La colline inspirée - Maurice Barrès

[Le lecteur insatiable]

Pour ce premier message, je voudrais parler d'un auteur tombé dans l'oubli, ou plutôt dans les poubelles de l'histoire. Maurice Barrès a été homme politique et écrivain. A cheval sur la deuxième moitié du XIXème siècle et la première du XXème, il a écrit des romans tels que la Colline Inspirée en 1913, l'Ennemi des lois en 1892 ou "L'âme française et la guerre", entre 1915 et 1920 (ouvrage constitué de 11 volumes)

La Colline Inspirée est peut-être un de ses ouvrages les plus connus et relate l'histoire de trois frères qui veulent faire revivre le lieu mystique d'une colline en Lorraine sur laquelle serait apparue la Vierge. Jusque là, c'est un livre qui paraît ennuyeux... Mais l'effort littéraire de l'auteur ainsi que les considérations philosophiques qu'il développe poussent le lecteur à vouloir connaître la fin de l'histoire.

Pour preuve, voici un extrait des premières pages :

Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. L’étroite prairie de Lourdes, entre un rocher et son gave rapide ; la plage mélancolique d’où les Saintes-Maries nous orientent vers la Sainte-Baume ; l’abrupt rocher de la Sainte-Victoire tout baigné d’horreur dantesque, quand on l’aborde par le vallon aux terres sanglantes ; l’héroïque Vézelay, en Bourgogne ; le Puy-de-Dôme ; les grottes des Eyzies, où l’on révère les premières traces de l’humanité ; la lande de Carnac, qui parmi les bruyères et les ajoncs dresse ses pierres inexpliquées ; la forêt de Brocéliande, pleine de rumeur et de feux follets, où Merlin par les jours d’orage gémit encore dans sa fontaine ; Alise-Sainte-Reine et le mont Auxois, promontoire sous une pluie presque constante, autel où les Gaulois moururent aux pieds de leurs dieux ; le mont Saint-Michel, qui surgit comme un miracle des sables mouvants ; la noire forêt des Ardennes, tout inquiétude et mystère, d’où le génie tira, du milieu des bêtes et des fées, ses fictions les plus aériennes ; Domremy enfin, qui porte encore sur sa colline son Bois Chenu, ses trois fontaines, sa chapelle de Bermont, et près de l’église la maison de Jeanne.

Ce livre est disponible dans le deuxième volume des oeuvres de Maurice Barrès (éditions Robert Laffont). J'espère vous avoir donné envie de le lire par ce premier post. :-)
_________________
www.germainbonnel.wordpress.com

[Tybalt]

[Le lecteur insatiable]

Je m'attendais à une réponse de cet ordre. :-)

J'ai volontairement séparé le roman de la vie de l'auteur - c'est une autre question qui se pose - et il est vrai qu'il y a des passages d'antisémitisme le plus détestable dans d'autres oeuvres de Barrès. Malgré tout, je n'en ai pas trouvé dans la Colline inspirée et c'est pour cette raison que j'ai parlé de ce roman comme d'un texte à part.

Par "poubelle de l'histoire", j'entendais plutôt "lieu où on met les perdants de l'histoire" (parce qu'anti-dreyfusards, comme tu le dis)

Par contre si ça peut te rassurer, je ne cautionne pas du tout les opinions politiques de ce monsieur (pas plus que des autres auteurs de cette période, tels que Maurras ou Léon Daudet, ou un peu plus tard Rebatet)

:-)
_________________
www.germainbonnel.wordpress.com

[Tybalt]

Pas de souci, je pense qu'on doit tous connaître un livre qu'on apprécie et dont l'auteur a dit/écrit des choses détestables en son temps (en moins pire, je pense à Jules Verne, hélas... ça ne m'empêche pas de le lire, mais je tique toujours devant ses passages racistes et ses stéréotypes nationaux).

[Crazy]