, 38.7% pour la Canada, 38.1% pour le Portugal, 33.5% pour l'Allemagne.
En un mot, dans ce domaine, nous ne sommes pas bons, en deçà de la moyenne de l'OCDE, le déterminisme social en France joue fortement.
4. En France, les élèves issus de l'immigration ont des résultats en deçà des "autochtones" et plus faibles encore que la moyenne de l'OCDE. Dans certains pays comme le Canada, à l'inverse, les élèves issus de l'immigration ont de meilleurs résultats que les autochtones. Toutefois, en Belgique et en Allemagne la situation est encore plus préoccupante qu'en France.
5. Au niveau général, plus les élèves ont d'heures de sciences, plus les résultats sont élevés (là, c'est un peu logique, ...). Toutefois, les systèmes éducatifs où l'apprentissage est surtout réalisé en dehors des heures de classe, obtiennent de moins bons résultats (à mon sens, ce dernier point est du à une motivation plus faible des élèves et à un encadrement pas toujours au niveau de celui des professeurs).
6. Les résultats sont meilleurs dans les établissements qui prennent une certaine autonomie par rapport aux programmes officiels (en France, cela concerne une partie des établissements privés, même sous contrats, et les illustres établissements publics élitistes tel Henri IV).
Au final :
Les petits français sont dans la moyenne de l'OCDE en ce qui concerne l'utilisation de leurs connaissances en science pour résoudre des problèmes concrets mais les différences socio-économiques restent trop déterminantes et les professeurs ne sont pas assez autonomes vis à vis des programmes officiels et des méthodes d'enseignement pour véritablement adapter leurs pratiques à leurs élèves.
Enfin, toujours selon l'OCDE, les petits français sont parmi les plus anxieux à l'école (dans le top 5).
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Mer Déc 07, 2016 12:11 pm Sujet du message:
Déplacé en Thématique + rajout d'un spoiler pour l'image
Ce sont des notes sur combien ? _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Posté le: Mer Déc 07, 2016 2:34 pm Sujet du message:
Plus le score est élevé, plus le jeune est capable d'appliquer des résolutions de problèmes attendues pour son âge.
Si je reprends PISA 2012, la moyenne était à 500 points.
Toutefois, comme pour les tests de langues, on parle de niveaux. Ici 5.
Donc pour en revenir à PISA, voyons ce que cela donne (par exemple, niveau PISA 2006) :
- Niveau 1 : 335 à 407
- Niveau 2 : 408 à 480
- Niveau 3 : 481 à 552
- Niveau 4 : 553 à 625
- Niveau 5 : plus de 625
Le niveau 5 correspond à ce qu'un jeune de 15 ans se devrait de maîtriser. Cela ne veut pas dire qu'il a tout juste mais que l'ensemble de ses réponses démontrent qu'il a la méthode, les connaissances et la compréhension attendues.
Donc aucun pays n'arrive au niveau de compréhension attendu, ce qui est tout à fait normal vu le grand nombre d'élèves qui participent au test, soit 540 000 (certains obtiennent plus de 625 mais d'autres moins de 350).
Maintenant, si on prenait que les élèves d'Henri IV par exemple, on aurait peut-être un score de 700 mais cela ne serait pas représentatif du pays.
En fait, les deux principaux conseils de l'OCDE pour améliorer le niveau en France sont à la fois une plus grande constance dans les programmes et méthodes officielles mais également une plus grande autonomie des établissements et des professeurs vis à vis de ces derniers.
Pour le dire plus simplement, une ligne claire qui ne change pas suivant les aléas politiques et, à partir de cette ligne, la posibilité d'adapter programmes et méthodes selon les élèves.
Posté le: Ven Déc 09, 2016 10:17 pm Sujet du message:
Critères de comparaison : plus un système éducatif est en avance sur ses voisins, moins il est représenté dans la plate-forme commune des critères utilisés. Procéder de manière plus équitable aurait demandé des procédures de comparaison différentes, plus complexes, et donc plus coûteuses. Résultat : la qualité des systèmes éducatifs les plus avancés n'est pas prise en compte. PISA revient à comparer des athlètes de niveau olympique en ne prenant en compte que la façon dont ils s'assoient.
Outre la question du coût, cette façon de fausser les résultats tombe à point nommé pour certains gouvernements qui mènent des batailles budgétaires sur le sujet. Le cas le plus flagrant est celui de l'enseignement public secondaire aux États-Unis, tombé au niveau d'un pays du tiers monde. Le choix de comparer sur la base d'une plate-forme pauvre permet aux États-Unis de décrocher un classement comparable à celui de la France. À défaut de résoudre leur problème, PISA permet de le cacher. _________________ Tennis de Table Bordeaux
Posté le: Mar Déc 20, 2016 9:00 am Sujet du message:
Et le temps de sommeil dans tout cela ?
En effet, PISA ne l'intègre pas, or un ado (13 à 18 ans) a besoin de 8 à 10h de sommeil par nuit.
Par ailleurs, une récente étude de l'American Academy of Sleep Medicine, insiste sur le fait que les cours commençant trop tôt le matin sont néfastes sur la santé et pourraient être contre-productifs.
Il est vrai qu'en tant qu'enseignant, on préfère généralement donner cours le matin, les élèves étant plus calmes mais, de 8h à 9h, ils sont aussi assez endormis, et je serais favorable à ce que les cours ne commencent donc pas avant 9h.
En fait, pourquoi les cours commencent si tôt ?
En primaire, c'est pour permettre aux parents de déposer les enfants à l'école avant de partir au travail et afin que la garderie du matin ne dure pas trop longtemps.
Au secondaire par contre, les élèves allant massivement par leurs propres moyens à l'école, les cours commençant avant 9h se justifient moins.
Vous allez me dire, mais tu-sais Merwyn, si nos ados sont fatigués le matin, ce n'est pas parce qu'ils se lèvent à 6h pour aller en cours mais parce qu'ils se couchent à 1h du matin. Il y a du vrai mais là on rentre dans le domaine éducatif des parents, fixer des heures limites pour Internet, portable...
Petite anecdote : j'avais un élève en terminal S qui culminait à 8 de moyenne générale (sauvé par l'EPS) à la fin du 1er trimestre. Je savais déjà quel était son problème, chat (pas le tigre d'appartement, hein) et jeux en réseau. J'ai alors rencontré ses parents et on a convenu qu'ils débranchaient leur modem (oui, les box n'existaient pas encore) dès 21h. Le jeune a fini son année avec 11 de moyenne et a eu son bac sans passer par la case rattrapage.
En ce qui concerne la vie professionnelle d'adulte, on n'a parfois pas le choix, il y a des horaires de nuit, des débuts d'activité très tôt qui sont indispensables (quoique là aussi il y a de gros progrès à réaliser sur le télétravail qui reste embryonnaire, évitant au salarié de perdre son temps dans les trajets - et de polluer - et au patron de payer des frais de fonctionnement et d'investissement de bureau), mais pour nos ados, par contre, il y a une réflexion à développer.
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