Posté le: Mer Sep 01, 2004 2:41 pm Sujet du message: Le sacre de l'enfant mort - Jean Luc Seigle
Fascinant !J'ai eu du mal à entrer dans le roman : trop austère, trop figé. Je trouvais le personnage central, le peintre David, résolument lugubre. Parce que le style était du genre "aérien", j'ai tourné les pages pour finalement être surprise d'intérêt et d'engouement pour ce texte ! On ne s'attache pas seulement, en fin de compte, aux tergiversations du peintre. Exilé à Bruxelles après des déboires dans ses implications politiques, David laisse derrière lui un tableau d'une grande ampleur : "Le sacre de Napoléon". Mais dans son exil les remords l'assaillent, sous forme de pleurs d'enfant qui fredonnent incessamment dans sa tête. Que signifient-ils ? Et pourquoi ses pensées reviennent-elles sans cesse au Sacre ? Quelle était réellement la portée du tableau et de ses protagonistes ?.. C'est ce qu'au fil des pages on découvre, on apprend patiemment. A cela s'accompagne une autre figure : Marguerite, l'épouse de David. Marguerite est laide, elle a vécu dans l'ombre du peintre, a déroulé un tapis rouge pour parfaire son travail, jouait le rôle de la cuisinière, de la repriseuse, ordonnant une maison impeccable, aux armoires rangées, et sacrifiant aussi son rôle de mère, aux bons soins d'une gouvernante. Bref, Marguerite a fait le sacrifice d'elle-même pour cet homme qu'aujourd'hui elle tend à ne plus supporter, à être dégoûtée. A lui en vouloir au point de chercher vengeance ! Un dialogue de sourds semble s'installer entre les deux époux, et l'auteur le fait partager au lecteur. Du coup, peut-on adresser plus de reproches à l'un qu'à l'autre ? Pas évident. On oscille facilement entre la compassion, la révolte, la solidarité ou la fascination. Je crois que l'image dorée des deux époux, qu'ils ont soigneusement tenté d'élaborer pour faire bonne figure, tend à se craqueller au fil des pages. La fin est fatalement tragique, dans la logique des choses. Mais le roman, finalement, n'est pas juge : nulle condamnation ou sentence ne se profile. L'auteur préfère lever le voile sur les mystères d'une création avec les tourments, les tempêtes et les flots que cela soulève. Pas d'autre mot : c'est fascinant !Plon, 181 pages.Clarabelle Yansored : pas moyen de retrouver ton post !!!
Et pour se rappeler le "fameux tableau" :Dommage qu'on ne puisse pas zoomer sur l'image pour les détails ! C.
Posté le: Mer Sep 01, 2004 4:52 pm Sujet du message:
pas grave le voila clara dear ! Imaginez une femme si ingrate que sa laideur aurait inspiré un peintre de génie. C’est sur cette controverse audacieuse que Jean-Luc Seigle a bâti son deuxième roman. Nous sommes à Bruxelles, en 1815. Vue plongeante dans l’intimité d’un couple bancal, les David. Lui, le peintre exilé, déchu de sa gloire. Elle, l’épouse dans l’ombre du grand homme : Marguerite, patiente, dévouée. Petit à petit, David devient obsédé par son chef d’oeuvre laissé à Paris, « Le Sacre de Napoléon », qu’il veut repeindre de mémoire. Cet exercice insensé mettra à nu l’impitoyable vérité de son union avec Marguerite.
Un roman étonnant, lucide, sur les abîmes de la création artistique et les énigmes d’un mariage. contente que tu aies aimé ce livre !
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